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Citations sur La Tyrannie du bien-être (3)

Cette marque a compris avant les autres que pour la plupart des individus l’important n’était pas de faire du sport mais d’avoir l’impression de faire du sport. […] Ces chaussures sont conçues pour offrir une bonne capacité d’amortissement, alors que la plupart des chaussures de sport (en particulier, celle d’athlétisme) revendiquent une qualité d’extension, pour mieux pouvoir rebondir sur la piste.

La société du bien-être est en effet structurée par l’accès à un bénéfice immédiat annulant toute idée de visée, et donc de projet. Il s’agit de jouir maintenant d’une expérience qui n’est adossée ni à une compétence ni à un effort. Le héros n’est plus l’athlète qui grimpe sur le podium, mais le consommateur élevé au rang de dieu. [p106]
Examinons le prodige de la « santé connectée ». Allons-nous bien ? C’est à cette question que vont répondre des milliers de capteurs tout au long de la journée. Il s’agit « d’aller bien », à défaut « d’être » bien. La « santé connectée » injecte en nous une inquiétude sourde, dans l’attente permanente de données biomédicales. [p119]
« Sommes-nous des bougies qui se consument ou bien des flammes qui éclairent ? » - Friedrich Nietzsche [p120]
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Tocqueville* met en garde contre le fait que la passion des choses matérielles ne suffit pas à produire la paix publique : Le bien-être acquis par les classes moyennes à la fin du 19ème siècle fut le fait d’individus qui s’étaient battus pour plus d’égalité et pour une répartition plus équitable du confort matériel. Or le bien-être n’incite pas au combat ; il anesthésie et l’on finit par ne plus se soucier que de la préservation de ce petit confort, en oubliant qu’il est issu d’une lutte et de l’expression d’une liberté. Quand on jouit du bien-être, c’est la peur d’être troublé qui devient dérangeante.
Cette peur est pour Tocqueville dangereuse car elle ne peut que renforcer le désir d’un gouvernement autoritaire, seul apte à maintenir cet ordre de répartition des biens matériels. Autrement dit, l’individu est prêt à abdiquer sa liberté pour pouvoir jouir de son confort. Et c’est en cela que le bien-être est une aspiration dévorante et anesthésiante. Il conduit à une restriction de l’espace-temps qui a d’indéniables conséquences politiques. Comment penser le vivre-ensemble quand on est tout affairé à son petit moi ? On pousse l’individu à se recroqueviller sur lui-même loin de toute perspective d’hospitalité. Grâce à l’idéologie du bien-être, l’espace public a tendance à se restreindre pour se limiter à la sphère sensorielle, et se termine par l’économie de l’expérience. Cette politisation des affects a pour conséquence inévitable la dépolitisation complète du corps social. [p118]

[ * Alexis de Tocqueville (1805-1859), Ministre de l’Europe et des affaires étrangères de France, célèbre pour ses analyses de la révolution française].
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Le bien-être agit donc comme un rempart contre la société devenue trop anxiogène, mais aussi contre cette vie qui semble nous vider de nous- même. D’où cette attente de petits moments à soi, de parenthèses contre l’accélération et le stress, que réclament les citadins. Mais le bien-être est davantage qu’une émotion, il est devenu une commodité. Est commode de ce qui s’oppose au désagrément, à la gêne, à l’embarras. Le bien-être est lié à une vie confortable, facile est agréable. Sa force est également d’être utilitaire. […] Le salut qu’offre la société de consommation réside dans une forme du bonheur, norme sociale qu’il appelle le « fun system » et qui correspond en réalité à une obligation de jouissance. En effet, la société ne se contente pas de culpabiliser les individus parce qu’ils ne sont pas heureux, elle fait tinter le grelot du bonheur pour vendre du plaisir.

Pour faire du bien-être l’horizon de notre société mercantile, il a fallu mettre en œuvre un subterfuge : entretenir sciemment la confusion entre les notions de plaisir, de bonheur et de bien-être. […] Contrairement au bonheur, qui procure l’apaisement, le plaisir est excitant. Il est donc un puissant moteur de la consommation, la félicité, non. Les peuples heureux ne passent pas leurs week-ends à arpenter les galeries marchandes ou à faire des achats en ligne. Le plaisir est de courte durée, alors que le bonheur se vit dans le long terme. C’est d’ailleurs une des questions obsédantes du 18ème siècle : Comment l’homme pourrait-il s’accorder au bonheur, à partir du moment où, comme l’écrit Jean Jacques Rousseau, celui-ci « est un état trop constant et l’homme un être trop muable pour l’un convienne à l’autre » ? [p24]
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