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Critique de lebelier


Un ex-général quinquagénaire, redevenu Colonel suite à une opération militaire discutable, vit ses derniers instants et ses dernières amours à Venise en compagnie d'une jeune fille de 19 ans de l'aristocratie vénitienne. Il a ses entrées au Harry's, sorte de bar-restaurant où il a formé une sorte de société secrète mythique avec le gérant, qu'il appelle le « Gran Maestro. »
Le roman commence et finit avec une chasse aux canards sauvages où le temps frais ne permet pas au Colonel de tuer beaucoup de proies. Puis il rejoint sa belle dans une Venise d'après-guerre où les combattants sont respectés. Lui-même a une main blessée et infirme que la jeune fille aime à cajoler.
Comme il est resté impuissant, la séduction n'est que platonique et il lui fait l'amour en quelque sorte en racontant sa guerre. On sait au départ qu'il a une maladie de coeur -physique celle-là- qui va l'emporter dans un proche avenir. Il fait donc un peu le jeune homme en se vantant ou s'invente un passé de héros aux yeux de la jolie Renata.
Les jours se suivent et se ressemblent, de l'hôtel Gritti au Harry's. On mange, on boit, on plaisante, on s'allonge, on raconte, on se dit qu'on s'aime (je ne sais combien de fois). C'est la dernière bluette du vieux militaire, il en profite. Les chapitres sont courts comme les nuits du soldat et les jours qui passent avec l'être aimé.
Les dialogues sont nombreux et répétitifs. Qu'ont-ils à se dire ? l'attirance ne s'explique pas. Seule la narration des « exploits » du colonel meuble la conversation ponctuée de « I love you » récurrents.
En revanche, on s'attache à l'ambiance que Hemingway donne de cette atmosphère crépusculaire de « la fin de quelque chose », cette Venise bombardée qui se réveille comme la jeune fille le matin, dans un monde ancien et martyrisé. On panse les blessés avec ce que l'on peut.
Alors trois étoiles seulement ? Parce que d'abord, ça manque un peu d'humour, de mise à distance, on ne se moque pas assez de soi-même dans ce roman. Bien sûr il y a le fameux style d'Hemingway, tout en litotes et non-dits, il faut lire et parfois relire entre les lignes, mais là c'est un peu systématique. Et puis le thème de l'impuissant qui a fait la guerre, des héros qui n'en sont pas toujours, de la jeune fille intéressée par ce qu'a vécu son amoureux blanchi sous le harnois, c'est à la fois du déjà-vu, du Hemingway style « j'écris que sur ce que j'ai vécu » , un peu une redite moins puissante de « l'adieu aux armes. »
Bref, mon Hemingway préféré reste dans les premiers romans et notamment « le soleil se lève aussi » qui m'avait donné envie de suivre Papa Hem' un peu plus loin.
“Across the River and Into the Trees” ne fait pas partie des Hemingway essentiels, à mon sens. Malgré tout un roman tout-à-fait lisible.
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