Citations sur Le marionnetiste (15)
"La joie, le bonheur, c'est comme l'amour et le sexe, ça commence et ça finit. Ca finit toujours, parce que nous confondons le bonheur avec nos désirs. Ce qui nous attire, ce n'est pas le bonheur, c'est le désir. Mais le désir est un leurre perpétuellement renouvelé, parce qu'il cesse d'exister dès qu'il est assouvi. Le désir assouvi n'est plus un désir. S'il s'évapore parfois en laissant place au bonheur escompté, cette illusion ne dure jamais longtemps, elle est aussi éphémère que l'envie qui l'a fait naître." (p.119)
"[...] j'étais abasourdi par la justesse de ses phrases. Qui était-elle? Un bébé-Nobel-éprouvette? Le fruit des amours d'Amélie Nothomb et de Bill Gates?" (p.162)
"Il règne dans tous les établissements de jeux une atmosphère reconnaissable entre toutes. Dès que vous poussez la porte, la musique hypnotique des machines à sous invite à la danse. Et vous n'entendez qu'elle, car au paradis des bandits manchots, la parole n'est pas d'argent et le silence est d'or." (p.71)
Que des choses dont on pouvait se passer ailleurs, mais que l’on prenait à Venise pour tromper l’ennui. Oui, l’ennui, parce qu’au bout du compte, Venise, c’est tout petit, et après en avoir fait plusieurs fois le tour, gavé de beauté, saturé de grandeur, on ne trouve plus rien d’autre à faire que s’assoir à la terrasse d’une auberge. Boire sans soif, manger sans faim, dépenser sans nécessité l’argent qu’on ne peut décemment distribuer aux nécessiteux…
Venise ; à la fois cité d’exception où flottent dans une atmosphère irréelle tous les Arts y compris l’art de vivre, et ville-musée réservée aux touristes avides de beauté, sans aucun savoir-vivre !
Oui, vraiment, c’est fou comme une minute de lucidité peut vous assécher l’âme ! Le masque venait de tomber et Venise pour la seconde fois, m’apparut différente. Venise, terre stérile qui ne nourrit personne, ni hommes ni bêtes, ville fictive, ville creuse, ville fantôme où rôde toujours le spectre du luxe et de la luxure. Ville bâtie sur l’eau. Ville bateau. Bateau fantôme. Bateau de pierrailles dont le pont supérieur s’appelle ‘Place Saint Marc’. Pont sur lequel le quatuor du Florian, en perpétuel habit de soirée, s’obstinait à jouer, même s’il n’y avait plus personne pour l’écouter, comme sur le pont du Titanic, juste avant de sombrer…
Dire « Nous sommes allés à Venise ensemble » vaut tous les certificats de mariage. Des plus jeunes qui s’embrassent sans complexe aux plus âgés qui s’enlacent encore par la taille… De ceux qui se mangent des yeux, à ceux qui se tiennent par l’auriculaire, le message est toujours le même : « Regardez comme on s’aime ! », et la photo qui immortalisera cet instant vaudra pour preuve aux yeux de ceux qui, obligatoirement, n’auront plus qu’à les envier.
Parce que cette ville, tout le monde la connaît, même ceux qui n’y sont jamais allés. Tout le monde souhaite s’y promener un jour, tout le monde rêve d’une balade nonchalante en gondole. Tout le monde sait qu’ici le temps s’étire à l’infini.
À Venise nous ne croisons que des gens souriants, aimables, polis, des visages hâlés de vacanciers heureux et satisfaits, des personnes en bonne santé qui respirent la joie de vivre. On se photographie ici et là, on affiche son sourire dans tous les coins de la ville, on s’extasie de la beauté qui nous entoure, de cette beauté dont on nous avait tant parlé avant de venir, de cette beauté dont on parlera à notre retour et dont il faut absolument s’imprégner avant de repartir.
À trop admirer les statues, on finit par devenir de marbre.
On ne se sert jamais de sa maîtresse comme alibi auprès de sa femme ! Ou volontairement… pour brouiller les pistes.
Dans un couple, il y en a toujours un sur les deux qui aime plus que l’autre, et qui par conséquent est appelé à souffrir. Je ne veux pas être celle qui souffrira le plus, c’est tout.