Mais j'ai déjà trouvé ce que je cherchais, je l'ai dans la main, encore taché de boue. Un petit objet, de ceux qui disparaissent facilement. le couvercle cassé d'un vieux poudrier, ses rayures argentées ternies, son vernis bleu marine jadis brillant désormais tout griffé. Le miroir rongé par l'humidité ressemble à une fenêtre ouverte sur un monde délavé, comme un hublot donnant sur le fond de l'océan. J'en frémis de souvenirs.
Un livre dérangeant au premier abord. Approcher et ressentir cette maladie d'Alzheimer, cette mémoire qui part puis revient, le présent, le passé, tout se mélange.... Très très impressionnant d'autant que ce livre est écrit par une toute jeune auteure (28 ans) qui a su éviter toute compassion ou écriture larmoyante. A lire pour comprendre ce qui vive les malades mais aussi leur entourage.
Je n'ai jamais vraiment cru que je serais vieille un jour, et certainement pas vieille comme ça. Autour de mes yeux et de mon nez, la peau s'est ridée d'une manière très étrange, je ressemblerais presque à un reptile. J'ai du mal à me rappeler mon visage d'avant, excepté par brides : une gamine avec les joues rondes qui se tient devant la glace et enlève pour la première fois des rouleaux de ses cheveux, une jeune femme dans un parc qui contemple le vert de la rivière, une mère fatiguée les cheveux en bataille qui se détourne de la vitre sombre d'un train pour séparer ses enfants qui se bagarrent. Dans ces souvenirs, j'ai toujours les sourcils froncés, alors rien d'étonnant à ce que mon front soit plissé, aujourd'hui.
Alzheimer de l'interieur. Trés touchant. Un polar pas comme les autres !
- J'en ai par-dessus la tête des disparues, des malades et des morts. J'en ai par-dessus la tête des fils des disparues, aussi; dit-elle en poignardant la terre. Alors on va creuser jusqu'en Australie s'il le faut.
Aujourd’hui, même si je suis sûre que le ciel est parfois encore bleu et que la plupart des maisons sont toujours là, les couleurs semblent fanées, comme si je vivais désormais moi-même dans une vieille photographie.
A un moment, un homme apparut en haut d'une crête. Il pourchassait son chapeau qui s'envolait. J'arrêtai le couvre-chef lorsqu'il passa à ma portée, mais, quand je le lui tendis, l'homme me regarda curieusement avant de le relancer en l'air pour repartir à sa poursuite. Papa me dit ensuite qu'il devait être un peu dérangé et que c'était mal poli de le dévisager.
Je ne peux pas avoir perdu tous mes petits mots. Je passe mon temps à en écrire, ils ne peuvent pas être tous tombés de la table, du plan de travail et du miroir. C'est alors que j'en retrouve un coincé dans ma manche : Pas de nouvelles d'Elizabeth. La date qui est inscrite sur le côté n'est pas récente. Soudain, j'ai le sentiment affreux qu'il lui est arrivé quelque chose.
Vous avez de la chance d’avoir une fille. Il paraît que les fils volent de l’argent à leur vieille mère.