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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Des dessins sombres, tout en noir et blanc, réalistes comme des photos anciennes, un roman graphique d'une grande tristesse, l'histoire d'une petite fille dont le seul tort était d'être bien en chair.

Une jeune femme seule dans son appartement avec son chat, elle se rappelle qu'elle a été un bébé joufflu, puis une fillette ronde qui rêvait aux princesses et qui se faisait dire « J'pense que t'as assez mangé, Marie-Noëlle. » Elle est de celles dont on sapait systématiquement l'estime de soi.

La réalisation de ce magnifique album a fait partie de la thérapie de l'autrice pour se sortir de l'isolement et des idées suicidaires.

La « grossophobie » est bien présente dans nos sociétés, mais il n'en a pas toujours été ainsi et pas que pour les Vénus de Rubens au 17e siècle. Je me souviens que mon grand-père admirait les femmes « corporantes ». Et les Québécois d'un certain âge se souviendront du « Père Ovide » dans le téléroman « Séraphin », qui appelait son épouse « ma belle grosse Georgiana »… et c'était un compliment! Avoir de l'embonpoint était alors un signe de force et de santé. Pourra-t-on revenir à une plus grande valorisation de la diversité corporelle?
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La laideur se tient-elle dans le poids que l'on fait, dans les formes, dans ce moule dans lequel on n'entrera pas quoique l'on fasse, que l'on mange, que l'on jette ? La beauté n'est-elle qu'une vue de l'esprit ?
Marie-Noëlle est rappelée à l'ordre. Il faut bouger, contrôler, plier, cacher. Il faut contraindre ce corps libre et beau, ce corps hors norme pour être vu autrement qu'en anomalie. La souffrance heurte par sa violence, par ces diktats de la mode, de la bienséance et du quand dira-ton. Marie-Noëlle essaie d'être conforme. Echoue. Gagne. Echoue. Et si tout ne tenait qu'à ce que l'on vit, à ce que l'on croit ? Et si tout se tenait hors de l'imposture de l'enveloppe ?
Roman d'un parcours. Roman d'un quotidien quand la différence crie sa détresse. Des graphismes magnifiques, un récit qui vrille les tripes, serre la gorge et éclaire sur notre propre regard. Cet album se referme avec la boule au ventre. Il est si fort, si vrai, si intense. Il est celui d'une femme que les yeux et les mots ont cherché à briser, celui d'un conformisme à contourner, celui d'une vie vécue à coups d'injonctions et de désirs impropres. Ton corps est ton corps : accepte le puisqu'il est le tien, sain, réel, puisqu'il te mène où les chemins s'empruntent, parce qu'il te porte et qu'il t'honore.
Marie-Noëlle Hébert livre sa douloureuse histoire jusqu'à ce temps où le regard change, où la vie se réinsuffle. Cette femme est si belle. Ronde, vraie, réelle.
Ce roman graphique est juste sublime, magnifique. Il est une pépite à glisser dans toutes les mains. Il est indispensable. Il est celui que j'ai aimé, ÉNORMÉMENT, avec une très grande émotion. Un coup de coeur absolu !

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Depuis son plus jeune âge, Marie-Noëlle ne supporte pas l'image que lui renvoie son miroir. Elle cache son corps en permanence et ses kilos en trop l'obsèdent. La jeune fille grandit avec un corps qui la dégoûte, lui fait honte. Elle vit avec la sensation d'être invisible aux yeux des autres et préfère s'isoler, seule avec son mal-être et un paquet de chips.

Son adolescence sera marquée par les moqueries des autres, les mots qui blessent de son père. Sa souffrance la ronge au quotidien. Elle se sent vide, grosse et laide.

À travers cette bande-dessinée autobiographique, la québécoise Marie-Noëlle Hébert évoque en vrac les souvenirs de sa jeunesse. Elle panse ses blessures pour parvenir aujourd'hui à enfin s'accepter avec ce corps qui est le sien. Il faudra du temps à la jeune femme pour relever la tête, se réconcilier avec son corps et faire fi des diktats de la beauté. 

Les illustrations sont à couper le souffle, vraiment bluffantes de réalisme. le message quant à lui est fort, percutant, essentiel et nécessaire.

Un témoignage magnifique et poignant qui nous rappelle l'importance de s'accepter tel que l'on est, en dépit du regard des autres. Une lecture coup de poing.
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J'pense que t'as assez mangé, Marie-Noëlle.
Porte juste des couleurs foncées.
Le noir ça amincit vraiment.
Oublie ça les lignes horizontales. Pis rentre ton ventre.
Ces phrases assassines qui la dévorent de l'intérieur, Marie-Noëlle les a entendues pendant toute son enfance et son adolescence, de quoi réduire son estime d'elle-même à zéro. Pensant bien agir son entourage lui donne des conseils pour cacher sa grosseur (sa laideur selon Marie-Noëlle) alors qu'il aurait valu l'aimer un peu mieux, comprendre sa souffrance. Elles ont jugé qu'il était plus important de m'enseigner à rentrer mon ventre plutôt qu'à me redresser et à être fière de moi.

Son corps, insupportable tare, elle n'en peut tout simplement plus. Elle rêve de devenir mince, de ne plus être pointée du doigt, d'avoir quelqu'un qui l'aime. Mais que la route est longue quand le dégoût de soi est si profond. Son amie Matilda aide Marie-Noëlle à régler son mal-être en étant présente pour entendre sa souffrance. Car c'est une vie de silence et de honte qui entoure la jeune fille qui se sent incapable d'en parler.
Peu de dialogues et d'écrit mais un pouvoir évocateur extrêmement fort de la part des dessins. Les yeux, ces grands yeux sombres qui disent beaucoup de chose de la souffrance et de la solitude. le noir présent dans cette bande dessinée évoque avec habileté le désespoir de Marie-Noëlle, les dessins au crayon de plomb soulignent les détails de cette jeune fille avec puissance.

Je pourrais lire et relire cette oeuvre tant elle m'a énormément émue par la véracité de ses propos, dans lesquels je me suis parfois retrouvée (les injonctions au corps parfait touchent tous les poids, toutes les morphologies).
Une bande dessinée qui au temps d'une grossophobie ambiante (et qui a été exacerbée par le confinement) est plus que salutaire.
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Marie-Noelle Hébert est encore toute jeune, une vingtaine d'année. Dans cette magnifique BD elle illustre la douleur des mots blessants qui ont couvert son enfance, ceux qui ont été alimenté par son apparence physique mais qui ont, de façons tordues, amené la petite à nourrir sa haine envers elle-même.
On voit dans cette oeuvre une douleur naissante, grandissante, blessante puis une volonté plus grande de guérir et d'être heureuse. Mais surtout j'y ai vu un talent immense dans les illustrations. Chaque page est une succession d'oeuvres d'art toutes communicantes les unes avec les autres.
Elle dit de ce magnifique projet que ça lui a permis de faire la paix et de se rapprocher de ses parents. Je la trouve extrêmement forte et courageuse, comme quoi les plus affaiblis sont quelques fois les plus forts!
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A observer les détails minutieux de son premier roman graphique, les expressions poignantes et le mouvement aérien de ses personnages, on peine à croire que Marie-Noëlle Hébert est une autodidacte montréalaise de la première heure. La grosse laide publié aux éditions des Equateurs est né de ce coup de crayon aussi réaliste que le sujet qui y est abordé.

Marie-Noëlle prend conscience de son poids dès l'enfance. A l'école, ses camarades le lui disent. A la maison, sa famille prend le relais. Les mots sont un gouffre qui l'aspirent. Elle rêve qu'un garçon la regarde enfin et avant tout, c'est elle-même qu'elle voudrait regarder sans honte dans la glace. Tout en grandissant, Marie-Noëlle évolue et se souvient avec amertume de ces années douloureuses à se détester et se mépriser, ce temps retrouvé et celui de perdu. Qu'en est-il désormais ?

La beauté a une odeur de vraisemblance que certains appelleraient « cathartique » en lisant la bande dessinée de l'autrice et illustratrice québécoise. Ces tracés épurés au crayon de plomb déroulent l'existence d'une jeune femme terriblement mal dans sa peau dont le physique est un réel barrage à l'acceptation de soi. Véritables scènes de vie, le roman graphique de Marie-Noëlle Hébert est le témoignage d'une adolescence martyrisée par les mots. Ils induisent le jugement, des critères de beauté déformés par des diktats qui affaiblissent volontiers les plus émotifs. de l'illustration au texte, la compulsion alimentaire se dévoile subtilement puis salement. La nourriture devient un refuge à un monde extérieur avide de détruire tout ce qui n'entre pas dans les codes sociétaux.

Pudiques et incisives, les illustrations dévoilent petit à petit l'intimité, le regard que l'on porte sur soi et une capacité certaine à dompter les souvenirs les plus douloureux pour raconter une histoire personnelle. Tout de noir et de blanc, Marie-Noëlle Hébert parle d'elle pour parler de tous les autres ouvrant ainsi de son crayon les brèches d'un récit pluriel avec beaucoup d'humilité. Ici, pas de grandes phrases héroïques pour annoncer s'être sortie de la spirale infernale de son mal-être. Juste quelques sourires de plus et des regards bien affirmés qui apparaissent au fil des pages. Une expression nouvelle fort loin des premières sentences où l'on lit « 20 ans. J'habite toute seule dans un grand appartement. Les murs sont couverts de cadres, de photos. de souvenirs. Mais c'est quand même vide ».

La grosse laide ne déroge pas à la « règle » de ces premiers ouvrages qui semblent être publiés pour élaborer le portrait de ses propres souffrances au lecteur. Ici, cela prend tout son sens car la justesse des actions et la nécessité des mots offrent un réconfort certain à celui qui s'y retrouve, un engagement évident à celui que ça révolte et de l'espoir à ceux qui découvrent simplement le passé puis le présent de cette jeune femme.
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J'ai beaucoup aimé cet ouvrage et pas seulement parce que le sujet fait écho à mon propre vécu.
J'ai été très touchée par le choix graphique du noir et blanc, cela accentue, je trouve, l'idée du mal-être que nous présente Marie-Noëlle. Certains dessins m'ont vraiment fait pensé à de vieilles photographies, tellement ils me semblaient réalistes !

J'ai été plus que touchée par ce témoignage, j'ai eu envie de pouvoir prendre la jeune Marie-Noëlle dans les bras pour pouvoir la réconforter, notamment quand elle reçoit des remarques qui se veulent bienveillantes de la part de son entourage, alors qu'elles ne sont que grossophobie ordinaire ...
Je fais le souhait qu'un jour toutes les Marie-Noëlle puissent faire la paix avec leur image, avec leur corps afin d'arrêter de culpabiliser d'exister, de pouvoir être plus bienveillantes envers elles-mêmes.
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Cette BD a résonné en moi d'une façon très douloureuse et très personnelle, car j'ai vécu moi-même certaines (même beaucoup) des situations décrites. J'ai été émue d'avoir pu lire une histoire qui me correspond, j'en remercie Marie-Noëlle Hébert pour avoir eu ce courage.

On parle ici des injonctions liées au corps, au poids et à la féminité. Comment, si on correspond pas à certains critères, on peut commencer très rapidement à nous haïr nous-mêmes et aussi à haïr les autres, les "normaux", qui ont le respect et l'amour sans jamais avoir à faire quoi que ce soit.
C'est aussi un parcours d'acceptation et de sensibilisation au fait que des choses vont pas dans notre société patriarcale et grassophobe.

Une mention aux dessins en noir et blanc, qui donnent une atmosphère un peu glauque mais parfaitement adaptée à l'histoire.
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C'est une lecture difficile qui met des mots sur des pensées et des vécus que l'on croit nous appartenir qu'à nous... Des illustrations magnifiques qui soulignent à la perfection les propos.
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