Le coureur grimace et singe l'effort dans une recherche paradoxale de victimisation, de sa douleur et de sublimation de sa performance. Le marcheur, lui, rejette le masochisme l'ego. Le marcheur se dispose au sourire.
Tout le reste de l’appartement sentait bon New York et la culture américaine, avec ce canapé vert deux places qui accueillerait si souvent nos ébats et avec cette grande table ovale en bois foncée entourée de six chaises dépareillées. Au mur, une affiche correctement encadrée de l’une des œuvres les plus célèbres du MOMA, celle de la boite de soupe Campbell d’Andy Warhol.
J’avais souvent eu peur, et là, je ne craignais plus rien. J’avais touché le bonheur.
C’est au moment d’attraper le journal et de m’asseoir sur le canapé de velours gris que l’évidence de ce bonheur enfoui a éclaté. Un jour, j’ai été heureux, et je ne le savais pas.
La société de l'immédiateté est l'ennemie du rêve. Toujours tout vouloir tout de suite, c'est s'empêcher la douceur de l'espoir (...)."
En fait, un misanthrope, c’est quelqu’un qui a trouvé une magnifique excuse pour ne pas être emmerdé.
Le marcheur peut lever la tête, la tourner vers la droite, la tourner vers la gauche et même regarder derrière lui quand le coureur est figé sur sa route et ne distingue que des objets ralentisseurs. Des ennemis. Un joli banc fraîchement repeint est un joli banc fraîchement repeint pour qui avance lentement, mais il est un obstacle à éviter pour qui se précipite dans son obsédante foulée. Le marcheur existe sur la photo du présent. Le coureur ignore la vie qui se déroule malgré lui. Le coureur grimace et singe l’effort dans une recherche paradoxale de victimisation de sa douleur et de sublimation de sa performance. Le marcheur, lui, rejette le masochisme et l’ego. Le marcheur se dispose au sourire.