C'est peut-être ce jour-là précisément que j'ai compris aussi que dans la courte et banale histoire de ma vie étaient déjà inscrites beaucoup d'autres vies qui côtoyaient mes pensées et mes souvenirs, que je collectionnais et qui me faisaient grandir.
La mince couche de comportement civilisées tôt fait d'être percée, les énergies brutales se libérer entre avec une joie destructrice insoupçonnée, et un même un plaisir à l'autodestruction. On se battait avec des mots, on tirait avec des phrases, on blessant par des révélations.
Le chocolat n'était plus que le souvenir d'une autre époque, et sans le chocolat on oubliait la douceur, sans la douceur, l'enfance, sans l'enfance, le commencement, et sans le commencement on ne reconnaissait pas la fin.
Ils se prêtèrent mutuellement le bonheur. Ils se prêtèrent mutuellement le présent et s'offraient des souvenirs futurs.
Conforté par le formidable succès de sa formule magique, qui stimulait ses rêves d'expansion, mon arrière-arrière-grand-père prit la décision d'attendre d'être au sommet de la réussite et de la gloire pour sortir de son chapeau de prestidigitateur la perle de ses créations - son Chocolat chaud -, afin de précipiter des foules entières, à Tiflis, Moscou et Saint-Pétersbourg, dans un état proche de l'inconscience. En dépit, ou peut-être en raison de sa réussite, le fabricant de chocolat, qui espérait un successeur, s'était juré que cette recette resterait un secret de famille dans un premier temps. De l'avis de Stasia, cette décision avait sauvé notre famille, si ce n'est le pays tout entier, d'une ruine définitive
Mais alors qu'il était sur le point d'obtenir son diplôme et d'aller s'occuper d'ennuyeux permis de construire, qu'il revait de rêves dont il pouvait être sur qu'il deviendrait réalité, maintenant qu'il voulait faire la fête et célébrer la légèreté, j'étais devenue trop pesante, trop hargneuse, trop noire et trop amère pour lui
Et oui ! Les mariages durent bien plus longtemps que l'amour
- Mon père l'a toujours dit : plus les temps vont mal, mieux c'est pour la confiserie.
Les parents ne comprenaient plus leurs enfants. Ils ne comprenaient pas que ces jeunes qui n'avaient jamais manqué de rien s'engagent tout à coup pour les syndicats et les ouvriers. Qu'ils ne prennent pas au sérieux leur identité nationale et traînent leurs valeurs dans la boue, qu'ils descendent dans la rue pour défendre le droit des femmes et lutter contre l'armée. Ils ne croyaient quand même pas sérieusement qu'ils allaient ramener la paix dans le monde avec quelques fleurs tressées dans leurs cheveux, leurs joints et leurs ridicules foulards en batik !
Elene et son père étaient installés devant leur téléviseur Record, dans la partie orientale du monde, tandis qu'Amy et Kitty étaient assises devant leur téléviseur Rafena dans la partie occidentale, et tous étaient captivés par l'image d'un homme aimable dans son imposante combinaison de cosmonaute, qui montait dans une fusée à Tiouratam et agitait la main en criant : "C'est parti ! Au revoir, à bientôt les amis !". Le vaisseau spatial s'appelait Vostok 1 et l'homme aimable et tranquille, Gagarine. Lorsque peu après neuf heures ce matin d'avril, les propulseurs furent lancés, les Américains soupirèrent et les Russes jubilèrent. Au début de cette toute première révolution autour de la Terre, tous retinrent néanmoins leur souffle en entendant Gagarine s'écrier :"Je vois la Terre ! Quelle beauté !".