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Citations sur Enon (15)

Un son retentit, inaudible à aucune oreille humaine, provenant d’un endroit invisible à aucun œil humain, du plus profond de la terre mais aussi du plus profond du ciel et de l’eau et de l’intérieur des arbres et de l’intérieur des pierres. Ce son est une voix, issu des profondeurs de la gorge du monde. Ce son est une note, d’une tessiture si basse qu’elle ne peut être entendue, mais elle trouble bon nombre des habitants du village dans leur sommeil. C’est une note tirée d’une chanson dont la forme est trop vaste pour être jamais connaissable. Elle englobe et exprime tout ce qui est humain mais elle-même n’est pas loyale à l’humain, seulement à ce qui est latent en l’humain.
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C’était une nuit sans lune et le ciel était encombré de nuages si épais que l’obscurité qu’ils produisaient les rendaient eux-mêmes invisibles. Ils étaient si bas que je devais avancer voûté pour ne pas m’y fendre le crâne. Mon esprit brasillait de mensonges exaltés. Je ne peux accepter ce don qui m’est fait d’être moi-même, me disais-je, moi-même en tant que don, le don d’être ma propre personnes, le don d’avoir cet esprit qui ne s’arrête jamais de brûler, qui se trahit et se consume et s’immole et croit à ses propres mensonges et s’étrangle sur la vérité brute.
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Le silence emplissait la maison vide comme une masse compacte et solide. Il pesait. Les animateurs radio me faisaient l’effet d’une nuisance sonore, insipide et dérisoire. La musique des radios classiques ressemblait à de la musique d’ambiance dans un cabinet de dentiste. Les chansons rock étaient pénibles de vulgarité et de fausseté. J’ai essayé de lire le journal, mais les mauvaises nouvelles me déprimaient encore plus, et les bonnes me semblaient inventées de toutes pièces. J’avais envie d’appeler chez les parents de Sue pour lui demander si elle était bien arrivée et si elle était contente d’être là-bas, mais je savais que c’était une mauvaise idée. Sue avait appelé, la veille. Je me rappelais l’avoir entendue laisser un message sur le répondeur, et j’avais cru comprendre au ton de sa voix qu’elle était arrivée sans encombres. J’avais déjà mauvaise conscience de ne pas avoir décroché, de ne pas l’avoir déjà rappelée, comme si j’avais gâché le dernier petit espoir qui me restait. Je n’avais pas le courage d’écouter le message, alors j’ai débranché le téléphone. J’ai regardé mon portable et j’ai vu qu’elle m’avait laissé un autre message. J’ai ouvert le boîtier et retiré la carte sim.
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Depuis tout petit, j’adorais les livres et je lisais tout le temps. J’aimais les histoires policières, les histoires d’épouvante, les livres d’histoire, les livres d’art, de science, de musique, tout. Et plus l’ouvrage était volumineux, plus il me plaisait ; je recherchais délibérément les romans les plus épais, pour le plaisir de m’attarder le plus longtemps possible dans d’autres univers et dans la vie d’autres personnages. J’empruntais six livres par semaine – la limite autorisée – à la bibliothèque, et je dévorais les polars, les récits de guerre, les sagas du programme spatial Apollo et les romans russes auxquels je ne comprenais à peu près rien et tout m’exaltait, tout. Ce que j’aimais par-dessus tout, c’était la façon qu’avaient ces histoires de s’entremêler dans mon esprit et d’y faire germer ainsi des idées, des images, des pensées que je n’aurais jamais crues possibles.
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Kate est morte un samedi après-midi. Nous étions le 1er septembre ; trois jours plus tard, elle serait entrée au lycée. J’ai passé la journée à me promener dans le sanctuaire, sans itinéraire préconçu. Une vague de canicule s’était abattue sur Enon depuis une semaine, et la veille, j’avais veillé tard pour regarder un match de base-ball de la côte ouest ; j’avançais donc à pas lents et prenais soin de rester à l’ombre. Je songeais à Kate, aux innombrables expéditions qu’elle avait faites à la plage au cours de l’été pour parfaire son bronzage, soudain préoccupée par son apparence physique comme elle ne l’avait jamais été jusqu’alors. Les laiterons du sanctuaire avaient commencé à jaunir, et les solidages à prendre une teinte métallique. L’herbe verte, sur les bas-côtés, s’assécherait bientôt pour se transformer en paille. Des nuages pourpres et argentés, lourds de pluie, roulaient très bas dans le ciel, s’empilant pour former de vertigineux massifs. Une brise légère bousculait l’atmosphère, tourbillonnant au ras de la prairie, soulevant les libellules cachées dans les herbes hautes. Des bourdons s’activaient dans les fleurs sauvages à moitié fanées. J’espérais que la pluie vienne crever la bulle de chaleur.
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