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Critique de Tachan


Avec cette saisissante couverture signé Aurélien Police, nous retrouvons donc Leto II, fils de Paul dans cette suite se déroulant des millénaires plus tard. Si le tome précédent avait été un gros coup de coeur et mon préféré jusqu'à présent, le soufflet est quelque peu retombé ici.


Qu'on ne se mente pas, cela reste de la SF diablement prenante à lire, très bien écrite et où la plume de l'auteur devient vraiment de mieux en mieux. le hic ? C'est que malgré cela, j'ai clairement l'impression que le fond devient de plus en plus classique et répétitif. Ce n'est donc plus la claque des débuts.

Pourtant, on ne peut être que fasciné avec un héros comme Leto, cet homme qui s'est laissé transformé en ver des sables géants pour le bien de tous. J'adore tous les passages décrivant celui-ci, son corps mais aussi son état d'esprit et ses sentiments. Il me fascine, certes d'une manière un peu glauque et frissonnante, mais quand même. Je trouve l'idée du saut dans le temps pour le retrouver une fois la transformation bien avancée et son projet politico-écologique également, très bien vue. On se retrouve ainsi face à un nouvel univers, un nouveau paysage et de nouveaux personnages. le hic à nouveau, c'est que l'ensemble reste assez superficiel. L'auteur répète sans cesse les mêmes phrases et l'intrigue tiendrait sur bien moins de pages s'il divaguait moins... J'aurais vraiment aimé plus de force et d'audace.

On se retrouve à la place avec un récit centré à la fois sur le projet de Leto, celui des Ixiens avec sa fiancée Hwi mais aussi des forces de l'Empire qui sont encore pas loin malgré le sommeil qu'on leur impose. Nous découvrons tout cela à travers les Mémoires volées de Leto qui accompagnent chaque chapitre en incipit mais également l'histoire à travers le personnage de Siona, la fille de Moneo, sur laquelle Leto compte beaucoup pour la suite de son mystérieux projet. Et avec eux, nous avons également la société des Truitesses, nouvelle armée d'élite des Atréïdes et les Freemen de musée, qui portent bien leur nom, et ont totalement dépéri. Tout cela donne une ambiance qui se veut assez morose, celle d'un monde sur le déclin, c'est du moins l'apparence qu'il veut donner mais au fond tout bouillonne et c'est là que ça devient passionnant.

Malgré une narration un peu mollassonne et répétitive qui manque de nerf, on ne peut que suivre, fascinée, le plan que Leto tente de mettre en branle à la fois autour du ver qu'il devient et des implications de ceci sur la nouvelle transformation d'Arakis, et également autour de Siona et du nouveau ghola de Duncan pour créer de nouveaux Atréïdes qui échapperaient aux plans des autres instances de pouvoir de l'Empire. Excellent ! Tout se met en place assez lentement et de nombreux coups de théâtre viennent émailler cela, ralentissant et faisant diverger les projets parfois, montrant que même le meilleur plan a des failles.

Ce mélange de politique, d'écologie, de génétique et d'introspection qui se fait ici a de quoi surprendre. On prend une toute autre direction que celle des débuts, je trouve. L'auteur remet à nouveau en question la figure du héros qu'il avait monté avec Paul. Il en donne un nouvel écho déformé qui interroge avec cet Empereur-Dieu martyr qui se sacrifie pour le bonheur du plus grand nombre, du moins selon son idée, mais se comporte en tyran en attendant, donnant une vision assez sombre et sans concession du pouvoir sur la masse populaire. J'aime énormément ces noires nuances.

En revanche, je suis bien plus partagée une fois de plus quant à la question des femmes dans cette oeuvre. L'auteur me met souvent mal à l'aide avec l'utilisation qu'il fait d'elle. Tantôt, il semble créer des personnages d'une grande finesse et/ou force qui m'émeuvent comme Hwi et Siona. Tantôt, il propose une instrumentalisation de celles-ci et de leur sexualité qui me dérange profondément, mais je crois que c'est justement son but et il y réussit donc parfaitement.

La nouvelle proposition de l'auteur pour qu'un "messie" échappe à son destin m'a donc autant fascinée que perturbée. J'ai adoré le personnage de Leto, probablement celui qui m'a le plus fascinée dans la saga avec Alia. Mais j'ai trouvé la narration vraiment bancale dans ce nouveau tome et j'aurais aimé une intrigue moins en huis clos, plus sensationnelle et en écho avec la qualification d' "oeuvre-monde" qu'on donne souvent à la saga. Là, je me suis sentie un peu enfermée, à l'étroit, dans une histoire de famille qui finalement se répète un peu avec ces héros cherchant à protéger leur descendance en échappant à leur destin. Émouvant, remuant et foncièrement intrigant, Dune reste un indispensable dans ma culture SF mais un indispensable non moins dépourvu de failles.
Lien : https://lesblablasdetachan.w..
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