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Daniel Cunin (Traducteur)
EAN : 9782072880513
80 pages
Gallimard (09/03/2023)
3.9/5   46 notes
Résumé :
Quelque part sur le front de l’Est, alors que la fin de la guerre semble se profiler, un homme se retrouve enrôlé dans un groupe de soldats soviétiques et est envoyé en reconnaissance dans une ville d’eaux dévastée.
Au milieu des décombres, comme si le temps s’était arrêté, se dresse une imposante demeure miraculeusement épargnée par les combats. L’homme y pénètre et s’y aménage un refuge inespéré, allant jusqu’à se prendre pour le maître des lieux lorsque l’... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (12) Voir plus Ajouter une critique
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Un roman troublant. Une plume hypnotique.

C'est un vrai tour de force d'être parvenu à écrire un texte si intense en si peu de pages. Je découvre ce célèbre auteur néerlandais avec cet
étrange récit qui laisse un sentiment vertigineux de solitude et de dévastation.

Le roman s'ouvre sur le Front de l'Est durant la seconde guerre mondiale où déambule un soldat un peu perdu slalomant entre cadavres, pluie de projectiles et restes fumants d'un avion militaire abattu. En mission dans une ville d'eaux ravagée par les combats il s'éloigne de son régiment de partisans soviétiques en pleine bataille contre les allemands et découvre une demeure étonnamment intacte, préservée des tires, silencieuse et vide bien qu'habitée.
Déboussolé et assoiffé il entre dans la bâtisse et emporte alors le lecteur dans un univers où il perd ses repères tout comme le héros, à la frontière entre rêve et réalité. La Maison cossue et calme dénote avec le chaos de la guerre et sera un oasis de paix temporaire. le temps à l'intérieur semble s'être arrêté et la scène figée. le soldat se sent rapidement en « terrain conquis » et prend ses aises jusqu'à ce que quelqu'un toque à la porte, s'ensuit alors une série d'événements où la tension monte menant à des scènes anxiogènes et parfois incongrues jusqu'à une apocalyptique fin qui nous souffle littéralement.

Ce texte allégorique et nihiliste dénonce avec talent l'absurdité de la guerre, la destruction de la civilisation mais évoque aussi le chaos intime, la noirceur de la nature humaine par le biais de ce personnage déshumanisé et rendu insensible.
Entre atmosphère un peu irréelle, dure réalité, mensonges et faux semblants on ne sait où l'auteur veut nous mener mais on ne peut lâcher le récit.

Un bref mais puissant voyage dans les abîmes de l'homme.

Vraiment saisissant!
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Willem Frederik Hermans, né à Amsterdam le 1er septembre 1921 et décédé le 27 avril 1995 à Utrecht, est incontestablement un des plus importants écrivains des Pays-Bas du XXe siècle. Durant ses presque 60 ans d'activités créatives, il a pratiquement raflé tous les prix littéraires de son pays.

Son chef-d'oeuvre reste, à mon avis, son roman "La chambre noire de Damoclès" de 1958, suivi de "Ne plus jamais dormir" de 1966.
De son long séjour à Paris de 1973 à 1991, l'auteur à laissé son roman "Au pair" de 1989, qui a été également son tout dernier.

"La maison préservée" est en fait une nouvelle de quelque 70 pages, parue initialement en 1952 comme "Het behouden huis" ou en Anglais "The Untouched House".

Le narrateur, non identifié, se retrouve, au bout de quatre ans au front lors de la dernière guerre mondiale, tout à coup dans un endroit isolé et abandonné, qui a été avant le conflit apparemment une ville thermale comme Divonne-les-Bains en France ou Spa en Belgique.
En face de lui se dresse une superbe bâtisse, dans laquelle il décide de s'installer jusqu'à la fin des hostilités et de s'y faire passer comme le propriétaire.

Notre bonhomme explore à sa guise cette énorme demeure, sauf une chambre au premier étage, hermétiquement fermée à clef et devant laquelle bizarrement un chat miaule...

Seulement, la guerre n'est pas terminée et des officiers et soldats allemands, en fuite devant la progression de l'armée rouge, se pointent à la maison miraculeusement préservée, où ils sont accueillis avec plein d'égards par le nouveau proprio !

Cette nouvelle constitue une analyse sans ménagement du comportement humain dans des conditions exceptionnelles, telle notamment une guerre atroce. Elle essaie de comprendre, en d'autres termes, jusqu'où un être humain est capable d'aller pour survivre.

Bien que du point de vue purement littéraire un exploit, le récit lui-même s'avère ainsi néanmoins dur et claustrophobique, dans la mesure qu'il reflète l'angoisse des personnages liée aux événements de guerre.

Le grand romancier britannique Ian McEwan a qualifié cette nouvelle de guerre comme "magnifiquement élaborée et lugubrement comique".
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Court roman et heureusement c'est à couper le souffle. C'est la guerre, le narrateur ne sait pas où il se trouve nous non plus. Il est dans des vignes sur le point d'être vendangées, ça canarde sec autour de la petite troupe de partisans rampants, de nationalités diverses. Chacun ne parle que sa langue, la communication est impossible. Et là cela m'a fait penser à epépé de Ferenc Karinthy.
Pourtant il rencontre un espagnol qui parle un peu de français comme lui.

« - Quand il m'arrivait de penser à lui par la suite, je disais le « yesero ! » J'ai depuis consulté un dictionnaire espagnol, ça veut dire « stucateur ». - un métier dont on n'aurait jamais soupçonné l'existence et dont on ne saisit en quoi il consiste. » Page 16

Les allemands sont quelque part, de l'autre côté de la colline.
Le narrateur est perdu, sale, épuisé, et surtout tenaillé par la soif. Il n'est pas un partisan pur jus, Il a quitté la Hollande il y a quatre ans de cela, emprisonné par les allemands, il s'évade, maintenant il porte un uniforme russe, suit les ordres et tue à la demande.
Le sergent de la bande de partisans envoie le narrateur à la découverte d'une bourgade dont ils ont pris le contrôle afin qu'il y sème des « bobby trap ! » ; objets apparemment anodins qui explosent quand on les touche.

Le narrateur se retrouve à errer dans une station thermale abandonnée par ses habitants, il est attiré par la vue d'une belle demeure bourgeoise entourée d'une grande pelouse en pente douce baignée de soleil. Fasciné, il pénètre dans la maison qui semble vidée de ses occupants, toutes portes ouvertes. Il se délecte d'un bain chaud, choisit des vêtements pas tout à fait à sa taille, trouvé dans une armoire et mange goulument une soupe qui mijotait doucement dans la cuisine….

Le narrateur décide de laisser la guerre derrière lui et s'installe, endossant le rôle très confortable, de propriétaire de la demeure. Il y a néanmoins une porte fermée à clef mais dont aucun son n'émane et dont les fenêtres, donnant sur l'arrière de la maison, sont occultées de tentures noires…

La tension monte lorsque l'on frappe à la porte, le narrateur décide de se faire passer effectivement pour le propriétaire. Mais que se passerait-il si le légitime propriétaire montrait le bout de son nez ?

Une nouvelle que le lecteur lit en apnée, magnifique écriture au scalpel, une traduction qui se coule dans le travail de l'écrivain, qui montre avec horreur ce dont l'être humain lambda est capable quand l'occasion se présente.
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Lorsque le chaos s'empare de tout, lorsque le bruit et la fureur immergent le monde, lorsque l'on a plus de repère, pas même celui de son identité, il reste parfois le rêve caché d'un havre de calme…
Comme une oasis enfouie dans un coin de notre esprit, auquel on n'ose penser pour ne pas sentir trop le poids de la réalité, mais le rêve d'un refuge est bien là.
Et lorsque le brouillard se lève pour laisser ce rêve incongru se matérialiser, alors soudain plus rien ne compte, il faut s'y réfugier, le conserver, le préserver, quel qu'en soit le prix.
Une maison préservée dans les ruines, un bol de soupe, une baignoire immaculée, des cigarettes, un canapé… le calme, les étoffes bien pliées, l'odeur du linge propre, les draps craquants de fraicheur, un jardin en fleurs… La maison préservée, c'est le refuge dont rêvent les soldats, arrachés à leur vie depuis si longtemps qu'ils ne savent désormais que survivre. Et soudain, ils se rappellent, ce refuge ils en ont rêvé, ils l'ont souhaité, de tout coeur. Il n'y a pas d'autres solutions que d'y croire, entrer, s'isoler de tout, oublier le chaos, profiter du bonheur infini de retrouver de petits plaisirs, s'inventer un semblant de quotidien bourgeois, mentir pour ne plus voir l'atroce réalité du monde qui nous attend.
Mais il ne suffit pas de tirer les rideaux pour occulter le chaos.
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Un cauchemar … une guerre … des bruits qui éclatent au milieu d'on ne sait pas quoi … des corps qui tombent et que l'on piétine … de la boue qui éclabousse … des ordres qui se contredisent ou incompréhensibles.
Soudain comme dans un rêve … l'accalmie, une maison … lieu indemne dans un paysage ravagé … une oasis au milieu du champ de bataille … tout est propre … tout est calme … une soupe chaude et goûteuse … un bain chaud … un lit douillet avec des draps propres … des provisions à profusion … des bouteilles qui attendent d'être ouvertes.
Imaginez les mots pour décrire tout cela et vous pourrez peut être entrer dans l'univers de Willem Frederik Hermans.
Une petite nouvelle qui en peu de mots vous fera vivre pendant quelques temps l'enfer d'une guerre et suivre l'errance d'un pauvre hère dans un monde apocalyptique !
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critiques presse (3)
LeMonde
21 avril 2023
La Maison préservée, paru aux Pays-Bas en 1952, raconte l’histoire d’un soldat, pendant la seconde guerre mondiale. Dans une maison élégante, épargnée par miracle, l’homme se retrouve momentanément à l’abri des combats et peut enfin souffler.
Lire la critique sur le site : LeMonde
SudOuestPresse
21 avril 2023
On redécouvre l’œuvre de cet auteur néerlandais majeur disparu en 1995 et qui de voir son oeuvre traduite par hantise de la médiocrité des transcriptions.
Lire la critique sur le site : SudOuestPresse
LeFigaro
27 mars 2023
Les phrases laconiques, un peu décousues, hébétées, sont hypnotiques. On perd ses repères comme il a perdu les siens. Dans les pages suivantes, le contexte se précise quelque peu. Il a retrouvé sa troupe de partisans bulgares, tchèques, hongrois et roumains auprès desquels il combat sous uniforme russe. Il ne comprend rien à ce qu’ils disent: bienvenue à Babel.
Lire la critique sur le site : LeFigaro
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
Certains médecins affirment que le coup de foudre ne résulte pas de la vision, mais de l'odorat. Tellement persuadé de ne pouvoir se fier à personne, l'humain ne se laisse jamais convaincre par ce qu'on lui dit ou ce qu'on lui montre. Une odeur - à la faible portée, que tout parfum supplante sans jamais toutefois en triompher - ne saurait donner le change, car elle est créée et recréée en permanence. La puanteur est toujours là, invariable. Seule la puanteur raconte la vérité.
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Quiconque se contente de réfléchir ne fait que l'expérience d'un contact partiel avec soi-même. Voir revêt une bien plus grande valeur. Voir, c'est tout. Se voir soi-même comme un autre, cela serait synonyme de salut. Mais voilà, il nous est impossible de passer du bon côté.
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« De l’eau chaude s’échappa tout de suite de l’un d’eux. Un robinet d’eau chaude de l’eau véritablement chaude ! De tout la guerre, on n’avait encore jamais vu ça ! » Page 26
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L'un d'eux avai essayé de s'enfuir. Le lendemain matin, il était allongé sur la route, face vers le ciel. Personne n'osa le pousser sur le côté. On passa sur lui, posant nos semelles sur son cadavre pour ne pas perdre le rythme du pas cadencé.
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Un Allemand sortit en se précipitant vers la route. Je l'abattis. De même un deuxième, un troisième, un quatrième. Ils se pliaient en deux, pareils à des papillons vivants que l'on transperce; je les tuais d'une épingle de deux cents mètres de long.
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