Dans ce métier, on n’apprend rien de ses erreurs. On ne vous en donne pas l’occasion. Il en suffit d’une et vous êtes mort.
Et je pensais à un se battre contre les autre Saoudien parti en Afghanistan
Soviétiques, un intégriste, lui aussi, un homme haïssant passionnément la famille royale qui avait fini par attaquer l'Amérique : Oussama Ben Laden.
Vous savez, nous avons tout sous-traité dans ce pays. Est-ce que nous fabriquons encore quelque chose ? Quand on dépend à ce point des importations, il n’y a plus de sécurité. Pas de réelle sécurité.
C'était un clan très soudé de frères, d'oncles et de cousins avec, à sa tête, Patros, le père de Christos, âgé de soixante ans, qui imposait sa loi. Comme on dit à Athènes, c'était du lourd ; il avait un casier judiciaire à rallonge, mais cela s'accompagnait d'une belle réussite matérielle. Un satellite américain surveillant les Balkans, dérouté pour l'occasion, nous fournit une photo du domaine familial d'une précision étonnante.
Niché au milieu d'hectares de lavande, c'était un complexe de sept maisons luxueuses, avec piscines et écuries gigantesques, entourées d'un mur de quatre mètres de haut où patrouillaient ce que nous pensions être des Albanais armés de pistolets mitrailleurs Skorpion. Pour une famille dont l'activité était le commerce des fleurs en gros, on pouvait s'en étonner. Le vol des fleurs, dans le nord de la Grèce, était peut-être un problème plus sérieux qu'on pouvait le penser.
Perdu dans mes pensées, je me dirigeai vers le petit pont qui traversait le fleuve. Il y a huit cents pas des limites de la vieille ville à l'hôtel où j'étais descendu. Huit cents pas, quatre minutes environ- en termes d'histoire, un clin d'oeil à peine, et pourtant, dans ces quelques instants, toutes nos existences se retrouvèrent entre les mains d'une poignée de fous.
Il était passé par trois camps différents en cinq ans, tous camps de la mort, y compris par Auschwitz. C’était un tel miracle qu’il ait survécu que je lui ai demandé ce qu’il en avait tiré. Il a ri et ne m’a rien dit de bien original. La mort est terrible, la souffrance est pire ; comme d’habitude les connards sont la majorité, des deux côtés des barbelés.
Le coeur brisé, j’ai vu le ciel d’un bleu éclatant et les tours en feu, les gens faire des signes aux fenêtres dans l’espoir d’une aide qui ne devait jamais venir ; j’ai vu les blessés courir dans les rues couvertes de poussière, entendu le grondement de tonnerre des immeubles qui s’écroulaient et j’ai vu les sauveteurs écrire leur nom sur leur bras au cas où on les sortirait morts des décombres. J’ai respiré et vu tout cela, et j’ai tenté de dire quelques mots silencieux
aux deux mille sept cents âmes qui ne quitteraient jamais plus cet endroit. Deux mille sept cents, et plus d’un millier d’entre eux dont les corps ne furent jamais retrouvés.
Qu’on en ait retrouvé est déjà surprenant. À huit cents degrés, il ne faut que trois heures pour réduire en cendres des os humains. Dans le World Trade Center, les incendies ont atteint jusqu’à mille degrés et n’ont été éteints qu’au bout de cent jours.
Exactement comme me l'avait dit le moine bouddhiste sur la route de Khun Yuam il y avait tant d'années: si vous voulez être libre il suffit de lâcher prise.
Le monde ne se transforme pas sous vos yeux,il se transforme dans votre dos.
Dans ce métier, on n'apprend rien de ses erreurs. On ne vous en donne pas l'occasion. Il en suffit d'une et vous êtes mort.