Les vauriens de Havisham, tome 3 : Belle et Rebelle

Nous avons tous besoin d'amour. Plus nous croyons ne pas en avoir besoin, plus il nous est nécessaire.

Celui qui se ment à lui-même n'est pas un sage.

Tu ne peux pas savoir. Tu n'as jamais aimé une femme. Tu ne peux pas comprendre comment elle devient une part de ton âme, une part de toi. Quand elle part, elle laisse un vide en toi, un vide que rien, absolument rien ne peut remplir.

Elle ne voulait pas de cette extraordinaire gentillesse qui ne faisait qu’accroître sa culpabilité, mais elle devait bien s’en accommoder. Pour sa part, elle ferait tout ce qui était en son pouvoir pour rendre sa maison aussi accueillante et agréable que possible.

Il la désirait avec une férocité effroyable. Jamais aucune autre femme n’avait eu un tel effet sur lui.

Cette maudite femme lui avait fait prendre conscience de sa solitude. Il n’avait jamais eu la moindre difficulté à dormir seul, et maintenant il ne le supportait plus. Et il ne pouvait s’abriter derrière l’excuse de l’alcool. Elle occupait son esprit à chaque seconde de chaque minute de chaque heure, et elle le mettait dans une situation intenable : choisir entre le devoir et le désir, entre le bonheur et le malheur, entre le pardon et la fierté.

Où peut aller une femme une fois qu’elle a perdu son honneur ? Quand sa famille ne veut plus entendre parler d’elle, la considère comme morte ? Je l’aimais, répéta-t-elle. Je pensais qu’il allait m’épouser. Il n’a jamais dit qu’il ne le ferait pas. Il disait simplement qu’il lui fallait du temps. Pour la première fois de ma vie, j’étais heureuse. Je me sentais chérie et appréciée. Je ne m’attends pas que tu comprennes, toi qui as une telle aversion pour l’amour. Mais j’étais si heureuse de l’avoir que j’aurais fait n’importe quoi pour le garder. N’importe quoi.

Les autres maîtresses qu’elle avait connues ne voyaient dans ces messieurs de la haute qu’un moyen pour arriver à leurs fins. Une belle résidence, des tenues élégantes, des bijoux. Et si cela signifiait renoncer à leur réputation, elles estimaient que le jeu en valait la chandelle, même si cela impliquait de gâter et de dorloter un gentleman à toute heure du jour et de la nuit quand celui-ci le réclamait, d’être son oiseau dans une cage dorée, de chanter sur demande et de se taire le reste du temps.

Les hommes étaient des coureurs de jupons, les dames des écervelées qui ne se souciaient que de robes, d’éventails et de partenaires de danse. Aucun d’entre eux n’avait de vrais problèmes à affronter. À travers Montie, elle avait découvert que ce n’était qu’une bande d’égoïstes qui ne pensaient qu’à satisfaire leurs caprices.

Ce doit être merveilleux de ne jamais se sentir impuissant, de n’avoir jamais peur, de n’être jamais totalement seul et abandonné par tous ceux dont on croit être aimé. De ne pas porter l’immense responsabilité du sort d’un enfant innocent.