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Le messager - L.P. Hartley - Éditions Belfond/Vintage - Traduit de l'anglais par Denis Morrens et Andrée Martinerie - 388 pages - Lu en novembre 2020.

Quelle découverte ! Quelle lecture ! Quel joyau !

Léon Colston, monsieur âgé de 72 ans, se souvient de ses années d'enfance et de jeune adolescent qui se déroulent en Angleterre à la fin de l'ère Victorienne, quand il retrouve dans la maison de son enfance une boîte en carton rouge qui contenait ses cols d' Eton, les petits objets précieux que que sa mère y avait rangés dont un carnet en cuir bordeaux et une serrure à combinaisons.

J'ai découvert au fil de la narration un monde inconnu pour moi, celui du milieu aristocratique anglais de la fin du 19ème siècle, début du 20ème.

Léon, jeune garçon de 12 ans, est invité à passer des vacances chez son ami de collège Marc Maudsley, dans un milieu plus aisé que le sien. Il va aller de découverte en découverte, mal préparé à ce monde dans lequel il ne sait pas très bien comment se comporter mais il s'y sent très heureux.
Il est très fier de servir de "messager" à la belle Lady Marian, soeur de Marc.

Mais la vie n'étant pas un long fleuve tranquille, le jeune Léon perdra sa naïveté et son insouciance.

Un magnifique roman au charme suranné, mêlant initiation, amour et drame, qui mettront fin à l'enfance de Léon.

Le messager fut le dernier livre écrit par Leslie Poles Hartley. Il fut publié en anglais sous le titre - The Go-Between - en 1953 et en France deux ans plus tard. Il a été adapté au cinéma par Joseph Losey et mis en musique par Michel Legrand - Palme d'or du festival de Cannes en 1971.
Leslie Poles Hartley est décédé le 13 décembre 1972.

Ce roman est un chef-d'oeuvre, bouleversant, empreint de mélancolie et de nostalgie, dont je dois la lecture au hasard d'un cadeau d'anniversaire et je remercie cette personne sans qui je serais passée à côté, et c'eut été fort dommage.

Je lui attribue 5 étoiles sans hésiter.
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- Vous avez un nouveau message…
Pas un SMS avec de vaines promesses ni un « tchat » encombré de chausse-trappes, un vrai doux billet manuscrit avec des pleins et des déliés, foin de vides et de billevesées.
Pas nécessaire de télécharger ou d'enregistrer in the « cloud », décachetez, lisez, fermez les yeux et laissez-vous emporter...
La petite lettre est en papier glacé et ne va pas s'envoler dans les méandres de la net-canopée, elle va seulement infuser dans vos pensées la douceur d'un futur rendez-vous occulte.
C'est carrément suranné, totalement désuet et absolument surréaliste aujourd'hui mais tellement charmant d'avoir pu échanger avec sa dulcinée par l'intermédiaire d'un messager.

Parlons-en du messager forcé ! Léon 13 ans, d'un milieu ordinaire est invité par Marc, son seul ami de collège dans le manoir de Brandham Hall. Il se retrouvera aussi perdu dans l'aristocratie anglaise de 1900 que moi en 2022 dans le webinaire.
Il ne connait pas les protocoles, j'ai du mal avec les processus.

Vertigineuse et interminable descente dans l'abime de questionnements de cet adolescent qui confronté à des situations qui le dépassent et des affections qui le dévorent va osciller entre de merveilleuses satisfactions et d'immenses détresses orchestrées par Marian, fille de la maitresse de maison, lord Trimingham son fiancé guindé et Ted son fermier séduisant.

Ce triangle humain rompu aux postures aiguisées le fera, pauvre hère, muter de héros triomphant au cricket à nigaud émouvant. Partagé entre l'attrait et la répulsion, il sera autant sauveur qu'entremetteur et obtiendra récompenses ou humiliations en fonction de ses comportements. Balloté entre les uns et les autres, il deviendra indispensable et se considérera à tort fautif du dramatique dénouement. Il y perdra ses rêves et gagnera ses convictions.

Entre le prologue et l'épilogue, c'est quelquefois long comme un catalogue et pesant comme un monologue avec souvent des sentiments et des situations analogues. J'ai, par contre apprécié les dialogues un brin démodés et finalement comme ce « bon garçon », j'ai compris la leçon.

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Ce texte a servi de modèle à Ian McEwan pour son roman expiation (que je vais m'empresser de lire ! ).
Léon, un quinquagénaire, se rappelle avec effroi et nostalgie, l'été de ses 13 ans, où son rôle de messager entre 2 jeunes gens de classe différente, a bouleversé sa vie (et la leur).
Cet été 1900 passé au sein de l'aristocratie anglaise dont il connaît peu les codes, va en effet marquer son passage à l'âge adulte : il va y perdre sa naïveté et son insouciance. Ces quelques semaines vont également avoir un effet dévastateur sur sa vie d'homme et son rapport aux autres…c'est ce qu'il constate, 40 ans après, en se remémorant cette courte période et en interrogeant l'enfant qu'il était.
Un roman d'apprentissage au charme suranné, classique de la littérature anglaise, qui se lit avec beaucoup de plaisir, pour son étude psychologique très riche des personnages et son analyse fine de l'aristocratie britannique. Auquel s'ajoute une écriture des plus élégante.
Une très chouette lecture
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Je remercie Babelio et les Editions 10-18 pour la belle découverte du roman « le messager » de L. P . Hartley.
Eté 1900, dans la campagne anglaise du Norfolk. Léon Colston, jeune garçon de 12 ans, est invité à passer des vacances chez son ami de collège Marc Maudsley, dans le manoir de Brandham Hall.
Colston, vieil homme à présent, se remémore les vacances qu'il a passées dans un milieu aristocratique qu'il connaissait peu, étant issu d'un milieu plus modeste. Une période qu'il a préféré oublier. Pourtant, en retrouvant son journal intime de cette époque, on plonge avec lui dans ses souvenirs. Et c'est bientôt la voix de l'enfant qui nous narre l'histoire, entremêlée parfois des commentaires de celui qui est devenu adulte.
Le jeune garçon est à la fois anxieux et empli d'espérance à l'idée de ses vacances, un peu comme à l'image de cette nouvelle ère qui commence, signe d'espoir, de maturité et de mystère. Pourtant, on comprend rapidement que les évènements qui se sont déroulés cet été-là ont été graves et ont changé à jamais la vie de ce garçon, pour ne pas dire toute l'entité du jeune homme en devenir.
On découvre un jeune garçon manquant parfois d'assurance, déjà parce qu'il ne connait pas tous les codes de ce monde dans lequel il va passer quelques semaines mais aussi par ce qu'il est face à une majorité d'adultes. Cela ne l'empêche pas d'être fier et d'avoir un certain ego. Par ce qu'il est attiré par elle et souhaitant d'être accepté, d'apprécié et de plaire à ces adultes dans lequel il aimerait un jour faire partie, il va accepter de servir de messager à Marian, la grande soeur de son ami. Au fur et à mesure des missives, le lecteur comprend l'existence d'un triangle amoureux dont Léon finit par être spectateur un peu malgré lui, au point que cette mission en devient parfois lourde.
Au fil des jours, la toile se tisse, tout autant que la chaleur estivale monte -symbole de la tension et de la maturation des évènements avant l'orage inéluctable- : les protagonistes sont peu à peu pris au piège, tout comme le lecteur qui sait un destin funeste sans en connaître la teneur exacte.
Avec « le messager » publié en 1953, Hartley nous offre plus qu'un roman d'apprentissage. Il nous tisse le décor et l'atmosphère du début du 20ème siècle, met en scène les interactions entre des personnages de différentes classes sociales.
Le bandeau en 1ère de couverture cite le commentaire du romancier Ian McEwan : « ‘Le messager'' a changé ma vie ». Il aurait écrit « Expiation » en hommage au précédent. Et pour avoir lu récemment « Expiation », il est évident que McEwan s'est servi de la structure du roman d'Hartley pour imaginer son roman. On retrouve les mêmes thèmes : roman d'apprentissage, amour impossible entre deux êtres de milieux différents, roman psychologique et dramatique. Ce roman dramatique, avec ces petits imprévus, ces petits accrocs presque anodins et qui, du fait des caractères et milieux divers-, font boule de neige au point de changer la destinée de beaucoup des protagonistes… tel l'effet papillon.
Durant la dernière scène avant l'épilogue, j'étais complètement happée, tendue, anxieuse (ressentant les mêmes impressions que pour un film d'Hitchcock).
Et l'épilogue, quant à lui, m'a littéralement chamboulée. D'une part, par l'émotion qui prenait à la gorge mais aussi parce que cet épilogue livrait une nouvelle facette de cette histoire. Cet épilogue est magnifique. Il rappelle la complexité humaine et par là-même celle des interactions sociales. Et le lecteur (plus âgé que Léon) aurait bien tort de penser qu'il a plus rapidement et mieux interprété ce qui se déroulait sous ses yeux.
J'avoue que certains passages m'ont un peu moins intéressé comme ceux narrant les jeux de criquet, où moi la française de base, ne comprenant pas les règles, je ne suivais pas trop le jeu. Et pourtant chaque épisode décrit tout au long du roman n'est jamais anodin. Il permet de mieux dessiner les traits des personnages et il pose également une à une les pierres de la tragédie, tel un marqueur de l'orage qui s'annonce. Que ce roman de L. P . Hartley soit considéré Outre-Manche comme un classique n'a rien de surprenant. Rien que pour l'épilogue, ce roman mérite qu'il soit plus connu des lecteurs français.
Il ne me reste plus qu'à découvrir l'adaptation cinématographique par Joseph Losey (avec la musique par Michel Legrand) qui reçut la Palme d'Or du festival de Cannes en 1971.
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"The Past is a foreign Country." ["Le passé est une terre étrangère"].

Nostalgie du retour à la douleur d'un passé estival : celle d'une blessure secrète, contractée au soleil de la campagne anglaise du Norfolk en ce début du XXème siècle.

Leo Colston (gamin de pauvres invité chez les riches aristos), Lady Marian (soeur aînée de son copain Markus), Ted Burgess (le régisseur du domaine) : ça n'est pas un triangle amoureux "infernal" mais bien un piège mortel pour un affect enfantin...

L'orphelin Leo (12 ans) est - de moins en moins secrètement - amoureux de la belle Marian.

Ted et Marian le comprennent vite et en profitent bien...

"The Go-Between" : celui qui va entre deux...
Petit facteur bien dévoué et si naïf.
Un enfant, bref...

Pas si loin de chez Thomas HARDY, au fond, de la belle Bathsheba Everdeen et de son berger/régisseur Gabriel Oak... et à nouveau "Loin de la foule déchaînée" ["Far from the Madding Crowd", 1874] : ce huis-clos des amours interdites.

Où il sera dit ("... et une bonne fois pour toutes, s'il vous plaît") que les classes sociales ne se mélangent pas.

Citons le romancier Ian McEWAN : « "Le Messager" de Leslie Poles HARTLEY a changé ma vie. Je l'ai lu à treize ans, et me suis vivement identifié au personnage principal, Léo. "Expiation" est aussi un hommage à ce roman. »

Le romancier britannique Leslie Poles HARTLEY (1895-1972) est, de fait, un maître (bien méconnu outre-Manche) qui publia ce dense et inoubliable roman en 1953.

Rendons grâce à l'éditeur Pierre Belfond [*] d'avoir pensé à republier en avril 2019 cette oeuvre merveilleuse, "classique moderne" subtilement traduit dès 1955 par Andrée MARTINERIE et Denis MORRENS pour les éditions Amiot-Dumont en collection (à couverture écarlate) "La fleur des romans étrangers"...

Joseph LOSEY en fit un film magnifique en 1971, très lyriquement illustré par le piano du grand Michel LEGRAND et merveilleusement joué par Dominic Guard (le gamin dévoué), Julie Christie (l'inaccessible Marian) et Alan Bates (le ténébreux Ted).

Pour le reste, il vous suffira de vous reporter et ressourcer aux deux critiques étoffées et enthousiastes de nos amies torpedo et babounette ! :-)
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[*] Ce malgré la dénomination assez bêbête de sa collection ("Vintage")... Voyez l' concept ! Et allez, encore un branchouille à la manoeuvre... Vinguioux ! 'acrés c...s d' Parisouilles !!! [Père Jules, citation globale]
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Difficile exercice que celui de revenir sur des souvenirs d'enfance, enfouis qu'ils sont sous les sédiments de la connaissance accumulés au cours d'une vie d'homme. Plus difficile encore de les mettre en forme au travers du prisme d'une âme d'enfant. Plus que les souvenirs, c'est l'innocence qu'il faut raviver.

Aussi vrai que les proportions des choses et du décor ne sont pas les mêmes, les faits et gestes, les paroles des adultes ont pour l'enfant une signification mystérieuse. Au soir de sa vie, Léon Colston découvre dans son grenier un carton contenant quelques trésors de son enfance. C'est l'occasion pour lui de faire un retour sur sa préadolescence. Episode de sa vie qui l'aura contrarié au point de craindre l'idée de s'engager dans une relation amoureuse, et de persister dans le célibat. Il se lance dans la reconstitution d'un segment de son parcours initiatique de jeunesse.

A la toute fin de l'époque victorienne dans la campagne anglaise, l'éducation de l'enfant est faite de beaucoup d'interdits. L'univers des adultes s'entoure d'une aura de mystères que la curiosité de l'adolescent explore avec prudence. Les codes moraux de la société dans laquelle il grandit veillent au grain et réfrènent sa soif de transgression. Aussi, lorsque Léon Colston se trouve compromis malgré lui dans l'idylle clandestine qui réunit, Marian, la soeur de son ami chez qui il passe ses vacances, avec un jeune et séduisant voisin, Ted Burgess, il tarde à comprendre l'utilisation dont il est l'objet.

S'appropriant le malheur des autres, il culpabilise par rapport à la tournure néfaste que prennent les événements. Il fait l'apprentissage de l'enchaînement des causes et des effets, de la différence entre remords et les regrets, réprouve de ne pouvoir revenir en arrière et abolir certaines actions déterminantes du destin des personnes. Ressentant ses premiers émois, il met aussi ses propres sentiments à l'épreuve. Il n'identifie pas encore comme de la jalousie son admiration pour la belle Marian.

Les premières déceptions sont au rendez-vous lorsqu'il se rend compte que Marian, la soeur de son ami, se sert de lui comme facilitateur de sa relation clandestine. Il est devenu son messager. En favorisant cette relation secrète par le rôle qu'il y tient, la mauvaise conscience de trahir à la fois ses hôtes, son propre éducation et ses sentiments naissants le gagne peu à peu. le dilemme entre en lui comme un poison, perturbant ses décisions entre pulsion et réflexion.

Une écriture fluide et savoureuse entretient une ambiance doucereuse et masque la montée en puissance de l'intrigue : le drame de l'amour contrarié. Porté par cette écriture agréable à la lecture, on se prend à envisager une issue favorable à cette ambiance bucolique bon enfant. Léon Colston fait l'apprentissage de l'inéluctable. Inconsciemment il déplore n'avoir pas de prise sur le cours des choses, n'être pas seul à décider de ses actes. Sans le savoir, il fait tout bonnement l'apprentissage de l'innocence qui s'évapore. C'est cette altération de la pureté originelle que nous conte Leslie Poles Hartley dans ce magnifique ouvrage qui est un réel plaisir de lecture.
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Ayant été attirée par la magnifique couverture du roman réédité par 10/18, je me suis lancée dans la lecture du Messager, de L.P Hartley, dont le résumé était plus qu'alléchant !

J'ai beaucoup aimé ce roman, qui nous plonge dans une atmosphère pesante, aux côtés de personnages qui ne m'ont jamais vraiment séduite, mais dont la narration et les principaux évènements m'ont passionnée.
Ce récit est en réalité une description des journées d'été que Leo Colston (le narrateur, alors jeune adolescent à l'époque) a passées dans la demeure des Maudsley au tout début du XXème siècle. Il y fait la connaissance de Marian, l'unique fille de la famille, fiancée à un riche Lord, Hugh Trimingham, mais qui cache un lourd secret… Les pages se succèdent alors pour nous conduire vers une issue prévisible.

Une lecture qui titille tous nos sens, évoquant avec nostalgie le poids des conventions, l'innocence de l'enfance, le passage à l'âge adulte, la lutte entre tradition et modernité ou encore les différences de classe.

Une belle plongée au coeur de l'Angleterre, dans la chaleur de l'été 1900…

A lire !
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Angleterre dans les années 1900s. Leo, un enfant de treize ans, passe l'été chez son ami Marcus. Il devient rapidement le messager naïf de la grande soeur de son ami et le témoin d'une tragédie qui le dépasse dans ce monde aristocratique qui n'est pas le sien. Hartley sait parfaitement dépeindre les drames avec subtilité.
Ce livre était une lecture obligatoire. Je ne remercierai jamais assez le professeur de littérature anglaise de nous l'avoir imposé. Un roman inoubliable.
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"Le passé est un pays étranger : on y fait les choses autrement qu'ici. "(incipit)

Ainsi débute le roman narré à la première personne par l'enfant, Léon Colston, devenu un homme de plus de 70 ans, retrouvant son journal rédigé alors qu'il n'avait que 12 ans, pendant un été étouffant, durant lequel il passa quelques jours de vacances chez son meilleur ami, Marc Maudsley, dans la propriété de sa famille, Branham Hall, famille d'un rang supérieur au sien et où sont survenus des événements auxquels il fut mêlé.

Revisiter son enfance et retrouver les sensations du jeune âge mais en les analysant également avec le recul des années voilà ce dont Leslie Poles Hartley traite dans ce très joli roman dont Ian Mc Ewan ne cache pas de s'être inspiré pour la rédaction de Expiation et cet aveu à un peu gâché mon plaisir car Expiation a été un très beau moment de lecture dont je garde en mémoire tout le charme.

Leslie Poles Hartley, dont j'ai lu Eustache et Hilda tome 1 et tome 2 et dont j'attends avec impatience le tome 3 (prévu en Juin 2022), a publié ce roman en 1953 et axe son récit sur deux tons : celui de l'enfant qu'il était, très préoccupé par lui-même, le regard que l'on porte sur lui, la découverte d'une classe sociale aisée dont il est fier d'être assimilé pendant ce séjour mais également sur le regard de l'homme devenu adulte et qui revit les faits en portant un jugement sur l'enfant qu'il était. Il redonne au Léon de 1900 ses pensées, ses sentiments mais en déduit, maintenant qu'il est adulte, tout ce qu'il n'avait pas vu, compris, de ce qui se jouait en coulisses, entre adultes et c'est cette complémentarité parfaitement maîtrisée qui fait tout l'intérêt. 

Dans ce roman emprunt de tendresse et d'indulgence vis-à-vis de l'enfant qu'il était, le narrateur s'attache à refaire pas à pas, degré par degré (telle la chaleur de cet été), les étapes qui vont peu à peu mener au drame qui fera que cet été ne pouvait que déboucher sur un orage. On suit Léon dans ses tergiversations, ses hésitations mais également, grâce aux notes prises par l'enfant, ses manies et obsessions sur les températures, les rites qu'il observe, se sentant depuis longtemps en possession d'une maitrise sur le déroulé d'événements, se croyant détenteur de pouvoirs magiques et que le rôle de messager entre deux personnes va le conforter. 

Confronter le monde des adultes et leurs règles que ce soit de bienséance mais également de classes sociales à travers le regard porté par un pré-adolescent sur un monde dont il ne comprend pas toutes les subtilités, les sous-entendus, la portée des actes ne se fiant qu'à son instinct où ce qu'il pense être le mieux d'abord pour lui mais également pour ceux à qui il veut plaire est finement suggéré d'autant que l'homme adulte y ajoute ses propres réflexions.

Léon est subjugué par le monde qu'il découvre et ceux qui l'habitent, y trouvant son héros à travers le personnage du vicomte Hugues de Trimingham, revenu défiguré de la guerre des Boers et prétendant de Marian mais également un éveil à ses sens à travers celle-ci sans voir que tous l'utilisent d'une manière ou d'une autre pour obtenir ce qu'ils recherchent.

J'ai beaucoup aimé ce regard sur l'enfance, très juste, y incorporant les joutes verbales entre Marc et Léon, faites de rivalités amicales mais également rapports sociaux très marqués, entremêlant l'insouciance des jeux mais également l'observation du monde des adultes,  leurs caractères et attitudes vus à hauteur d'enfant mais complétés par le recul de l'âge, les manipulations psychologiques des adultes sur Léon pour obtenir ce qu'ils souhaitent et dont celui-ci ne voit pas le but. pour comprendre la vie et l'avenir qui l'attend,  acceptant de refaire le chemin de cette période de sa vie.

Que j'aime la littérature anglaise et la manière dont ses auteur(e)s ont de retracer à la fois les clivages sociaux mais également la psychologie des êtres en les mêlant à une intrigue que nous devinons, certes, assez vite mais qui n'est que le prétexte à évoquer, dans le cas présent, l'enfance à la fois dans son innocence, ses premiers émois et le regard qu'elle porte sur les "grands" par l'âge que ce soit par l'âge ou le milieu.

Qu'il est doux et difficile le temps de l'enfance où tout pourrait paraître sans importance mais qui parfois est lourd de conséquences.

J'ai beaucoup aimé.
Lien : https://mumudanslebocage.wor..
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Une lecture envoûtante, à l'image de la plume de l'auteur qui livre ici un très beau roman.
Nous sommes en Angleterre. Leon Colston, la soixantaine passée, retrouve des affaires de son enfance, dont son journal de l'année 1900 et des lettres de l'époque. C'est alors une plongée dans les souvenirs, où durant l'été 1900 il alla passer quelques semaines à Brandham Hall, la demeure de l'un de ses camarades de classe. Il rencontre la famille Maudsley, dont la fille Marian se prend d'affection pour lui et lui demande des petits services, comme être, entre autre, son messager. Alors bien malgré lui, Leon, du haut de ses 12 ans, est plongé dans une histoire qui le dépasse, la naïveté de la jeunesse l'empêchant de comprendre les enjeux de ses missions.
Le brio de ce roman vient de l'analyse des faits que l'auteur nous donne à lire. Nous les découvrons à travers les yeux du Leon de 12 ans issu de la mémoire du Leon plus âgé. le lecteur comprend de suite l'imbroglio dans lequel il est mêlé.
Un roman d'apprentissage, comme indiqué sur la 4e, où le jeune garçon quitte le monde de l'enfance pour la complexité du monde adulte. le côté contemplatif du récit appuie sa profondeur et n'altère en rien la montée de la tension vers un dénouement que l'on sait, dès les premières pages, qu'il sera tragique. Une lecture que j'ai vraiment adoré donc.
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