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Un roman troublant. Une plume hypnotique.

C'est un vrai tour de force d'être parvenu à écrire un texte si intense en si peu de pages. Je découvre ce célèbre auteur néerlandais avec cet
étrange récit qui laisse un sentiment vertigineux de solitude et de dévastation.

Le roman s'ouvre sur le Front de l'Est durant la seconde guerre mondiale où déambule un soldat un peu perdu slalomant entre cadavres, pluie de projectiles et restes fumants d'un avion militaire abattu. En mission dans une ville d'eaux ravagée par les combats il s'éloigne de son régiment de partisans soviétiques en pleine bataille contre les allemands et découvre une demeure étonnamment intacte, préservée des tires, silencieuse et vide bien qu'habitée.
Déboussolé et assoiffé il entre dans la bâtisse et emporte alors le lecteur dans un univers où il perd ses repères tout comme le héros, à la frontière entre rêve et réalité. La Maison cossue et calme dénote avec le chaos de la guerre et sera un oasis de paix temporaire. le temps à l'intérieur semble s'être arrêté et la scène figée. le soldat se sent rapidement en « terrain conquis » et prend ses aises jusqu'à ce que quelqu'un toque à la porte, s'ensuit alors une série d'événements où la tension monte menant à des scènes anxiogènes et parfois incongrues jusqu'à une apocalyptique fin qui nous souffle littéralement.

Ce texte allégorique et nihiliste dénonce avec talent l'absurdité de la guerre, la destruction de la civilisation mais évoque aussi le chaos intime, la noirceur de la nature humaine par le biais de ce personnage déshumanisé et rendu insensible.
Entre atmosphère un peu irréelle, dure réalité, mensonges et faux semblants on ne sait où l'auteur veut nous mener mais on ne peut lâcher le récit.

Un bref mais puissant voyage dans les abîmes de l'homme.

Vraiment saisissant!
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Willem Frederik Hermans, né à Amsterdam le 1er septembre 1921 et décédé le 27 avril 1995 à Utrecht, est incontestablement un des plus importants écrivains des Pays-Bas du XXe siècle. Durant ses presque 60 ans d'activités créatives, il a pratiquement raflé tous les prix littéraires de son pays.

Son chef-d'oeuvre reste, à mon avis, son roman "La chambre noire de Damoclès" de 1958, suivi de "Ne plus jamais dormir" de 1966.
De son long séjour à Paris de 1973 à 1991, l'auteur à laissé son roman "Au pair" de 1989, qui a été également son tout dernier.

"La maison préservée" est en fait une nouvelle de quelque 70 pages, parue initialement en 1952 comme "Het behouden huis" ou en Anglais "The Untouched House".

Le narrateur, non identifié, se retrouve, au bout de quatre ans au front lors de la dernière guerre mondiale, tout à coup dans un endroit isolé et abandonné, qui a été avant le conflit apparemment une ville thermale comme Divonne-les-Bains en France ou Spa en Belgique.
En face de lui se dresse une superbe bâtisse, dans laquelle il décide de s'installer jusqu'à la fin des hostilités et de s'y faire passer comme le propriétaire.

Notre bonhomme explore à sa guise cette énorme demeure, sauf une chambre au premier étage, hermétiquement fermée à clef et devant laquelle bizarrement un chat miaule...

Seulement, la guerre n'est pas terminée et des officiers et soldats allemands, en fuite devant la progression de l'armée rouge, se pointent à la maison miraculeusement préservée, où ils sont accueillis avec plein d'égards par le nouveau proprio !

Cette nouvelle constitue une analyse sans ménagement du comportement humain dans des conditions exceptionnelles, telle notamment une guerre atroce. Elle essaie de comprendre, en d'autres termes, jusqu'où un être humain est capable d'aller pour survivre.

Bien que du point de vue purement littéraire un exploit, le récit lui-même s'avère ainsi néanmoins dur et claustrophobique, dans la mesure qu'il reflète l'angoisse des personnages liée aux événements de guerre.

Le grand romancier britannique Ian McEwan a qualifié cette nouvelle de guerre comme "magnifiquement élaborée et lugubrement comique".
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Court roman et heureusement c'est à couper le souffle. C'est la guerre, le narrateur ne sait pas où il se trouve nous non plus. Il est dans des vignes sur le point d'être vendangées, ça canarde sec autour de la petite troupe de partisans rampants, de nationalités diverses. Chacun ne parle que sa langue, la communication est impossible. Et là cela m'a fait penser à epépé de Ferenc Karinthy.
Pourtant il rencontre un espagnol qui parle un peu de français comme lui.

« - Quand il m'arrivait de penser à lui par la suite, je disais le « yesero ! » J'ai depuis consulté un dictionnaire espagnol, ça veut dire « stucateur ». - un métier dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence et dont on ne saisit en quoi il consiste. » Page 16

Les allemands sont quelque part, de l'autre côté de la colline.
Le narrateur est perdu, sale, épuisé, et surtout tenaillé par la soif. Il n'est pas un partisan pur jus, Il a quitté la Hollande il y a quatre ans de cela, emprisonné par les allemands, il s'évade, maintenant il porte un uniforme russe, suit les ordres et tue à la demande.
Le sergent de la bande de partisans envoie le narrateur à la découverte d'une bourgade dont ils ont pris le contrôle afin qu'il y sème des « bobby trap ! » ; objets apparemment anodins qui explosent quand on les touche.

Le narrateur se retrouve à errer dans une station thermale abandonnée par ses habitants, il est attiré par la vue d'une belle demeure bourgeoise entourée d'une grande pelouse en pente douce baignée de soleil. Fasciné, il pénètre dans la maison qui semble vidée de ses occupants, toutes portes ouvertes. Il se délecte d'un bain chaud, choisit des vêtements pas tout à fait à sa taille, trouvé dans une armoire et mange goulument une soupe qui mijotait doucement dans la cuisine….

Le narrateur décide de laisser la guerre derrière lui et s'installe, endossant le rôle très confortable, de propriétaire de la demeure. Il y a néanmoins une porte fermée à clef mais dont aucun son n'émane et dont les fenêtres, donnant sur l'arrière de la maison, sont occultées de tentures noires…

La tension monte lorsque l'on frappe à la porte, le narrateur décide de se faire passer effectivement pour le propriétaire. Mais que se passerait-il si le légitime propriétaire montrait le bout de son nez ?

Une nouvelle que le lecteur lit en apnée, magnifique écriture au scalpel, une traduction qui se coule dans le travail de l'écrivain, qui montre avec horreur ce dont l'être humain lambda est capable quand l'occasion se présente.
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Lorsque le chaos s'empare de tout, lorsque le bruit et la fureur immergent le monde, lorsque l'on a plus de repère, pas même celui de son identité, il reste parfois le rêve caché d'un havre de calme…
Comme une oasis enfouie dans un coin de notre esprit, auquel on n'ose penser pour ne pas sentir trop le poids de la réalité, mais le rêve d'un refuge est bien là.
Et lorsque le brouillard se lève pour laisser ce rêve incongru se matérialiser, alors soudain plus rien ne compte, il faut s'y réfugier, le conserver, le préserver, quel qu'en soit le prix.
Une maison préservée dans les ruines, un bol de soupe, une baignoire immaculée, des cigarettes, un canapé… le calme, les étoffes bien pliées, l'odeur du linge propre, les draps craquants de fraicheur, un jardin en fleurs… La maison préservée, c'est le refuge dont rêvent les soldats, arrachés à leur vie depuis si longtemps qu'ils ne savent désormais que survivre. Et soudain, ils se rappellent, ce refuge ils en ont rêvé, ils l'ont souhaité, de tout coeur. Il n'y a pas d'autres solutions que d'y croire, entrer, s'isoler de tout, oublier le chaos, profiter du bonheur infini de retrouver de petits plaisirs, s'inventer un semblant de quotidien bourgeois, mentir pour ne plus voir l'atroce réalité du monde qui nous attend.
Mais il ne suffit pas de tirer les rideaux pour occulter le chaos.
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Un cauchemar … une guerre … des bruits qui éclatent au milieu d'on ne sait pas quoi … des corps qui tombent et que l'on piétine … de la boue qui éclabousse … des ordres qui se contredisent ou incompréhensibles.
Soudain comme dans un rêve … l'accalmie, une maison … lieu indemne dans un paysage ravagé … une oasis au milieu du champ de bataille … tout est propre … tout est calme … une soupe chaude et goûteuse … un bain chaud … un lit douillet avec des draps propres … des provisions à profusion … des bouteilles qui attendent d'être ouvertes.
Imaginez les mots pour décrire tout cela et vous pourrez peut être entrer dans l'univers de Willem Frederik Hermans.
Une petite nouvelle qui en peu de mots vous fera vivre pendant quelques temps l'enfer d'une guerre et suivre l'errance d'un pauvre hère dans un monde apocalyptique !
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Ce roman a paru au Pays-Bas en 1952 . Il n'était pas disponible dans une traduction française jusqu'à maintenant parce que Hermans, qui parlait parfaitement le français — il a vécu à Bruxelles et à Paris — n'était pas satisfait des traductions.Quelque part sur le front de l'Est, alors que la fin de la guerre semble se profiler, un narrateur néerlandais non identifié se retrouve enrôlé dans un groupe de soldats soviétiques et est envoyé en reconnaissance dans une ville d'eaux dévastée.
Au milieu des décombres, comme si le temps s'était arrêté, se dresse une imposante demeure miraculeusement épargnée par les combats. L'homme y pénètre et s'y aménage un refuge inespéré, allant jusqu'à se prendre pour le maître des lieux lorsque l'on vient frapper à la porte…

L'écriture est belle mais la lecture déroutante et terrifiante… Sommes-nous dans un rêve ? un cauchemar ? une illusion ?

La fin avec des airs de Tarantino est effrayante ... Comment des hommes réagissent à la guerre et à ses horreurs ? Comment les hommes sont-ils capables telles actions ?

Ce roman interpelle sur l'absurdité et l'horreur de la guerre.

Lien : https://www.plkdenoetique.co..
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Un roman à vif, une prose percutante immergeant le lecteur dans les aberrations de la guerre. Notre héros est déshumanisé, sans identité hormis sa nationalité, il avance insensible pour survivre. le lecteur le suit en apnée jusqu'à cette bouffée d'oxygène, l'apparition de cette maison préservée, intacte.. le temps d'un bain chaud on oublie la guerre et ces horreurs, un court instant seulement parce que la fin approche, tout s'accélère, c'est hallucinant et digne d'une fin de film de Tarantino !
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Première traduction française de ce roman, paru aux pays-Bas en 1952, de l'auteur hollandais Willem Frederik Hermans, présenté comme un écrivain majeur en son pays, à raison, et plus encore.
Il semble que l'auteur ait estimé les traductions soumises dans les années 60 trop médiocres pour être publiées...
Et il eût été dommage, en effet, de dénaturer un tel bijou.

Je ne pense pas possible, sans lui faire outrage, de résumer de manière pertinente ce roman, court, mais particulièrement intense, dans lequel le fond et la forme se percutent pour faire perdre au lecteur tous ses repères, ses certitudes et toute notion de bien ou de mal.
L'action se situe à la fin de la seconde guerre mondiale. On y découvre aux premières lignes un soldat hollandais enrôlé depuis 4 ans chez les partisans soviétiques.
Il est au milieu des fracas, il essaie d'avancer dans les vignes, se prend les pieds dans les mottes de terre, cherche un abri.
L'écriture est sèche, les phrases brèves, enchainées dans une sorte d'incohérence un peu hébétée qui nous laisse imaginer très précisément ce que doit être un homme après 4 ans de combats.
Et puis, envoyé en éclaireur dans un village abandonné de ses habitants, il découvre une maison intacte.
Il y a de la soupe sur le feu, un manteau négligemment abandonné sur un bout de canapé, mais aucun occupant ne se manifeste.
Le soldat s'abandonne à un confort dont sa mémoire même n'avait gardé que quelques traces, et s'installe, délaissant la guerre, sa mission, ses supérieurs, alors que l'écriture s'adoucit, se fait plus enveloppante.
Mais un jour un officier allemand frappe à la porte et notre soldat commet sa première erreur en se présentant comme le propriétaire des lieux.

A partir de là l'inquiétude ne cesse de grandir, les zones d'ombres distillées dans la maison par Hermans se répandent en une lente marée noire, dans laquelle toutes les réalités se muent en illusions.
Débute alors une escalade hallucinatoire confinant à la folie, qui nous laisse aussi dépassé et impuissant que le petit soldat, témoin d'un inéluctable engloutissement de toute forme d'humanité.
L'auteur ne fait preuve d'aucune complaisance à l'égard des hommes, de leur médiocrité, leur hypocrisie et de leur incapacité à préserver leur existence même.
Publié au sortir de la deuxième guerre mondiale, il semble que ce roman n'ait pas reçu un accueil très chaleureux...
Et pour cause, la terrifiante lucidité dont l'auteur fait preuve était probablement difficile à entendre à cette époque.

"La maison préservée" se lit le souffle court et se referme dans un sentiment de sidération inouïe.
Impressionnant.
Lien : https://chatpitres.blogspot...
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La 2e guerre mondiale touche à sa fin. Un hollandais qui s'est joint à l'armée des partisans luttant contre l'Allemagne fait irruption dans une luxueuse villa apparemment vide mais miraculeusement intacte, une maison préservée, et décide d'y vivre et de se faire passer pour son propriétaire. Peu après, un officier allemand et son régiment se présentent. Une des portes de l'étage est fermée. Dehors la guerre suit son cours, cruelle.

Ce sont seulement quelques-uns des ingrédients qu'a utilisé l'auteur pour nous fournir ce roman qui m'a véritablement tenu en haleine du début à la fin et que j'ai terminé sur une grosse sensation diffuse d'amertume. Comme dans un film de Tarantino, nous passons avec une facilité déconcertante de l'humour au cynisme le plus profond. Tout ce que la guerre permet en extrayant le pire de l'être humain nous est servi bien chaud. L'absence de remords, les trahisons, la violence sont omniprésentes. Tout au plus l'auteur nous concède t'il quelques notes d'espoir, bien ténu, dans la bienveillance de l'être humain. Et tout cela, dans une maison...

Un très bon livre

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C'est la première fois que je lis un texte de Willem Frederik Hermans, auteur majeur de la littérature néerlandaise du XXè siècle, et que je ne connaissais pas. Pour une première, la rencontre a parfaitement fonctionné ! En 80 pages à peine, l'auteur plante avec brio le décor : une maison bourgeoise, quelque part en Europe de l'est, abandonnée précipitamment par ses occupants. Un soldat néerlandais, enrôlé dans les forces soviétiques, y est envoyé en reconnaissance, et s'y installe pour un temps, s'octroyant ainsi une parenthèse hors du temps. Mais la guerre et les hommes ne sont jamais loin. C'est bien cette parenthèse magique qui m'a emballé, ces quelques instants volés, dans une Europe en plein guerre mondiale. Pour autant, le soldat n'est ni un ange, ni un philanthrope, il veut surtout qu'on le laisse en paix et demeurer là pour toujours, niant aveuglément la réalité. J'ai juste un petit bémol sur la toute fin, l'arrivée des troupes soviétiques, qui se conduisent comme des sauvages là où les forces allemandes agissent avec toute la culture qui les caractérise. Cette scène m'a semblé un peu trop caricaturale. Mais cela n'a pas gâché mon plaisir, et je relirai certainement d'autres titres de cet auteur.
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