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Avec " Les doigts rouges", je renoue avec Keigo Higashino que j'avais un peu délaissé après avoir été déçue par "la prophétie de l'abeille" et "l'équation de plein été".
Je retrouve ici, ce que j'avais aimé dans "le dévouement du suspect X" ou encore "un café maison". Dans "les doigts rouges", nous faisons connaissance avec la famille Maehara et je dois dire que je suis bien contente de ne laconnaître qu'à travers ce roman. Yaeko, la mère de famille est diabolique et tout à fait détestable, c'est le portrait, pour moi, d'une tête à claques. Si je peux comprendre, qu'en tant que mère, on soit prêt à beaucoup, pour sauver son fils, je n'ai absolument pas supporté, son attitude bornée. le fils, Naomi, ne vaut pas mieux, même tête à claques ! . Akio, le père quant à lui, a reçu mes faveurs, il m'a fait de la peine et j'ai ressenti de la compassion pour lui.
Ce roman tourne autour d'une enquête, menée par le duo de cousins Kaga et Matsumiya, après la découverte d'un meurtre, que l'on sait dès le début commis pas Naomi.
Parallèlement à cette enquête, on suit également en filigrane l'histoire de ces cousins à travers le père de Kaga.
La psychologie des personnages est finement décrite avec beaucoup de subtilité. J'ai beaucoup aimé la fin pour ne pas dire les deux fins. Je suis contente de retrouver le Keigo Higashino que j'aime. Avec cet auteur, on découvre toujours avec subtilité, une facette du Japon.
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Aimer son enfant et vouloir le protéger justifie t'il de cacher quelque chose d'aussi abominable que le meurtre d'une petite fille ?
Le personnage principal de ce roman policier japonais a la désagréable surprise de découvrir le corps sans vie d'une enfant de 7 ans dans son jardin, un soir, en rentrant du travail.
C'est son fils de 14 ans qui l'a étranglé et qui depuis, est retourné tranquillement jouer au jeu vidéo dans sa chambre en laissant le soin à ses parents de se débrouiller pour « arranger » les choses.
Avec un début pareil, on se doute que le roman va être noir et c'est le cas.
Car en plus de l'enquête policière classique sur la mort de la petite fille, nous découvrons comment les japonais d'aujourd'hui s'occupent des personnes âgées et dépendantes, la vieillesse et la sénilité étant un des thèmes abordés dans ce roman.
Avec une écriture pleine de délicatesse, Keigo Higashino nous fait pénétrer au coeur de la société japonaise, il nous montre ce que « perdre la face » signifie pour les japonais, qui sont alors prêts à tout pour éviter d'avoir honte et préserver leur réputation.
Un roman policier d'une grande finesse psychologique et abordant avec intelligence des thèmes forts.
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Amateurs/trices de suspense insoutenable, d'actions au détour de chaque page, mieux vaut sans doute passer votre chemin. Les doigts rouges de Higashino Keigo est plutôt une étude sociétale et familiale sous couvert d'une enquête policière. Une petite fille est retrouvée morte dans les toilettes d'un petit parc publique, dans un quartier résidentiel calme. D'emblée, l'auteur nous révèle qui a tué et dans quelles circonstances. Au temps pour le suspense et le sens de l'intrigue, pourrait-on penser. Pourtant, l'observation scrupuleuse des rapports entre les membres d'une famille vaut largement le détour et le temps consacré à la lecture de ce roman somme toute peu épais.

L'auteur scrute et présente avec le ton neutre qui est sa marque les relations entre mari et épouse, entre les différentes générations, les frères et soeurs, ... Les crises conflictuelles de l'adolescence sont mises en avant et le jeune en question mériterait à plus d'un titre une sévère remontée de bretelles. La vieillesse et la dépendance voire la sénilité des parents sont également détaillées. Les doigts rouges, de ce point de vue, est une véritable présentation romanesque de ce que les essais de sociologie démontrent pour le Japon depuis déjà un bout de temps.
La cellule familiale telle qu'elle est montrée ici met très mal à l'aise, de différentes façons. On passe par diverses émotions avec le récit de Higashino sans jamais tomber dans un manichéisme simpliste ou une détestation viscérale.

L'étude de cette famille se double des relations de cousinage des deux policiers principaux. Leurs propres démêlés familiaux s'esquissent au fil des chapitres, avec de surprenantes révélations.

Au final, Les doigts rouges est un roman qui se lit avec grand intérêt et qui, au delà des frontières et des différences civilisationnelles, nous renvoie à nos propres rapports entre membres d'une famille. le livre présente des sentiments ambigus et complexes, révélateurs d'un certain délitement de la sphère familiale et d'une faille intergénérationnelle croissante au Japon.
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Pas toujours facile d'élever des adolescents de nos jours ...
Sans vouloir généraliser, il faut souvent négocier leurs crises de rébellion, alors même que l'autorité parentale devient obsolète.
Ils savent tout mieux que vous, et en cas de désaccord votre expérience ne fait plus de vous qu'un vieux con à leurs yeux.
Ils peuvent être insolents, ils ne décollent plus le nez des réseaux sociaux, constamment absorbés par leur ordinateur ou leur smartphone.
Les résultats scolaires passent au second plan, seules les fêtes où circulent alcool et substances illicites trouvent désormais grâce à leurs yeux.
Ils attendent que vous soyez toujours disponible pour eux, et il leur semble en contrepartie tout aussi naturel de ne jamais l'être pour vous.
S'ils ont plus ou moins conscience de vos sacrifices financiers ou du temps que vous passez pour eux, ils estiment que c'est tout naturel.
Ils n'ont finalement plus besoin de vous que pour manger ou laver leur linge ( et vite de préférence ! ) : Pour le reste ils sont en revanche assez émancipés pour gérer leur vie telle qu'ils l'entendent.
Eh bien vous ne le saviez peut-être pas, mais finalement vous avez de la chance.
Celle de ne pas avoir un adolescent comme Naomi à gérer.

Ce n'est pas du linge sale que Maehara Naomi, quatorze ans, laisse à ses parents ce soir-là. C'est le cadavre de la petite Yuna, une fillette de sept ans. Il l'a étranglée, mais bon ... il a juste serré un peu trop fort. Ca n'était pas prémédité.
A cause de l'odeur d'urine, il a quand même déplacé le corps dans le jardin, après quoi il est retourné dans sa chambre jouer à la console. Il n'a perdu ni l'appétit, ni le sommeil.
Pour le reste, que sa mère et son père se débrouillent ! Ils sont là pour ça, non ? Pour réparer ses petites bêtises ?
Quand Yaeko, la maman, découvrira ce que son fils colérique a fait, elle appellera son conjoint encore au bureau afin qu'il rapplique en vitesse.
Et c'est ainsi qu'Akio, le mari, se retrouve face à un problème inattendu qu'il doit gérer au mieux et au plus vite. Il essaie d'interroger son fils pour savoir ce qui s'est passé, comment c'est arrivé et en gros, les seules réponses qu'il parviendra à arracher à son meurtrier de fils seront "J'ai pas fait exprès" ou "Tu m'embêtes, j'en sais rien, moi."
Leur adolescent solitaire, qui de toute évidence est très attiré par les trop jeunes filles, se lave totalement les mains de son crime odieux.
Akio doit-il appeler la police et le dénoncer ? C'est son premier réflexe mais sa femme n'est pas du tout d'accord : Cela priverait Naomi de tout avenir et jetterait l'opprobre sur l'honneur de leur famille. Sans oublier qu'ils seraient considérés comme responsables des actes de leur enfant mineur.
"Sa vie sera finie si on sait qu'il a tué une petite fille !"
"Tu crois vraiment que les gens seront prêts à l'accepter quand même ? Comment ferais-tu, toi ? Tu traiterais une personne qui a commis un tel crime comme tout le monde ? "
Mais quelle alternative ont-ils ?
Le couple affolé, totalement dépassé par les évènements, réfléchit alors à la meilleure solution possible, s'improvisant hors-la-loi pour protéger Naomi et commettant au passage quelques erreurs de débutants.

Une partie d'échec s'engagera ensuite entre la famille Maehara et les policiers, représentés ici par deux cousins qui enquêtent ensemble sur le meurtre de la petite Yuna : Matsumiya et Kaga.
"Au point où nous en sommes, nous devons prévoir le prochain coup."

Toute cette partie du roman en fait un petit bijou d'humour noir.
Les doigts rouges est considéré par l'éditeur comme l'une des oeuvres les plus sombres de Keigo Higashino, et elle l'est d'ailleurs à bien d'autres égards, mais je n'ai pu m'empêcher de sourire en découvrant cet improbable point de départ et la folle spirale qui s'ensuit.
Entre ce gosse infect qui refuse d'assumer ses actes, ces parents qui sont désemparés et tentent tant bien que mal de trouver une solution pour que soit épargné Naomi et l'étau qui se resserre progressivement autour de leur famille au fur et à mesure que progresse l'enquête, j'ai pris un malin plaisir à m'immiscer dans cette famille dysfonctionnelle en guettant les réactions de chacun, en observant leurs idées folles pour échapper à la justice.
Rien de bien imprévisible dans le déroulement des évènements, qu'on anticipe la majorité du temps, mais ça n'est en rien gênant puisque le livre joue davantage sur l'ambiance et la psychologie des personnages. Et réserve de toute façon de belles surprises dans son final.

Au-delà du roman policier et de l'alternance entre les conclusions des enquêteurs et les improvisations maladroites de la famille Maehara, Les doigts rouges évoque principalement le phénomène du vieillissement de la population au Japon sous un angle tant social que culturel. Et plus largement, les liens entre les membres d'une même famille, notamment entre les enfants et leurs parents. Au Japon, il est tout à fait normal de voir réunis sous le même toit trois générations puisque la tradition veut que les familles accueillent leurs parents lorsque ceux-ci ne peuvent plus être indépendants.
"Mais de toute façon, il est dans l'ordre des choses que les enfants s'occupent de leurs parents, non ?"

Cela, Keigo Higashino va l'illustrer au travers des deux familles qui s'affrontent ici : les Maheara et les deux cousins policiers.

Le père de Kaga est hospitalisé et ses jours sont comptés. Pourtant, son fils refuse de le revoir. Très proche de son oncle, Matsumiya ne comprend pas l'attitude de son cousin. Quel terrible secret a pu provoquer une telle discorde entre les deux ? Très proche du malade qui est aussi son père de substitution, Matsumiya va tout faire pour rapprocher Takamasa de son fils avant qu'il ne soit trop tard.
"Il a mené une vie solitaire, et il peut aussi mourir seul."

Quant aux Maehara, ils ne se sont pas mariés par amour et Akio a du faire de nombreux compromis pour son épouse, en particulier après la naissance de leur enfant. Yaeko a accepté de vivre avec sa belle-mère Masae à condition de ne pas avoir à s'en occuper, et le couple a déménagé dans sa maison peu après le décès du père d'Akio qui, victime d'Alzheimer, était retombé en enfance avant de s'éteindre définitivement.
"Il s'est servi de mes produits de beauté et il s'est enduit les doigts de mon rouge à lèvres. Il se conduit comme un petit enfant."
D'abord valide et indépendante, Masae a peu à peu sombré à son tour dans la folie, ne reconnaissant plus son propre fils.
"Elle avait oublié qui elle était."
"Il n'avait jamais pensé qu'après son père, sa mère puisse souffrir de démence sénile."
Rejetée par sa belle-fille, seule Harumi - sa fille - s'occupe d'elle.

Le roman pose donc les questions de la place grandissante des personnes âgées dans la société japonaise d'aujourd'hui ( "Je me sens mal rien qu'à l'idée de devoir prendre soin d'un vieillard atteint d'Alzheimer" ), du poids des traditions, du devoir des enfants envers leurs parents malades, séniles ou grabataires.
Et à l'inverse, celle du devoir des parents envers leur adolescent aux actes aussi irresponsables que monstrueux.
"Les familles paraissent normales de l'extérieur, mais elles ont toutes leur situation propre."

Traduit aujourd'hui mais écrit en 2009, il s'agissait là de ma troisième incursion au pays du soleil levant en compagnie de Keigo Higashino après ses romans La fleur de l'illusion et La maison où je suis mort autrefois.
Et incontestablement, c'est celui que j'ai préféré.
Déjà parce que je me suis habitué très facilement aux patronymes orientaux des personnages, retenant très vite qui était qui sans les confondre, ce qui a facilité mon incursion dans cette culture si riche et si différente.
Parce que malgré la gravité des sujets je me suis malgré tout amusé à voir cette famille si banale en apparence se débattre et nager en eaux troubles pour sauver tant les apparences que leur tête-à-claques de fils psychopathe.
Parce que je me suis totalement laissé surprendre par le final.
Egalement grâce à l'écriture, toujours aussi bien servie par la traduction de Sophie Refle, qui est impeccable, toute en simplicité et néanmoins efficace.
Et parce que le roman est beaucoup plus profond qu'il n'y paraît au premier abord. Pas seulement pour ses réflexions sur l'unité de la famille nippone mais aussi pour l'empathie que vous vous surprendrez à ressentir pour certains personnages, parfois de façon inattendue.

Et puis bien sûr, pour son effet thérapeutique : la prochaine fois que votre ado vous parlera mal ou se mettra en colère pour des broutilles, vous serez finalement ravi(e) et rassuré(e) d'avoir un jeune adulte aussi semblable à ceux de sa génération !

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Vous le savez j'aime énormément Keigo Higashino. Pour moi c'est le maître de la subtilité, de la patience, de l'enquête au pas à pas et c'est ce que j'ai retrouvé dans "Les doigts rouges".
Une famille qui aurait pu être normale mais qui nous apparaît totalement dysfonctionnelle est au coeur de cette intrigue lorsqu'une petite fille de leur quartier est retrouvé morte dans leur jardin. Cette famille, composée du père qui comme beaucoup de japonais, est assez absent de la vie familiale, qui travaille beaucoup et surtout qui semble avoir peu d'intérêt pour les activités domestiques . Sa femme, détestable personnage, qui ne vit que pour son fils adolescent, qui serait prête à tout pour lui éviter l'opprobre et contribuer à sa réussite sociale mais surtout, qui ne semble plus être capable de faire la part des choses. Et ce fils, cet ado meurtrier de la petite fille (je ne divulgue rien car nous le savons dès la première page), véritable hikikomori en puissance, atteint de ce trouble de conduite qui l'isole et le retranche d'une vie normale. Et tout ce beau monde vit dans la maison de la grand-mère paternelle, avec la grand-mère qui semble perdre de ses facultés cognitives assez rapidement.
Avec "Les doigts rouges" on porte la réflexion aux limites du : Jusqu'où sommes-nous prêts à aller, que, qui , quoi serions-nous prêts à sacrifier pour sauver notre enfant meurtrier?
Plus qu'une enquête policière, Higashino nous livre une étude sociétale par le biais de ce portrait familial. Rien n'est laissé au hasard: les liens qui unissent les époux; les relations parentales avec les enfants; les problèmes engendrés par le vieillissement de la population ; la filiation; la fratrie, la sénilité, l'acceptation, le respect. Tout y passe et tout nous est raconté avec ce ton sans jugement mais toujours avec l'oeil acéré de l'observateur avisé et intelligent.
J'ai lu "Les doigts rouges" avec beaucoup d'intérêt et ce titre ajoute encore à la réflexion sur toute la complexité des liens familiaux, thème fort s'il en est un.
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Avec une femme autoritaire, un fils accro aux jeux vidéo et une mère atteinte de démence sénile, le foyer d'Akio Maehara n'est pas exactement le havre de paix que tout salaryman est en droit d'espérer en quittant son travail. Aussi l'homme a tendance à s'attarder au bureau et à terminer sa journée dans un bar avant d'affronter le pénible retour à la maison. Pourtant, quand un soir, son épouse l'appelle presqu'en larmes pour lui demander de rentrer le plus vite possible, Akio s'exécute, inquiet de cette attitude inhabituelle. Chez lui, il découvre, horrifié, le cadavre d'une petite fille dans son jardin. Alors qu'il veut appeler la police, sa femme l'en empêche, prête à tout pour protéger le meurtrier qui n'est autre que leur fils. Convaincu par ses arguments, il se débarrasse du corps et élabore un plan pour tromper la police. Mais l'inspecteur Kyôchirô Kaga n'est pas homme à s'en laisser conter. Doté d'un flair infaillible et d'un sens inné de l'observation, il focalise son enquête sur la famille Maehara, sous l'oeil admiratif de son cousin, nouvelle recrue de la police métropolitaine de Tokyo. Les deux hommes ne sont pas proches et si Matsumiya reconnaît les qualités de policier de son cousin, il ne peut s'empêcher de lui en vouloir de ne pas rendre visite à son père qui se meurt seul dans un hôpital.

Plutôt habitué aux pavés, Keigo Higashino est ici plus concentré. Plus concentré sur le sujet central de son polar : la famille japonaise et sa déliquescence.
L'enfant-roi n'a aucun sens des responsabilités et se décharge entièrement sur ses parents qui doivent gérer ses erreurs. Lui, passe son temps devant un écran et ne communique que pour réclamer à manger. Habitué à recevoir sans jamais donner, à voir ses moindres désirs comblés, il se met en rage à la moindre contrariété et ne connaît ni la gratitude ni le respect. La mère ne vit que pour son enfant, le couve, le protège, devance ses désirs, excuse ses faux pas. le père est tout juste bon à faire bouillir la marmite. Il ne prend aucune décision, s'efface derrière le caractère affirmé de sa femme. Quant à sa propre mère, elle n'est qu'un fardeau. le modèle qui voulait que les enfants s'occupent de leurs parents avec déférence est piétiné par l'envie d'être libre, de vivre sa vie sans s'encombrer d'un parent vieillissant et source potentielle de conflits dans le couple. On frémit d'horreur en côtoyant cette famille qui perd tout sens des valeurs, confrontés à un fils qu'ils aiment mais qu'ils ont fini par craindre. Leur plan pour le sauver est mis à mal par un policier suffisamment expérimenté et observateur pour voir derrière les apparences, débusquer les petits secrets et décortiquer la psychologie de ses suspects.
S'il n'y aucun suspense, aucune effusion de sang ou course poursuite haletante, la tension est bel et bien palpable tout au long de ce roman qui comme tous les précédents est complexe, passionnant et donne à réfléchir. Chez Hishigano, rien n'est jamais tout noir ou tout blanc. Et c'est le cas ici aussi. Car même si les Maehara semblent odieux de prime abord, ils n'en sont pas moins humains, partagés entre dégoût et amour, et on s'attriste de les voir se débattre dans leurs mensonges, leurs vaines tentatives pour sauver les apparences, leur désir viscéral de protéger leur fils et son avenir. Alors odieux oui, mais jusqu'où est-on prêt à aller pour sauver la chair de sa chair ? A méditer.
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Le tout jeune Matsumya, récemment affecté à la direction générale de la police judiciaire de la préfecture de police de Tokyo, est en charge du meurtre d'une petite fille dont le corps a été retrouvé dans les toilettes publics du parc aux ginkgos, dans la banlieue de Tokyo. Il est accueilli par Kaga Kyoichiro, fin limier et expérimenté, qui prend en charge l'enquête et qui n'est pas inconnu de Matsumya. Les deux enquêteurs vont bientôt concentrer leurs recherches sur une famille en particulier, les Maehara avec le père de famille Akio, sa femme Yaeko, leur fils de quatorze ans Naomi et Masae, la mère d'Akio, atteinte de sénilité. Leurs agissements, les incohérences lors des interrogatoires et les hésitations ne font que renforcer la convictions des deux flics.

Dès le début du roman, l'assassin est connu - Naomi, le fils de quatorze ans a étranglé la petite Yuna, et l'intérêt du roman est moins dans la résolution de l'enquête que dans l'analyse de la psychologie des membres de la famille. Des parents d'abord anéantis et incrédules, qui vont ensuite déployer tout un système pour créer ou détruire des indices, s'enfonçant un peu plus dans le déni pour protéger un adolescent qui vit hors-sol et hors du monde réel.
Le lecteur connaît l'auteur du meurtre Higashino dirige le projecteur sur le cercle familial et en particulier dissèque la tempête sous un crâne ou plutôt sous deux crânes, que l'acte du fils a déclenchée, celle des parents, totalement démunis face un ado mutique, désintéressé, ne se rendant même pas compte de la portée de son acte...Entre une mère qui, à force de protection, maintient son fils dans une bulle et un père qui tente mollement de raisonner sa femme mais qui n'a aucune prise sur son fils qu'il craint.
Avec les doigts rouges Higashino aborde le phénomène des hikikomoris, ces adolescents repliés sur eux-mêmes, inaptes aux relations sociales, qui ont parfois été harcelés et se sont réfugiés dans des univers virtuels, incapables de faire face aux réalités même les plus simples comme sortir dans la rue ou entrer dans une épicerie. C'est un tableau assez effrayant d'un phénomène pas aussi rare que cela, qui se développe dans une société nippone ultra connectée mais aussi individualiste où le repli sur soi apparaît comme une protection contre l'agressivité de l'extérieur. Les enquêteurs, avec leur rigueur et leur analyse cartésienne permettent de maintenir le lecteur dans le réel même s'ils ont également leurs propres démons relationnels.
Les doigts rouges est une enquête qui privilégie l'environnement du coupable et met le doigt sur le phénomène hikikomori, assez effrayant qui laisse les parents dans la détresse.
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Une petite fille est tuée par Naomi, le fils de 14 ans d'Akio et Yaeko Maehara. Pas de suspense côté coupable puisque le lecteur le connaît dès le début.
Cette famille ordinaire vit avec la mère d'Akio, veuve, dont la soeur de celui-ci s'occupe. Deux policiers, Kaga Kyoichiro et son jeune cousin, vont enquêter sur ce meurtre. Les soupçons se rapprochant, les parents tenteront d'élaborer toutes sortes de stratagèmes pour couvrir leur fils meurtrier.
Voici pour la brève présentation des principaux protagonistes de ce roman.

Une mère de famille détestable, un adolescent épouvantable et un père faible et lâche, l'auteur nous fait pénétrer dans la société japonaise à travers la famille. Je ne suis pas du tout familiarisée avec celle-ci, mais j'ai apprécié de découvrir cette facette. Les rapports des enfants envers leurs parents âgés, des gens entre eux, le "qu'en dira-t-on", l'acceptation de la vieillesse, de la maladie, de la sénilité, et la grande question : jusqu'où est-on prêt à aller pour protéger son enfant ? ... sont des thèmes abordés dans ce livre. Il y a toute une réflexion sur la complexité des liens familiaux très intéressante.

Un thriller psychologique court (237 pages), resserré, qu'on lit d'une traite une fois familiarisé avec les prénoms japonais. C'est d'une efficacité redoutable. La descente aux enfers programmée d'une famille dysfonctionnelle en décomposition.
Une belle découverte pour ma part.

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J'ai lu quelques polars du même auteur "La fleur de l'illusion", L'équation de plein été, "La lumière de la nuit", "Un café maison", "Le Dévouement du suspect X", "La maison où je suis mort autrefois", "La prophétie de l'abeille"

Tous ces polars ont tous un point commun : à moment donné ceux qui cherchent la vérité (ce ne sont pas toujours des policiers) se confrontent intellectuellement aux coupables. Les preuves matérielles sont souvent peu nombreuses. Ce qui compte le plus : l'énigme. C'est un peu une partie d'échecs. D'ailleurs le shogi (un "jeu d'échecs" japonais joue un rôle dans ce roman-ci).

Ici, les coupables sont connus, les circonstances aussi et ce dès le premier tiers du roman.
Le coeur de l'histoire est "Comment vont-ils échapper au crime commis ?"

Le cadre ?
Une famille japonaise. Chaque famille est différente. Celle-ci a son lot de difficultés, de rancoeurs.
Le mari travaille beaucoup et tard. La femme travaille à temps partiel et en plus s'occupe du foyer. Ils se sont mariés bien plus par convention que par amour. L'auteur dit même qu'elle accepté de se marier, car elle était déjà presque trop âgée. Elle n'aurait plus eu d'occasion de le faire. L'âge est un couperet incroyablement cruel pour les femmes au Japon (j'ai vu quelques "Drama" dont c'est le thème central). Ils ont eu un fils.
Le poids des conventions sociales est énorme et le temps perdu ou enfui ne se rattrape pas


Le décor ?
Le couple s'est installé dans la maison familiale du mari. Ils s'occupent de sa mère qui semble perdre un peu la tête.

Un drame arrive. Une jeune fille est morte. Je ne vous dirais pas par qui est comment (même si on l'apprend assez vite). Ce qui compte le plus ce sont les relations parents-enfants. Comment s'occuper de sa mère, de son fils quand on a peu ou jamais été présent, quand on a fondé sa famille par convention. Qui peut, qui veut, qui doit prendre se (faire) charger de la culpabilité du crime ?

L'auteur a la bonne idée d'élargir ce thème filial aux policiers qui mènent l'enquête.
Les deux inspecteurs ont une connaissance en commun : pour l'un un père qui n'a pas été présent, pour l'autre un oncle qui l'a soutenu. Deux visions si différentes d'une même personne !

C'est un roman plus court que les autres du même auteur. Connaitre les circonstances du meurtre retire une grande partie du suspens au début de la narration. Mais les tentatives de dissimulation, d'acceptation du meurtre instaurent un suspens croissant jusqu'au dénouement.
Lien : https://travels-notes.blogsp..
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Famille en décomposition
Maeha Akio préfère traîner au bureau plutôt que de retourner chez lui. Un jour pourtant, il reçoit un appel de détresse de son épouse Yaeko qui le convainc de rentrer immédiatement. Le cadavre d'une petite fille gît dans le jardin. Sa femme lui apprend que c'est leur fils Naomi, quatorze ans, qui l'a tuée...
L'enquête sera menée par Kaga. Fils de policier et fin limier, il travaille sur cette affaire avec son jeune cousin, Matsumiya. Celui-ci l'admire beaucoup tant pour sa sagacité que pour son humanité. Aussi ne comprend-il pas pourquoi Kaga ne va jamais rendre visite à son père qui se meurt à l'hôpital.
L'intrigue policière est bien construite, sans dialogues inutiles avec une double surprise à la fin. Mais l'intérêt du roman réside dans la chronique implacable d'une famille japonaise en décomposition. Keigo Higashino décrit l'engrenage socio-familial qui peut conduire au pire drame depuis le mariage sans amour et organisé par les anciens jusqu'à l'abandon de ces mêmes anciens en passant par les horaires de bureau infernaux, l'enfant roi emmuré dans ses jeux vidéo, la démission des parents, la lâcheté, les remords...Mais grâce à l'histoire parallèle des deux policiers-cousins, très finement ciselée, ce polar sombre respire et va s'orienter vers un horizon un peu plus engageant.
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