Lecture
Gregor, la soixantaine, est musicien. A l'occasion d'un week-end à la campagne, il retrouve ses amis, sa (plus ou moins ex-)femme et son fils. Après avoir parcouru le monde, c'est l'occasion pour lui de se présenter à nouveau devant les siens, de s'expliquer sur ses fuites et surtout de faire le point sur ses origines. Enfant d'une famille allemande de la guerre, il serait en fait un orphelin juif adopté. Gregor a-t-il construit son identité sur un drame ou sur un fantasme ?
Avis
Ce livre ne m'a pas vraiment emballé. Gregor en est le personnage principal, l'ensemble de l'ouvrage est une relecture de son passé et de la façon dont il s'est approprié cette histoire d'orphelin juif de trois ans sauvé à la toute fin de la guerre. Son émancipation d'une famille routinière, anxiogène, blessée et autocentrée se fait sur cette croyance. Une mère inquiète et suffocante, un père détruit par la guerre, aux idées proches du nazisme, ne parlant que de rancoeur, de souffrance et de survie, ne lui laissent d'autre choix que la fuite pour respirer.
L'auteur raconte bien l'ambiance de fin d'un monde de la reconquête de l'Allemagne, la jeunesse du héros, la construction du mur, puis sa chute, les voyages du musicien. Mais tout cela reste relativement anecdotique, cette vie semble exposée plus que vécue. Même si l'on sent que le propos voulu est de montrer qu'un homme est ce qu'il fait de sa vie, qu'il se définit par ses actes et par ses relations aux autres et non pas uniquement par son histoire et ses origines, il y manque conviction et passion. Tout baigne dans une espèce de torpeur fataliste et anesthésiée qui n'est pas très attirante.
Seuls quelques moments d'intimité heureuse, d'amitié lumineuse lors de la partie de campagne, viennent mettre un peu de joie de vivre et de sensibilité.
Ce récit pour intéressant qu'il soit, m'a laissé extérieur si ce n'est indifférent aux personnages. Mara, l'épouse de Gregor, apporte humanité et ferveur mais elle reste un personnage trop secondaire.
Le style d'écriture est riche, rendant agréablement les différents épisodes relatés. Mais il emprunte parfois des détours dans des phrases difficilement compréhensibles qui bloquent la lecture. Une mention spéciale pour la justesse de la retranscription de l'ambiance étouffante et mortifère de la famille de Gregor. La peinture d'une certaine société allemande à la fin de guerre et à l'époque de l'érection du mur est également intéressante.
J'ai suivi sans déplaisir mais sans entrain ce bilan. le chemin initiatique, la longue route de la vie de Gregor s'avèrent en fait assez mornes, alors que tout aurait été là pour en faire un périple intéressant. La recherche de Gregor pour se définir «
comme personne », personne à part entière ou «
comme personne » puisqu'il ne serait pas celui qu'il croit, qu'il ne serait personne, sous-tend l'ensemble du livre. Mais il en est plus l'objet que l'acteur.
Conclusion :
Une histoire pleine d'aspérités prometteuses que l'on ne retrouve malheureusement ni dans les sentiments ni dans des personnages falots.
Ma note : 12/20.
Lien :
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