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Critique de BazaR


La collection Une Heure Lumière comporte encore assez peu de novellas de « l'ancien temps ». Mais le peu qui y réside mérite sa place.
Cette novella de Robert Heinlein par exemple, est tellement réussie du point de vue prospective qu'on ne bronche quasiment pas sur un côté désuet. L'auteur imagine une Terre où le rayonnement est à la base de la technologie. WiFi, Bluetooth, etc. ça ressemble, non ? Heinlein va plus loin cependant, dans la mesure où l'énergie elle-même est transportée par ce biais. Plus de câbles électriques ou de fuel fossile. le bonheur… Bah pas tout à fait car certaines personnes s'inquiètent de l'effet de tout de fatras radiatif sur la santé du terrien lambda – ça aussi ça existe chez nous – et d'autres part, il commence à y avoir des pannes incompréhensibles.

Et là l'auteur fait intervenir Waldo. Ce type est un croisement entre Dr House et Tony Stark : un génie scientifique hors norme, obèse, atteint d'une maladie neuromusculaire chronique tellement douloureuse et fatigante qu'il s'est exilé en orbite, en apesanteur. Se colleter à cette maladie grâce à une volonté sans limite a développé chez lui un égoïsme et une misanthropie taille XXL. Pour Waldo, les hommes sont des « singes nus », de gros débiles au cerveau épais, des outils défectueux « mais bon y'en a pas d'autres ». Voir dialoguer et penser ce personnage truculent est l'un des délices de ce court bouquin.

Faut bien l'avouer, le roman est très orienté techno. Heinlein adopte son ton professoral pour détailler sciences et techniques avec brio, beaucoup d'imagination et une solide logique. Ce genre de choses me plaît bien, à moi, mais il faut bien admettre que cela peut rebuter.
La résolution du problème de l'énergie mène vers des voies très originales, y compris des voies magiques mais abordées par une méthode scientifique. C'est toute la conception de l'univers qui est remise en question, ajoutant une structure à notre monde matériel qui ressemble assez à ce que Poul Anderson décrit dans sa nouvelle « Dans l'ombre » (ça ne vous aide pas, mais faut pas que j'en dise trop).

J'ai cependant été déçu par le chemin que prend le récit dans la dernière partie. le personnage de Waldo s'adoucit trop et fait une fixette sur un point que je peux comprendre, mais qui oublie finalement la belle construction d'univers conçue peu à peu. C'est un peu comme si, plongé dans un magnifique paysage de montagnes, prairies, cascades et marmottes, Waldo ne se concentrait plus que sur les lacets de ses chaussures.
Cela n'empêche pas Robert Heinlein de savoir parfaitement où il va, car la fin reboucle parfaitement avec le prologue.

Une novella de qualité donc, mais comportant une forte densité technologique assez âpre susceptible de rebuter.
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