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Critique de kielosa



J'avais tellement aimé "Le Mur invisible" de Marlen Haushofer, que je me suis laissé tenter par une autre expérience de cette écrivaine autrichienne (1920-1970).

Il est regrettable que Marie Helene Frauendorfer (son nom de baptême) soit morte avant ses 50 ans d'un cancer des os et que ses livres ne se vendent presque plus. Exception faite, toutefois, de son célèbre "Mur" qui lui a valu, en 1963, le Prix Arthur Schnitzler et ses livres pour enfants et adolescents. Dommage, car cette dame occupe une place toute particulière en littérature et il est incontestable qu'elle eut du talent littéraire à revendre. Peut-être assisterons- nous prochainement à une redécouverte de cette artiste. du moins, espérons que certains de ses livres, quasiment introuvables aujourd'hui, seront réédités.

L'auteure a fait des études de philologie allemande aux universités de Vienne et Graz, à une époque difficile, peu après le rattachement de son pays au Reich nazi. Sa vie sentimentale n'a pas été très simple, car elle a marié le dentiste Manfred Haushofer, en 1941, à un moment où elle était enceinte de l'enfant d'un autre homme. Au bout de 9 ans le couple s'est séparé pour reprendre la vie commune 7 ans plus tard. Marlen Haushofer a eu 2 fils : Christian en 1941 et Manfred Junior en 1958.
Pendant toute une période elle a travaillé dans le cabinet dentaire de son époux tout en écrivant 18 romans, recueils de nouvelles et livres pour les jeunes, entre 1952, la sortie de "La cinquième année" et sa mort. "La porte dérobée" était sa 4ème oeuvre littéraire et date de 1957, 6 ans avant son chef-d'oeuvre "Le Mur invisible", paru à Vienne en 1963.

J'ignore dans quelle mesure cette oeuvre est autobiographique ? Si tel est le cas, et la présentation de l'éditeur le suggère en affirmant qu'il s'agit du livre "sans doute le plus intime qu'elle ait écrit", il me paraît évident que Marlen Haushofer ait été souvent en proie à des sérieuses vagues à l'âme, d'angoisses et de dépressions.

Son héroïne, Annette, une bibliothécaire de 29 à 30 ans, mène une vie repliée sur elle-même, a peu d'amis, hormis son oncle Eugène qu'elle aime bien. Ses relations ne lui ont procuré que peu de satisfaction et elle est contente que son petit ami en titre, Alexandre, soit parti au moins pour 6 mois à Paris, où il a accepté un poste important. Restée seule, elle est "souvent envahie par une tristesse sans cause". "Un rhume suffit à déclencher une dépression suicidaire" et dans la rue elle a peur. Non pas qu'elle souffre d'agoraphobie, mais ce qui l'effraie "c'est le sentiment d'être seule dans un monde hostile". Son confort semble se limiter à boire une bonne tasse de café en fumant une cigarette ou en lisant un bon thriller anglais sans beaucoup de violence.

L'ouvrage est conçu comme une espèce de journal intime allant du 1er septembre au 11 août, sans spécification des années.
C'est la rencontre avec maître Grégor Xhanthner, l'avocat du dossier du faible héritage de son père, parti en Amérique latine lorsqu'elle était môme, qui va entraîner de considérables remous dans son existence.

Grégor est un homme ouvert, sûr de lui tout en inspirant confiance, aimable en compagnie et gentil avec Annette. Très vite ils deviennent des amoureux et se marient déjà le 2 janvier de la nouvelle année. Bientôt la jeune mariée se trouve enceinte. Son état lui cause des désagréments, mais c'est surtout la frousse que son époux se rende compte de ses problèmes psychologues qui la hante.

À vous de découvrir, chers amis lectrices et lecteurs, si ce bonheur va durer et si Annette, comme nouvelle épouse et mère, saura vaincre ses fréquents troubles intérieurs.

Pour être honnête ce roman n'arrive pas à la hauteur exceptionnelle de son récit du "Mur", mais la finesse des descriptions de la psyché complexe de son héroïne fait qu'il vaut la peine d'être lu - quand bien même si certains passages ne sont pas marrants - et que le nom de Marlen Haushofer, en littérature, est garant de qualité.
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