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Critique de bdelhausse


De mon adolescence, suite au Liaisons dangereuses, j'ai gardé une certaine aversion, voire une aversion certaine, pour les romans épistolaires. En fait, je pense que tout lire au passé, ce qui est en général le cas dans les romans épistolaires, ne m'intéresse pas trop. Puis, il y a le jeu des ellipses... qui demandent parfois pas mal d'énergie au lecteur. Surtout quand il y a des correspondances croisées. Enfin, et c'est certainement la partie la plus intéressante, en ce qui me concerne, il y a tout un univers de projections, de choses phantasmées, rêvées, comme on en écrit dans des lettres, mais pour lesquelles la réalité est différente.

Il y a un peu tout cela dans ce roman. le pitch est visiblement très connu, mais pour ma part, je n'en ai appris l'existence que dans le cadre du Challenge Multi-Défis 2022. 20 ans de correspondance entre une écrivaine bibliophile américaine et l'employé anglais d'un bouquiniste. L'astuce consiste pour l'autrice à se mettre en scène, comme si elle avait entretenu cette correspondance. Cela donne un côté vivant à l'ensemble.

Les échanges formels cèdent la place à des traits d'esprit plus décontractés où commencent à poindre une amitié qui ne sera jamais consommée. Un peu comme quand le fan d'une chanteuse apprend qu'elle va venir en récital à deux pas de chez lui, mais n'ose pas aller la voir, afin de garder intacte l'image qu'il a de la star. Helene Hanff carressera le souhait de venir à Londres, voir et rencontrer toute cette équipe de bouquinistes, sorte de "famille" soudée autour de l'amour du livre.

Car c'est aussi ce qui ressort du roman. Cet amour du livre, du mot juste. Il y a de bonnes vibrations véhiculées par ce roman épistolaire. Quelques épisodes "post-guerre" sont également fort appréciables, sur le rationnement, les pénuries, la reconstruction, la géopolitique (le mari d'une employée par dans le Golfe, Irak...). Tout cela apporte des touches intéressantes qui auraient pu, auraient dû, être creusées davantage, à mon avis. Les ellipses sont assez peu travaillées et structurées. Lepropos est linéaire, pas d'intrigues croisées. On peut sans peine avouer que le lecteur n'a pas d'effort à fournir pour combler les non-dits des ellipses.

Par ailleurs, les clichés "américain vs. anglais" m'ont assez vite lassés. J'ai eu parfois l'impression d'évoluer dans un ectoplasme des Carnets du Major Thompson de Pierre Daninos, qui jouait avec un certain brio du second degré. Ici, le second degré est loin (à mon avis) d'être aussi net. Lecture plaisante, qui me réconcilie partiellement avec les romans épistolaires.
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