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Critique de latina


latina
09 septembre 2012
Il fait beau, je suis sur ma terrasse, à l'ombre d'un parasol, et je savoure la douceur de vivre…
Je la savoure d'autant plus que je viens d'achever le roman bouleversant de Jacqueline Harpman : ‘Moi qui n'ai pas connu les hommes'. L'héroïne, elle, ne sait pas la joie des saisons, la grâce du vol d'un papillon, les rapports simples de la communauté humaine.
L'héroïne ne se souvient pas de son passé. Ses seuls souvenirs sont une cave, une cage, des gardes, et des femmes. Des femmes par ailleurs désespérées, nostalgiques d'un temps d'avant, d'avant…quoi ? D'avant l'Apocalypse ? L'héroïne n'a pas de nom, on l'appelle « La petite ».
Mais contrairement à toutes ces femmes, elle veut vivre. Elle questionne, elle regarde ; une seule femme, Théa, consent à l'aider, à lui donner quelques instants bien à elle pour l'instruire. C'est l'époque de son adolescence, sa volonté de faire face, de s'opposer se déploie….
Et puis soudain, survient « quelque chose » : une sirène d'alarme retentit, les gardes, affolés, quittent la cave, laissant la grille ouverte. Les femmes en profitent pour sortir…et là, elles ne trouvent que la solitude. Où sont-elles ? Devant elles, une étendue d'herbe pauvre, un soleil, de la pluie, et c'est tout. Leur errance va commencer. Errance qui va durer des années…
Je n'en dis pas plus pour ne pas divulguer le mystère de cette histoire, mystère qui d'ailleurs, ne sera jamais levé. Mais jamais, jamais, je n'oublierai le lent désespoir, la lente désagrégration de ces femmes qui avaient un mari, des enfants, peut-être, et qui se retrouvent inutiles, sans but. Je me suis complètement, totalement immergée dans leur esprit et dans leur coeur, mieux encore que dans celui de « La Petite », puisqu'elle, elle a toujours connu ce monde étrange.
Comment vivre en communauté, rien qu'avec des femmes ; comment vivre avec la douleur déchirante d'un passé heureux et aboli…Comment mourir, aussi, tenaillé par la désespérance ?
Une chape de plomb m'est tombée sur les épaules, m'a ensevelie, et m'a arraché des larmes d'horreur, oui, je l'avoue. C'est « La petite » qui m'a relevée, grâce à sa force de vie, à sa curiosité insatiable, à sa volonté inébranlable.
Mais les circonstances vont-elles lui être favorables ?

Je pense que c'est un des romans qui va rester à tout jamais gravé dans mon esprit et dans mon âme. Il m'a fait prendre conscience que la vie est là, simple et tranquille, et que malgré ses vicissitudes, il faut l'en remercier, car nous sommes entourés d'une communauté, nous avons un but, quel qu'il soit, nous avons un destin à accomplir.

Après « Orlanda », Jacqueline Harpman m'a transpercée avec « Moi qui n'ai pas connu les hommes »



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