AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Zora-la-Rousse


Et si le monde se figeait là, maintenant, d'un coup d'un seul.
Et s'il ne restait plus que vous, préservé d'un monde immobilisé à jamais, par la simple présence d'un mur invisible...

Quelle chance d'avoir été épargné penseriez-vous peut-être, à moins que vous songiez au malheur d'avoir tout perdu ou presque...
La femme du chalet, elle, au fin fond de la forêt autrichienne, n'a pas eu le temps de se poser trop de questions ; quelques heures à peine lui ont suffi pour réaliser qu'elle devait se mettre en mode survie, accompagnée dans cette épreuve de la seule compagnie du chien de sa cousine et de son mari.
Le quotidien s'est donc organisé pour se maintenir en vie, par réflexe plus que par besoin. La solitude est là et la peur s'invite : est-elle vraiment seule au monde ou va t-on venir la chercher ? L'espoir est-il seulement permis quand l'incertitude domine...
Et puis, rapidement, elle se trouve traversée de doutes immenses, peut-on être animé de l'envie de vivre juste pour soi ? Ne serait-ce pas plutôt motivé par autrui, vivre pour l'autre et dans le regard de l'autre ? Les pulsions de vie qui lui sont nécessaires se cachent dans les yeux de Lynx, son chien fidèle, dans la douceur de Bella, sa vache nourricière, dans chaque compagnon que le destin placera sur sa route.
Et même si l'attachement est indéfectiblement lié à la peur de perdre, et même si les responsabilités que de tels liens comportent sont lourdes, elle s'accroche. Elle souffre, dans son corps et dans son âme, s'oublie dans le labeur jour après jour pour ne pas se laisser déborder par les souvenirs de sa vie d'avant, par l'anticipation des jours à venir. Elle se révèle à elle-même, libérée, sublimée, en toute abnégation.

En un peu plus de 300 pages, ce roman d'anticipation nous parle de l'Humanité, de sa cruauté et de son absurdité. Marlen Haushofer nous offre là un véritable plaidoyer pour la sauvegarde de la nature mais également sur la condition féminine, la classant ainsi comme précurseure du courant écoféministe. Ayant découvert l'existence de ce livre grâce à Sophie Divry et la lecture de Trois fois la fin du monde, au-delà de leur accointance sur l'autorité suprême de la Nature, j'en retiendrai surtout les liens de tendresse avec les animaux, si magnifiquement retranscrits qu'ils m'en ont soutiré quelques chaudes larmes.

Un roman à relire et une auteure à découvrir, plus encore...
Commenter  J’apprécie          252



Ont apprécié cette critique (25)voir plus




{* *}