AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations sur Il neige dans la nuit et autres poèmes (69)

Nostalgie

Cela fait cent ans
que je n’ai pas vu ton visage
que je n’ai pas passé mon bras
autour de ta taille
que je ne vois plus mon visage dans tes yeux
cela fait cent ans que je ne pose plus de question
à la lumière de ton esprit
que je n’ai pas touché à la chaleur de ton ventre.

Cela fait cent ans
qu’une femme m’attend
dans une ville.
Nous étions penchés sur la même branche,
sur la même branche
nous en sommes tombés, nous nous sommes quittés
entre nous tout un siècle
dans le temps et dans l’espace.
Cela fait cent ans que dans la pénombre
je cours derrière toi.

Tu es mon ivresse
De toi je n’ai point dessoûlé
Je ne puis dessoûler
Je ne veux point dessoûler

Ma tête lourde
Mes genoux écorchés
Mes vêtements crottés
Je vais vers ta lumière qui brille et qui s’éteint
en titubant, tombant, me relevant.
Commenter  J’apprécie          1521
24 septembre 1945

Le plus beau des océans
est celui que l’on n’a pas encore traversé.
Le plus beau des enfants
n’a pas encore grandi.
Les plus beaux de nos jours
sont ceux que nous n’avons pas encore vécus.
Et les plus beaux des poèmes que je veux te dire
sont ceux que je ne t’ai pas encore dits.

Que c’est beau de penser à toi :
à travers les rumeurs de morts et de victoire
en prison
alors que j’ai passé la quarantaine…

Que c’est beau de penser à toi :
ta main oubliée sur un tissu bleu
et dans tes cheveux
la fière douceur de ma terre bien-aimée d’Istanbul…
C’est comme un second être en moi
que le bonheur de t’aimer…
le parfum de la feuille de géranium au bout de mes doigts,
une quiétude ensoleillée
et l’invite de la chair :
striée d’écarlate
l’obscurité
chaude
dense…
Commenter  J’apprécie          1100

La plus drôle des créatures

Comme le scorpion, mon frère,
Tu es comme le scorpion
Dans une nuit d’épouvante.

Comme le moineau, mon frère,
Tu es comme le moineau
Dans ses menues inquiétudes.

Comme la moule, mon frère,
Tu es comme la moule
Enfermée et tranquille.

Tu es terrible, mon frère,
Comme la bouche d’un volcan éteint.

Et tu n’es pas un, hélas,
Tu n’es pas cinq,
Tu es des millions.

Tu es comme le mouton, mon frère,
Quand le bourreau habillé de ta peau
Quand le bourreau lève son bâton
Tu te hâtes de rentrer dans le troupeau
Et tu vas à l’abattoir en courant, presque fier.

Tu es la plus drôle des créatures, en somme,
Plus drôle que le poisson
Qui vit dans la mer sans savoir la mer.

Et s’il y a tant de misère sur terre
C’est grâce à toi, mon frère,
Si nous sommes affamés, épuisés,
Si nous somme écorchés jusqu’au sang,
Pressés comme la grappe pour donner notre vin,
Irai-je jusqu’à dire que c’est de ta faute, non
Mais tu y es pour beaucoup, mon frère.
Commenter  J’apprécie          920
"Dimanche

Aujourd’hui c’est dimanche.
Pour la première fois aujourd’hui
ils m’ont laissé sortir au soleil,
et moi,
pour la première fois de ma vie,
m’étonnant qu’il soit si loin de moi
qu il soit si bleu
qu’il soit si vaste
j’ai regardé le ciel sans bouger.
Puis je me suis assis à même la terre, avec respect,
je me suis adossé au mur blanc.
En cet instant, pas question de gamberger.
En cet instant, ni combat, ni liberté, ni femme.
La terre, le soleil et moi.
Je suis heureux."
Commenter  J’apprécie          657
Le globe

Offrons le globe aux enfants, au moins pour une journée.

Donnons-leur afin qu’ils en jouent comme d’un ballon multicolore,

Pour qu’ils jouent en chantant parmi les étoiles.

Offrons le globe aux enfants,

Donnons-leur comme une pomme énorme,

Comme une boule de pain toute chaude,

Qu’une journée au moins ils puissent manger à leur faim.

Offrons le globe aux enfants

Qu’une journée au moins le globe apprenne la camaraderie,

Les enfants prendront de nos mains le globe

Ils y planteront des arbres immortels.
Commenter  J’apprécie          520
La ville, le soir et toi

Vous êtes toutes nues dans mes bras
la ville, la nuit et toi
votre clarté illumine mon visage
et puis le parfum de vos cheveux.
À qui ce cœur qui bat
au-dessus du murmure de nos souffles palpitants
est-ce ta voix, celle de la ville, celle de la nuit
ou bien la mienne?
Où finit la nuit, où commence la ville
Où finit la ville, où commences-tu toi
où est ma fin, où est mon commencement?
Commenter  J’apprécie          480
“les hommes savent aimer…sans être aimés”
Commenter  J’apprécie          443
Le plus beau des mensonges
Ne peut plus me faire illusion […]
Je suis passé par des forêts d’idoles
En y abattant ma hache
Commenter  J’apprécie          380
LA PETITE FILLE

C’est moi qui frappe aux portes,

Aux portes, l’une après l’autre.

Je suis invisible à vos yeux.

Les morts sont invisibles.

Morte à Hiroshima

Il y a plus de dix ans,

Je suis une petite fille de sept ans.

Les enfants morts ne grandissent pas.

Mes cheveux tout d’abord ont pris feu,

Mes yeux ont brûlé, se sont calcinés.

Soudain je fus réduite en une poignée de cendres,

Mes cendres se sont éparpillées au vent.

Pour ce qui est de moi,

Je ne vous demande rien :
Il ne saurait manger, même des bonbons,

L’enfant qui comme du papier a brûlé.

Je frappe à votre porte, oncle, tante :

Une signature. Que l’on ne tue pas les enfants

Et qu’ils puissent aussi manger des bonbons.
Commenter  J’apprécie          353
“Dans la vie III

Ce monde refroidira
étoile parmi les étoiles
et même des plus petites,
une pépite d'or sur fond de velours bleu en somme,
notre univers immense en somme.

Ce monde un beau jour refroidira
même pas comme un bloc de glace
ou un nuage mort,
il roulera comme une coquille de noix vide
dans l'obscurité sans bornes ni limites...

Dès maintenant tu en éprouveras la douleur
tu en ressentiras la tristesse dès maintenant.
C'est ainsi que tu dois aimer le monde
pour pouvoir dire : j'ai vécu.”
Commenter  J’apprécie          300






    Lecteurs (190) Voir plus



    Quiz Voir plus

    Testez vos connaissances en poésie ! (niveau difficile)

    Dans quelle ville Verlaine tira-t-il sur Rimbaud, le blessant légèrement au poignet ?

    Paris
    Marseille
    Bruxelles
    Londres

    10 questions
    1228 lecteurs ont répondu
    Thèmes : poésie , poèmes , poètesCréer un quiz sur ce livre

    {* *}