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Critique de kedrik


kedrik
08 septembre 2011
Il parait que les drogués se piquent pour retrouver les mêmes sensations incroyables qu'ils ont eu lors de leur premier fix. Une espèce de quête impossible pour revivre l'extase primaire.

Je pense que les gens lisent des histoires de vampires pour retrouver la peur initiale qu'ils ont connue en lisant leur premier Anne Rice/Bram Stocker/Richard Matheson. Mais comme pour la drogue en seringue, c'est une course en avant vouée à l'échec. Rien ne permet d'atteindre le même plaisir des premiers frissons carmins de l'adolescence, où la mutation de l'humain en vampire est une allégorie pourtant grossière du passage de l'adolescence vers l'âge adulte.

La série à base de vampires de Laurell K. Hamilton (dont Guilty pleasures est l'ouvrage séminal) m'a toujours été vendue comme le mix parfait entre érotisme troublé, action et autres camarilleries. Il faut dire que l'héroïne, Anita Blake, est faite pour plaire au geek : 24 ans, célibataire, elle tatanne comme dans un film de Hong Kong et balance des répliques acides aussi facilement que les bastos. Elle est animator, c'est à dire qu'elle possède la capacité de réanimer les morts. Mais sa marotte, c'est de tuer des vampires, comme Buffy. D'ailleurs, les suceurs de sang la craignent autant que la blondasse de Sunnydale.

Alors bon, le monde d'Anita Blake ressemble à un Monde des Ténèbres recyclé, au même titre que les Harry Dresden dont je vous ai déjà parlés dans ce blog. Des vampires méchants, des rat-garous, des zombis, des goules... C'est l'auberge espagnole du gothisme moderne. le seul truc un peu différent de d'habitude : les vampires ne se cachent pas et sont même reconnus par la loi. du coup, ils ont des églises dédiées, des boites de nuit bien chaudes et tout ce qui fait le charme du monde de la nuit.

Seulement, en guise d'érotisme troublant, les aventures d'Anita Blake sont de désolantes banalités indignes d'un film érotique italien à petit budget. Quelques caresses pas explicites, une ou deux scènes de baisers (avec la langue ! Que c'est choquant) plus chastes qu'une soirée pyjama chez des aumonières de 12 ans, une scène de strip-tease aussi chaude que l'hiver québécois... Que de déception. Je ne voulais pas lire un livre porno, mais je voulais autre chose qu'un roman pour adolescent qui joue à touche-pipi. La tentation physique du vampire, la peur de la transgression, le pouvoir corrupteur du vice... tout cela est traité sans talent. le seul plaisir coupable que j'ai ressenti, c'est celui de lire un mauvais livre.

Quand à l'action : bof. La prise d'assaut du QG du Prince local (une petite fille poupée comme dans Anne Rice) est expédiée en quelques pages. Car ce Prince n'a pratiquement pas de serviteurs pour la défendre, non, elle se contente d'une seule goule pluri-centenaires qui est sensée être puissante mais meurt facilement face à Anita. Ah oui, j'oubliais : il y a un vampire français, qui se nomme Jean-Claude. C'est vrai que c'est sexy, comme nom, Jean-Claude. Moi, je fantasme sur des prénoms comme Huguette et Raymond. Je vous passe le scénario.

Bref, Anita Blake, c'est beaucoup de bruit pour rien. Disons que c'est de la littérature pour geek : vite écrit, vite lu et très vite oublié. La série compte 15 volumes, c'est dire si la quantité prime sur la qualité. Pour filer la métaphore sur la drogue, disons que Laurell K. Hamilton coupe une excellente cam appelée Vampire avec une saloperie de mort aux rats, de talc et de carbonate pour donner une poudre sans goût qui contente certains lecteurs un peu trop drogués au vampirisme de gare. Mais moi, j'arrête quand je veux, alors je vais très vite me sevrer... ou du moins changer de dealer.
Lien : http://hu-mu.blogspot.com/20..
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