L'ornière de Hesse n'est pas une lecture jubilatoire. Elle rentre assez confortablement dans la catégorie de l'exercice littéraire typique de l'époque : le roman d'apprentissage (ou roman initiatique). Mais la lecture est tout de même agréable et douce : on sent poindre le style qu'exercera Hermann pour ses ouvrages futurs (notamment pour
le Loup des steppes ou même
Narcisse et Goldmund). Pour le coup, je pense avoir préféré
Demian, plus mystique que celui-ci. Mais
l'Ornière est défendable : on y suit un jeune homme qui prend peu à peu vie sous la plume (le départ était difficile, je trouve) et qui acquiert un caractère (à force de recevoir des coups de triques de la part de la vie elle-même... et de ses professeurs). Et les personnages secondaires sont charmants... et mériteraient de plus amples incarnations. Son ami Hermann Heilner par exemple, pourrait être bien plus profond, car les bases sont là. le père également, ou les jeunes filles du village mériteraient des caractères approfondis, et d'autres encore.
Il ne faut donc pas s'attendre à rêver dans ce livre (contrairement à
Narcisse et Goldmund, quelle merveille !). Mais pour tout amateur de
Hermann Hesse il peut être bon de le lire : pour creuser l'auteur, ses thèmes de prédilection, le développement de son style, etc. L'histoire en elle-même est belle, triste mais chaleureuse, et l'on referme tout de même ces pages avec un petit pincement au coeur pour cette pauvre âme anéantie par les nombreuses blessures reçues au cours de ce sombre apprentissage de la vie...
Commenter  J’apprécie         111