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Critique de Pecosa


Je cherchais Rollerball , j'ai trouvé Brubaker. Est-il intéressant de le lire quand le roman n'est pas une oeuvre originale mais la novelisation du film réalisé par Stuart Rosenberg en 1980 , dont le scénario est lui même tiré d'un livre, Accomplices to the Crime: The Arkansas Prison Scandal du pénaliste américain Thomas Murton sur la corruption du système pénal de l'Arkansas? Les mises en roman réservent parfois de bonnes surprises, comme ce fut le cas pour La Féline de Gary Brandner. Même Kotzwinkle s'est fendu en son temps de boulots alimentaires en signant les novelisations de E.T. et de Superman III …

Classique du roman carcéral, Brubaker narre les mésaventures d'un directeur de prison, Henry Brubaker/ Robert Redford qui arrive incognito en tant que détenu à la prison de Wakefield, et y découvre que le personnel pénitentiaire est corrompu, que les matons sont eux-mêmes des détenus, que viols et actes de torture se succèdent, que les prisonniers doivent payer pour être vêtus et nourris correctement. Car les détenus sont non seulement des vaches à lait mais aussi une manne pour l'économie locale, une main d'oeuvre taillable et corvéable à merci dont tout le monde profite, des entreprises locales au shérif qui leur fait effectuer des travaux sur sa propriété. Brubaker tente des réformes. Les politiques tremblent. Il quitte la prison en ayant semé quelques graines…Mais oublions Redford en chemise délavée…

Ce qui est intéressant dans le roman, finalement, ce sont la préface et la postface signées Thomas Murton, le pénaliste américain qui mit son nez dans le fonctionnement d'une prison agricole (grand établissement pénitentiaire où les condamnés sont forcés de travailler dans une ferme, sur une exploitation forestière…). A Wakefield, non seulement les prisonniers subissaient les pires sévices, mais ils subissaient un racket quotidien de la part du personnel pénitentiaire, composé de prisonniers privilégiés qui abusaient de leur pouvoir. La nourriture et les vêtements destinés aux détenus étaient détournés et vendus. Cette économie clandestine intérieure à la ferme prison était florissante, comme l'était celle de la région grâce à cette main d'oeuvre très bon marché. Plaintes, enquêtes et procès se succédèrent après la publication de l'ouvrage de Murton, on s'intéressa à des décès « de cause naturelle » survenus au fil des années. Finalement, la réalité dépassait la fiction.

L'exploitation carcérale a toujours été au coeur de l'économie américaine, plus encore depuis l'abolition de l'esclavage. Aujourd'hui les prisons privées sont gérées par des sociétés qui prospèrent, et qui se débarrassent des détenus malades ou physiquement diminués, trop coûteux ou difficiles à gérer, en les renvoyant dans les prisons d'État.  Finalement, soixante après le livre de Murton et plus de 20 ans après la sortie du film, rien n'a changé.
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