Pete Tarslaw prend conscience qu'il doit changer sa petite vie banale en voyant tout un tas d'écrivains faire fortune en publiant des navets. Qu'à cela ne tienne : lui aussi peut le faire ! A lui les femmes, le fric, le château en bord de mer et la célébrité ! Et pour publier un truc qui fera assurément vendre, Pete se plonge dans l'étude des livres à succès qui l'entourent et se met à taper. L'aventure ne fait que commencer...
Toi, lecteur qui ne te laisse pas avoir par Musso, Levy et Cie, ce livre est pour toi, cet auteur est ton dieu !
Ce roman est absolument brillant de cynisme. Il satirise le monde de l'édition mais surtout le goût du public de masse en littérature, qui a tendance à ne plus trop regarder à la qualité au profit du sensationnel et de l'humain. La première partie de cette biographie fictive est complètement jubilatoire, pleine d'intelligence et de vérités cinglantes. On assiste à la création d'un pur navet dans une logique marketing ébouriffante et un esprit de fronde culottée contre la masse consumériste. C'est extrêmement bien fait, hyper perspicace et clairvoyant, on ne peut pas s'empêcher de rire régulièrement.
Pete rentre dans le jeu pourri du monde de l'édition et ça marche. Et non seulement l'auteur s'amuse des circonstances de la publication de son "chef-d'oeuvre", mais il en profite aussi pour critiquer le monde des médias et de la comm' d'aujourd'hui, qui sont clairement le déclencheur réel des ventes. Car même (et justement) quand il se trouve dans la tourmente, les ventes explosent. Traduction : un bouquin ne se vend que par rapport au bruit qu'il fait en sortant. Hely développe souvent l'idée pourtant bien connue que de nombreuses oeuvres restent dans l'ombre malgré leur qualité parce qu'ils ne répondent pas à des codes de ventes stupides ou des codes d'appréciation de masse.
Certes, l'histoire ralentit pas mal dès la deuxième partie, quand Pete pense qu'il peut enfin se considérer comme écrivain parce qu'il est invité, interviewé, qu'il prend un verre avec d'autres auteurs célèbres ou se tape la reine des polars. Mais à y regarder de plus près, il y a là également une condamnation claire des écrivains à fric qui entretiennent leur statut sur de faux-semblants. Traduction : de bonnes ventes ne font pas d'un écrivain un écrivain excellent, voire de qualité.
L'arrivée d'Hollywood aborde en outre un autre aspect de la qualité d'un livre publié, entre l'envie d'adapter des livres juste parce qu'ils se sont bien écoulés et le désir de les transformer juste pour le grand spectacle afin de booster le nombre d'entrées, toujours dans le but ultime de faire du pognon dans ce monde où les blockbusters sont bien des films d'action et de super-héros et pas des films profonds à tendance dénonciatrice. Traduction : c'est bluffant de réalisme, alarmant pour l'Art.
Et puis, et puis... Après cette baisse de régime en deuxième partie, la fin offre une dernière conclusion moralistico-jouissive par le biais d'une interview-vérité qui offre sur un plateau d'argent toute la supercherie. Car dans ce passage, Hely enfonce tout simplement encore plus le clou en démontrant que prendre des gens pour des cons, ça fait encore plus vendre. Traduction : encore merci le bruit.
Raconté comme une biographie (ce que l'on ne comprend vraiment bien qu'à la fin) à l'aide de phrases très bien placées et éminemment significatives comme la toute première ("Vous devez comprendre dans quelle situation calamiteuse je me trouvais à l'époque"), qui suit un extrait du roman écrit en question, ce roman dénonce ingénieusement de nombreux aspects de la littérature d'aujourd'hui, avant de se terminer sur un joli passage sur lequel certains auteurs à succès devraient méditer.
Traduction : malgré quelques temps morts, une vraie réussite.
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