Court roman et heureusement c'est à couper le souffle. C'est la guerre, le narrateur ne sait pas où il se trouve nous non plus. Il est dans des vignes sur le point d'être vendangées, ça canarde sec autour de la petite troupe de partisans rampants, de nationalités diverses. Chacun ne parle que sa langue, la communication est impossible. Et là cela m'a fait penser à epépé de
Ferenc Karinthy.
Pourtant il rencontre un espagnol qui parle un peu de français comme lui.
« - Quand il m'arrivait de penser à lui par la suite, je disais le « yesero ! » J'ai depuis consulté un dictionnaire espagnol, ça veut dire « stucateur ». - un métier dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence et dont on ne saisit en quoi il consiste. » Page 16
Les allemands sont quelque part, de l'autre côté de la colline.
Le narrateur est perdu, sale, épuisé, et surtout tenaillé par la soif. Il n'est pas un partisan pur jus, Il a quitté la Hollande il y a quatre ans de cela, emprisonné par les allemands, il s'évade, maintenant il porte un uniforme russe, suit les ordres et tue à la demande.
Le sergent de la bande de partisans envoie le narrateur à la découverte d'une bourgade dont ils ont pris le contrôle afin qu'il y sème des « bobby trap ! » ; objets apparemment anodins qui explosent quand on les touche.
Le narrateur se retrouve à errer dans une station thermale abandonnée par ses habitants, il est attiré par la vue d'une belle demeure bourgeoise entourée d'une grande pelouse en pente douce baignée de soleil. Fasciné, il pénètre dans la maison qui semble vidée de ses occupants, toutes portes ouvertes. Il se délecte d'un bain chaud, choisit des vêtements pas tout à fait à sa taille, trouvé dans une armoire et mange goulument une soupe qui mijotait doucement dans la cuisine….
Le narrateur décide de laisser la guerre derrière lui et s'installe, endossant le rôle très confortable, de propriétaire de la demeure. Il y a néanmoins une porte fermée à clef mais dont aucun son n'émane et dont les fenêtres, donnant sur l'arrière de la maison, sont occultées de tentures noires…
La tension monte lorsque l'on frappe à la porte, le narrateur décide de se faire passer effectivement pour le propriétaire. Mais que se passerait-il si le légitime propriétaire montrait le bout de son nez ?
Une nouvelle que le lecteur lit en apnée, magnifique écriture au scalpel, une traduction qui se coule dans le travail de l'écrivain, qui montre avec horreur ce dont l'être humain lambda est capable quand l'occasion se présente.