AU LOIN
J'ai regardé au loin
J'ai vu quelque chose qui bougeait
Je me suis approché
J'ai vu un animal
Je me suis encore approché
J'ai vu un homme
Je me suis encore approché
Et j'ai vu que c'était mon frère.
L'ANNEAU
Pour les fiançailles d'amour
Des peuples redevenus frères
Les hommes construiront un jour
Par dessus continents et mers
Par dessus rives et rivières
Un pont sans arches ni piliers
Un pont qui tiendra dans les airs
Sans aide aucune à rien lié
Comme un grand arc-en-ciel de pierre
Qui fera le tour de la Terre.
Marcel Béalu
DANS MON PAYS
Dans mon pays, on ne prête pas
On partage.
Un plat rendu
n'est jamais vide:
du pain, quelques fèves
ou une pincée de sel.
Tahar Ben Jelloun
"Il est beau de dire
qu'on est français de souche,
me dit l'arbre,
mais nous savons que les forêts
semées aux quatre vents
sont toutes aussi belles.
Nos racines nous aident à nous rejoindre,
à partager l'eau, à nous prévenir des tempêtes.
A quoi serviraient-elles
si elles tournaient juste en rond
autour de nous
comme un papillon fou
en l'absence de fleurs ?"
Carl Norac
Préface
L’autre, femme ou homme, de la même espèce que moi,
et pourtant différent, comment le regarder ?
Comment me comporter face à lui ?
Si je vois en lui un ennemi qui me menace, qui me fait peur,
je ne songe qu’à me défendre contre lui, et pour mieux
me défendre, à l’attaquer. C’est cela le racisme.
Si je vois en lui un obstacle qui gêne ma progression,
je ne cherche qu’à le dépasser, à l’éliminer. C’est cela la compétition
qui transforme la vie de chacun en une suite de batailles
parfois gagnées, en guerre toujours perdue.
Pour être réaliste, je dois voir en l’autre une source qui contribuera
à ma propre construction. Car je suis les liens que je tisse ;
me priver d’échanges c’est m’appauvrir.
Le comprendre, c’est participer à l’Humanitude.
La poésie est le plus mystérieux et parfois le plus efficace
moyen d’échange. Les poèmes rassemblés ici sont des sources
convergentes apportant au lecteur la douceur de l’eau
et la violence du torrent.
Albert Jacquard
D’ailleurs et d’ici
Ali bafouille son français
Giuseppe rêve du soleil
Kasongo agite une amulette
Amalia rit de ses lèvres de
poivron José gigote sa samba
Dans la cour
ils éclatent en rires clairs
sur la marelle dessinée
Et moi Benoît
seul dans mon coin
où l’ombre devient fraîche
je déballe une sucette
parce que mon papa
croit que les rois sont blancs.
// Michel Voiturier Belgique (15/04/1940 - )