Les doigts rouges

Polar très psycho-sociologique que j'ai bien aimé. Pas de suspens, du moins pas longtemps. Très rapidement les parents Akio, des gens ordinaires menant avec la mère vieillissante du mari une vie apparemment sans histoires, apprennent que leur fils de 14 ans est responsable de la mort de la petite fille dont le cadavre gît dans leur jardin. S'en débarrasser ne pose pas plus de problèmes que de cas de conscience. Ce n'est que lorsque les policiers interviennent pour mener l'enquête que petit à petit cette vie ordinaire va dévoiler un à un tous les dysfonctionnements de cette famille dont les membres vivant les uns à côté des autres, ne semblent pas s'encombrer de sentiments. Seul le fait de sauver la face et de conserver ce qui reste d'un confort médiocre semble les préoccuper et les amène à se poser la question : à qui faire porter le chapeau de ce crime?
Au fur et à mesure de la lecture je me suis dit : non, quand même ils ne vont pas faire pas faire ça, tant la solution adoptée rompant tous les codes familiaux est transgressive pour une société japonaise où l'on croit qu'ils sont encore respectés.
Et ce, d'autant que le policier principal chargé de l'enquête, lui même confronté à l'agonie de son propre père, fait passer avec un froid détachement son travail avant tout,et ne s'en laissera pas détourner mènera avant d'être arrivé à ses fins.
C'est un roman assez noir, où l'affect n'a que peu d'importance, dans lequel les relations intergénérationnelles sont finement décortiquées, et comme toujours chez Higashino une analyse critique de la société japonaise.