La Crue

Maddy est une vieille dame qui perd un peu la tête et elle est en train de mourir sous la surveillance de son amie-gouvernante-infirmière, Diane. le problème est qu'elle a légué son domaine, la ferme, à cette dernière et que la famille soupçonne une forme de manipulation. Maddy et Diane, elles ,voient cela comme une restitution vu que les terres sont sur un territoire indien, celui de la tribu Ojiwée, à laquelle Diane est affiliée. La ferme surplombe un barrage, construit par le grand-père. L'eau a noyé toute l'histoire indienne et des tombes immergées, les ossements ont flotté jusqu'aux nouvelles rives, ce qui n'avait pas ému grand monde, à l'époque.

Le second problème est que Maddy a une petite fille, Rachel, très attachée à elle et au domaine, qui fut celui de ses étés d'enfance, et l'écrin de son premier amour avec Joe, qui n'est autre que le fils de Diane. Leur relation s'est fracassée depuis plus de dix ans contre l'engagement de Joe dans la guerre en Irak et la colère de Rachel. Il en est revenu, le visage ravagé, mais elle n'en sait rien, comme elle ne sait pas non plus qu'il devenu le gardien du barrage et qu'il plonge parfois dans les eaux troubles à la recherches de vestiges des souvenirs indiens. Rachel a poursuivi des études scientifiques, a contribué à gagner une bataille écolo contre un barrage tueur d'esturgeons, a envoyé bouler un séduisant prétadeur de jeunes étudiantes, et s'est finalement sagement mariée à Mickaël, fervent défenseur des causes autochtones. Ce pourquoi, elle n'est pas revenue à la ferme depuis huit ans, par principes anti spoliation.

On voit le brassage des thèmes se mettre en place lentement ( très lentement …), la cause indienne, celle des esturgeons et autres saumons, et tant qu'à faire celle des choix raisonnables contre la logique des premières amours et des premières révoltes qui se tassent dans le mariage … Car Rachel, en plein doute, revient à la ferme, sa petite fille de six mois dans le porte bébé ventral et retrouve la grand mère tant aimée, les effluves des étés, les grincements du passé : Mickaël est loin et Joe refait surface. En attendant qu'elle s'éclaircisse les idées, le lecteur attend la crue, que le débordement du flot emporte celui de l'histoire, mais le courant du récit se perd dans des anecdotes où Rachel tient le beau rôle de la militante, indépendante, jeune fille perdue dans la maternité … etc … Quand au triangle amoureux, on connait le perdant dès le départ.

Les enjeux politiques et écologiques ne sont convoqués que comme des faire valoir à la métaphore de la rivière qui va, enfin, déborder et reprendre son cours naturel, comme Rachel, revenir à ses « vraies valeurs ». Mickaël, comme les esturgeons à museau court, n'ont été que des prétextes à des caprices artificiels et superficiels érigés comme une révolte contre les conventions … Un féminisme plat comme une limande.
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