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Critique de tamara29


Je remercie Babelio et les Editions 10-18 pour la belle découverte du roman « le messager » de L. P . Hartley.
Eté 1900, dans la campagne anglaise du Norfolk. Léon Colston, jeune garçon de 12 ans, est invité à passer des vacances chez son ami de collège Marc Maudsley, dans le manoir de Brandham Hall.
Colston, vieil homme à présent, se remémore les vacances qu'il a passées dans un milieu aristocratique qu'il connaissait peu, étant issu d'un milieu plus modeste. Une période qu'il a préféré oublier. Pourtant, en retrouvant son journal intime de cette époque, on plonge avec lui dans ses souvenirs. Et c'est bientôt la voix de l'enfant qui nous narre l'histoire, entremêlée parfois des commentaires de celui qui est devenu adulte.
Le jeune garçon est à la fois anxieux et empli d'espérance à l'idée de ses vacances, un peu comme à l'image de cette nouvelle ère qui commence, signe d'espoir, de maturité et de mystère. Pourtant, on comprend rapidement que les évènements qui se sont déroulés cet été-là ont été graves et ont changé à jamais la vie de ce garçon, pour ne pas dire toute l'entité du jeune homme en devenir.
On découvre un jeune garçon manquant parfois d'assurance, déjà parce qu'il ne connait pas tous les codes de ce monde dans lequel il va passer quelques semaines mais aussi par ce qu'il est face à une majorité d'adultes. Cela ne l'empêche pas d'être fier et d'avoir un certain ego. Par ce qu'il est attiré par elle et souhaitant d'être accepté, d'apprécié et de plaire à ces adultes dans lequel il aimerait un jour faire partie, il va accepter de servir de messager à Marian, la grande soeur de son ami. Au fur et à mesure des missives, le lecteur comprend l'existence d'un triangle amoureux dont Léon finit par être spectateur un peu malgré lui, au point que cette mission en devient parfois lourde.
Au fil des jours, la toile se tisse, tout autant que la chaleur estivale monte -symbole de la tension et de la maturation des évènements avant l'orage inéluctable- : les protagonistes sont peu à peu pris au piège, tout comme le lecteur qui sait un destin funeste sans en connaître la teneur exacte.
Avec « le messager » publié en 1953, Hartley nous offre plus qu'un roman d'apprentissage. Il nous tisse le décor et l'atmosphère du début du 20ème siècle, met en scène les interactions entre des personnages de différentes classes sociales.
Le bandeau en 1ère de couverture cite le commentaire du romancier Ian McEwan : « ‘Le messager'' a changé ma vie ». Il aurait écrit « Expiation » en hommage au précédent. Et pour avoir lu récemment « Expiation », il est évident que McEwan s'est servi de la structure du roman d'Hartley pour imaginer son roman. On retrouve les mêmes thèmes : roman d'apprentissage, amour impossible entre deux êtres de milieux différents, roman psychologique et dramatique. Ce roman dramatique, avec ces petits imprévus, ces petits accrocs presque anodins et qui, du fait des caractères et milieux divers-, font boule de neige au point de changer la destinée de beaucoup des protagonistes… tel l'effet papillon.
Durant la dernière scène avant l'épilogue, j'étais complètement happée, tendue, anxieuse (ressentant les mêmes impressions que pour un film d'Hitchcock).
Et l'épilogue, quant à lui, m'a littéralement chamboulée. D'une part, par l'émotion qui prenait à la gorge mais aussi parce que cet épilogue livrait une nouvelle facette de cette histoire. Cet épilogue est magnifique. Il rappelle la complexité humaine et par là-même celle des interactions sociales. Et le lecteur (plus âgé que Léon) aurait bien tort de penser qu'il a plus rapidement et mieux interprété ce qui se déroulait sous ses yeux.
J'avoue que certains passages m'ont un peu moins intéressé comme ceux narrant les jeux de criquet, où moi la française de base, ne comprenant pas les règles, je ne suivais pas trop le jeu. Et pourtant chaque épisode décrit tout au long du roman n'est jamais anodin. Il permet de mieux dessiner les traits des personnages et il pose également une à une les pierres de la tragédie, tel un marqueur de l'orage qui s'annonce. Que ce roman de L. P . Hartley soit considéré Outre-Manche comme un classique n'a rien de surprenant. Rien que pour l'épilogue, ce roman mérite qu'il soit plus connu des lecteurs français.
Il ne me reste plus qu'à découvrir l'adaptation cinématographique par Joseph Losey (avec la musique par Michel Legrand) qui reçut la Palme d'Or du festival de Cannes en 1971.
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