Citations sur La guerre des Lulus, tome 3 : 1916 - Le tas de briques (16)
— Acoute-moi ben gamin, parce que je le répéterai pas : ichi, ch'est pas un tas de briques, ch'est un palais ! Un palais social !
— Un palais ? Il y a donc un roi qui habite ici ?
— Ah cha non, fillotte ! Pas de roi chez nous, satibleu ! Mais de la noblesse, pour sûr que y'en a !
Même que moi à cause que j'étos un des preumes à venir habiter ici du temps de m'sieur Godin, ej sus eune sorte ed'prince ! Un associé, qu'in appelle ça ichi.
Ch'palais, gamins, i'abrite l'aristocratie du prolétariat !
Nous laissions derrière nous la guerre et les privations... pour faire route vers un avenir plein de promesses.
- Je n'en peux plus de cette guerre. Tous ces morts... toutes ces destructions... C'est absurde. Je ne sais même plus pourquoi nous nous battons.
- Garde ça pour toi. Si nos supérieurs t'entendaient, tu serais bon pour la cour martiale.
- C'est plus fort que moi, dès que je suis seul, je pense à tous les morts que j'ai vus sur le front. Je pense aussi à leur famille, surtout aux enfants. Tous ces gosses qui ne reverront jamais leurs pères... Ça me hante.
Mais satibleu! s'i sont ici ch'est quand même pour nous envahir, pas pour nous conter fleurette!
Peuh! Un livre! C'est plein de menteries, les livres.
- On ne peut pas vivre sur la lune. Il n'y a pas d'air, impossible de respirer.
- Qu'est-ce que t'en sais? T'y es allé, peut-être?!
- Mon père m'a montré une photographie d'une grande tour en fer qui monte très très haut au-dessus de Paris. Il disait que c'était le plus haut monument du monde.
- A quoi qu'elle sert?
- Je ne sais pas.
- Peut-être à aller dans les nuages?...
- Ou sur la lune.
- Sur la lune? Et à quoi ça servirait d'aller sur la lune?
- A échapper à la guerre.
Et à l'aube du troisième jour... nous regardions Guise s'éveiller à nos pieds.
- C'est grand!
- Monsieur Gaston a dit qu'il y avait au moins six mille habitants.
- Vous croyez que Paris c'est grand comme ça?
Les soldats, ça porte pas de sabots.
Moi, ils m'ont laissé tranquille à cause que je suis trop vieux et trop boiteux. Comme quoi, une patte folle, des fois, ça a du bon.