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Critique de TableRonde


L'or noir, et ses mystères (certes de Polichinelle)
Où l'aventure inachevée en noir & blanc, terminée en couleur puis partiellement redessinée.

Depuis sa création, le sujet de cette aventure (contrôle des zones pétrolifères et guerres des sources d'énergie) n'a pas cessé d'être d'actualité jusqu'à ce jour. Il a été objet de tensions et prétexte de guerres.

Mais, ce qui m'interpelle le plus dans cet album sont ses défauts de cohérence.

Je commence par celui qui me gêne le plus : le manque de cohérence graphique.
On ressent rapidement qu'un assez long passage a été entièrement redessiné alors que le reste a été (heureusement !) laissé en l'état original de la première version couleur.
En effet, une partie de l'Or noir, « bénéficie » d'un graphisme modernisé dans ce passage qui va des docks la nuit jusqu'au moment où les Dupondt entament leur inénarrable traversée du désert (ce ne sont pas des Lawrence d'Arabie, ces deux-là !). Ce graphisme est en véritable rupture avec celui du tout début et du reste de l'histoire. Malheureusement, Tintin n'a pas échappé à cette modernisation.
Pour les mêmes raisons qui ont prévalu pour la « reprise » de l'Île Noire, c'est-à-dire toucher le public britannique, Hergé devait revoir la copie de l'Or noir. Mais ici nul besoin de moderniser les dessins, il s'agissait d'actualiser et d'« apaiser » l'Histoire du Proche-Orient : plus de présence de l'armée britannique, plus de descriptions des tensions judéo-arabes, ni anglo-juives.
Mais, entre-temps, le coup de crayon d'Hergé avait beaucoup évolué. A sa décharge, sûrement lui était-il difficile d'offrir cette unité graphique qui manque tant à cette aventure.
En revanche, je trouve qu'Hergé aurait pu profiter de ce toilettage historique pour redessiner la vignette où l'on entend la Castafiore et lui donner une allure plus féminine.

Je poursuis avec la mystérieuse absence du capitaine pendant les cinquante premières pages.
Alors que l'album sort en 1950, soit dix ans après la création d'Haddock, et cinq après celle de Moulinsart et de Tournesol, ces deux personnages et le château, pourtant si présents dès lors qu'ils ont été créés, font preuve d'une quasi-totale absence toute singulière.
Certes, très vite, un bien bref appel téléphonique entre Tintin et Haddock nous explique que ce dernier est mobilisé.
Dès qu'il n'est plus mobilisé, Haddock réapparait « comme un cheveu sur la soupe » et reprend tout son espace, ses jurons et sa place de souffre-douleur, notamment en victime des facéties du si « cher » Abdallah. Point de « bouille » de Tournesol, juste une lettre de celui-ci, et une photo sépia de Moulinsart « ruiné ».
L'explication est « simple et compliquée » à la fois comme tente de le dire en vain Haddock : la création de l'Or noir a débuté, juste après le Sceptre d'Ottokar, c'est à dire avant celle du Crabe aux pinces d'or et l'arrivée d'Haddock. Mais l'histoire a dû être brutalement stoppée en 40, par les Allemands à Bruxelles.
Hergé y emprisonnera Tintin, sur le Karaboudjan, pour la rencontre décisive d'Haddock.

C'est en 1950 qu'il reprendra l'Or noir pour sa mise en couleur et son achèvement.

Dans cette aventure, les Dupondt atteignent des Everest de bêtises. le comique à répétition, si cher à Hergé, trouve ici toute sa force. Leur incompréhension du désert est déboussolant, c'est le cas de le dire !
Abdallah est un véritable concentré pur jus de Quick et Flupke, il ne s'arrête même pas pendant une seule demi-seconde. Aucun n'y échappera, même celui qui veut mettre fin à ses jours ! Il a de l'épaisseur celui-là et, partant, du potentiel pour les aventures futures.
Une fois encore, bien sûr que l'édition originale couleur est à préférer, certes dans sa version fac-similé.

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