Essai qui est une réflexion sur cette notion vague de bien-être, son histoire et son instrumentalisation. Court et intéressant, mais un peu sec, car l'auteur est avant tout un philosophe.
Longtemps, il ne fut question que de bonheur ou de plaisir. Puis, la notion de confort, de commodité, est apparue et, à sa suite, celle de consommation, dès le XVIIIème siècle, avec le philosophe
Adam Smith.
Le processus d'homogénéisation culturelle mondiale, l'Occident absorbant des habitudes, valeurs et croyances orientales (que ce soient curry et tofu, mangas, méditation, yoga ou feng shui,…), tandis qu'un grand nombre d'humains sont fascinés par le mode de vie occidental, voire américain (fast food et Coca Cola, consommation,…), amorcé au XIXème siècle, s'accélère au suivant.
Benoît Heilbrunn, spécialiste du marketing, étudie ensuite comment cette technique de vente s'est ingéniée à entrer dans notre intimité afin de nous vendre du « rassurant ». Ce qui conduit à une expérience personnelle continue du bien-être, égocentrée, isolée, réductrice, qui fait disparaître l'Autre et, surtout, la joie collective et la puissance régénératrice de celle-ci. « Comment penser le vivre-ensemble quand on est tout affairé à son petit moi ? »
Ce diktat du bien-être ne (plus ressentir son corps comme une contrainte) finit par infantiliser et retirer toute réflexion critique, en plus d'être une véritable industrie au service du capitalisme.
Et, paradoxalement, « la société de consommation est par essence structurée pour produire de l'insatisfaction garantie… C'est en cela que le bien-être est une aspiration à la fois dévorante et anesthésiante ».
Sachons en tirer la leçon !