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Critique de Pavlik


Au poker, le plus important, c'est de savoir quand on doit bluffer.

"Le Dragon sous la Mer" est le premier roman de Frank Herbert. C'est avant tout un huis-clôt, ayant pour cadre un sous-marin, dans un contexte de guerre. le contexte est peu explicité, l'auteur se contentant d'évoquer une guerre (qui dure), entre les Puissances Orientales et les Etats-Unis.

La pénurie de pétrole guette l'Amérique. Vingt missions successives ont échoué à ramener l'or noir, dont la nation a grand besoin. Il s'agit de missions sous-marines, dont le but est d'aller siphonner le pétrole dans des puits situés sous la mer, en zone ennemie. L'ennemie, justement, semble disposer de beaucoup de moyens sous-marins, je veux dire des submersibles performants et, par ailleurs, peut compter sur l'action de réseaux d'espions efficaces, implantés de longues dates aux Etats-Unis : les hibernants. Enfin, la psychose a touché un certain nombre d'équipages, sans que l'on sache vraiment pourquoi. Ramsey, du bureau psychologique, est donc affecté sur le sous-marin du commandant Sparrow, dans le cadre d'une mission cruciale, dans les eaux arctiques...

Le contexte est bien "science-fictionnel" mais dans la forme, ce roman est d'abord un thriller, dont l'ambiance est assez étouffante. La vie, les contraintes d'un équipage de sous-mariniers sont plutôt bien rendues, d'autant plus que l'on parle ici d'un équipage très réduit (quatre personnes). le récit n'est pas découpé en chapitres, il est d'un seul bloc, la forme est en adéquation avec le fond. Comme dans "Dune", je trouve que l'auteur emploie des codes du théâtre : unité de lieu, phrases qui s'apparentent à des didascalies, monologues de Ramsey qui explicitent ses pensées...C'est assez significatif de son style, peut-être...

Les nombreux termes techniques liés aux manoeuvres du sous-marins alourdissent quand même l'ensemble du texte et demande au lecteur de faire un effort ou de pouvoir passer outre, mais si on aime les ambiances confinées et paranoïaques on saura l'apprécier. Herbert, comme dans "Dune", amène, sans que cela représente le fond du propos, une réflexion sur la religion, qu'il met en parallèle avec la psychanalyse. Il a lui-même exercé en tant que psychanalyste (et non pas psychologue, comme j'ai pu voir écrit dans certains commentaires. Ce n'est pas non plus sa formation initiale : il était d'ailleurs plutôt un touche à tout curieux qu'autre chose). Les mécanismes psychologiques, qui permettent à l'homme de s'adapter à des pressions extrêmes, sont d'ailleurs un thème également abordé, et de manière plus direct...mais il ne faut pas exagérer non plus cette dimension. Un des ressorts romanesques important utilisé par Herbert est de savoir si l'équipage est "infecté" par un hibernant. La fin est, pour moi, assez satisfaisante et je dirais...équilibrée.

En conclusion je dirais que, pour un premier roman, c'est vraiment convaincant et il montre déjà tout le talent de l'auteur. Mais ce n'est pas un texte rassembleur, susceptible de plaire au plus grand nombre, même chez les amateurs de science-fiction : ce n'est donc pas un texte "commercial", mais le roman d'un homme de lettre avant tout.

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