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Critique de Fabinou7


Quel bel objet… anecdotique certes, n'empêche qu'une jolie peinture, une couverture un peu rêche, un bruit qui traduit toute la résistance de la page qui se corne, un interligne aéré qui laisse à l'imagination le champ libre entre deux paragraphes sont autant de petits détails esthétiques que ne peuvent ignorer les fétichistes du livre-objet.

Pierre Herbart est un écrivain français, résistant et journaliste à Combat avec Albert Camus, il fut le compagnon des nuits d'opium de Jean Cocteau et le secrétaire particulier d'André Gide qu'il accompagna lors de son fécond séjour en U.R.S.S.

« Depuis mon plus jeune âge, je voulais écrire (…) rarement un goût plus certain fut plus constamment négligé ». Herbart narrateur s'invite en quelques occasions dans ce récit, mi roman, mi biographique de ses amours masculins de jeunesse. D'une écriture plus cristalline, plus transparente que la préciosité d'un Éric Jourdan et d'une plate beauté sans impudeur loin d'un Hervé Guibert, Herbart leur ouvre pourtant la voie, dès 1953 avec ce récit sociologiquement audacieux « que l'on recommande à quelques-uns » pour reprendre la préface prudente d'Albert Camus. Et de fait, Herbart n'est lu que par quelques-uns.

« On ne peut posséder un sourire, mais seulement l'écraser avec sa bouche. » D'une grande jalousie, Herbart connaîtra sa vie durant des passions amoureuses, il épousera notamment la mère de la fille de Gide. Pour autant rien ne vaut à ses yeux les émois de la jeunesse.
Ces passions adolescentes souvent tragiques mais d'une beauté et d'une naïveté totale dans leurs transports, ces sentiments éthérés, comme l'écriture d'Herbart, cet « état de grâce » on ne le vit que lorsqu'on est jeune, quand on a la liberté de l'inconscience, quand on se donne sans réserve, que l'on voit son reflet dans le regard de l'autre et que l'on croit que c'est à jamais. le passage du temps est suspendu jusqu'à vingt-cinq ans, là où s'achève ce roman.

Mais, comme l'écrivait Boileau, « chaque âge a ses plaisirs » et il ne tient qu'à nous de faire de chaque âge, sinon “L'âge d'or”, du moins une période pas tout à fait perdue pour le bonheur.

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