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Critique de Sachenka


Il y a quelques années, j'ai lu deux bouquins de l'auteur iranien Sadegh Hedayat (dont son populaire La chouette aveugle, que, moi, j'avais trouvé correct, sans plus. Mais j'étais encore curieux de la littérature persane et disposé à donner une autre chance à cet auteur. Et heureusement. Son recueil de nouvelles Trois gouttes de sang m'a énormément plu. La première nouvelle donne le ton. le narrateur, un homme reclus, un peu trouble, raconte son histoire. Son vieil ami Siavosh lui rend visite, et cela lui rappelle une autre époque où c'est lui-même qui rendait visite à cet ami d'enfance, alors que ce dernier souffrait d'un déséquilibre nerveux. de folie. Mais cette histoire, étrange d'abord, se révèle superbement bien construite. Elle va de rebondissement en rebondissement. Cette nouvelle et les autres qui constituent ce recueil sont faites sur le même modèle. Brèves, allant à l'essentiel, marquant l'évolution des personnages dans un beau crescendo. Poussés au paroxysme de la folie, rejetés, isolés, abandonnés, ils se révèlent toujours intéressants.

Certaines nouvelles sont d'un registre plus anecdotique, comme celle de ce chien qui erre dans la ville. Ou bien celle de cette femme qui part à la recherche du père de sa fille. Ou encore la soeur aînée laide, qui vit dans l'ombre de sa cadette si jolie, la « Favorite ». Ces histoires paraissaient plus simples, proches de la vie ordinaire, mais elles étaient d'autant plus poignantes.

D'autres nouvelles penchaient vers le fantastique. Par exemple, Les nuits de Varâmine. On y retrouve le jeune Fereydoun, à la santé fragile, qui hérite du domaine familial. Malheureusement, sa belle épouse se meurt. « Sensible et affectueux comme il était, Fereydoun ne se remit pas de ce coup. » (p. 43). Quand des événements étranges se produisent, on peut se demander si le jeune homme ne les imagine pas. « Il respirait à peine, des ombres fantastiques dansaient devant ses yeux. » (p. 46). La progression lente et inévitable de ses troubles nerveux, l'impression d'un drame imminent, tout contribue à créer une atmosphère réussie. J'en ai presque ressenti des frissons. Puis, un soir, il croit entendre de la musique dans le pavillon fermé…. Je ne dévoile pas la fin, elle est inattendue. Toutefois, elle fonctionne à merveille. Un autre exemple de nouvelle plonge dans le fantastique est le trône d'Abou Nasr, dans laquelle des archéologues américains font des fouilles près de Chiraz, découvrent un tombeau avec des squelettes vieux de quelques millénaires, l'occasion de raconter leur histoire et de les laisser reprendre vie.

Bon, vous comprenez un peu, je ne vais pas raconter chacune des nouvelles. Il suffit de rappeler que je les ai toutes appréciées, sans exception. Elles se recoupent par certains thèmes (la folie, l'étrange, la détermination et la souffrance, les entreprises vouées à l'échec, etc.) mais elles sont suffisamment originales, divergent assez pour que le lecteur ne sente pas la redite. Bref, une sorte de mosaïque qui renvoie une certaine image de l'Iran de la première moitié du XXe siècle. Je ne peux que recommander la lecture de ce recueil fort intéressant.
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