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Critique de Wazlib


"Cornes" m'a fortement intrigué dès le départ. Ayant été un fanatique hardcore de toute la saga Harry Potter, j'ai évidemment suivi les vagabondages de Radcliffe dans ses autres prestations, que j'ai pour la plupart beaucoup appréciées (même si "La Dame en Noir" n'a pas grande prétention). Son nouveau rôle, je n'ai pu le juger, puisque je ne vais le voir que demain. En revanche, la bande-annonce et les différentes affiches, où le bonhomme affiche de larges cornes très impressionnantes, m'ont fait saliver. J'apprends que c'est tiré d'un bouquin de Joe Hill, illustre inconnu à mes yeux. Pour couronner le tout, on me dit que le bougre est le fils de Stephen King. Loin de moi l'idée de critiquer ce livre avec l'éclairage des écrits du père, je n'y ai pour ma part pas trouvé la "ressemblance frappante" que certains s'acharnent à avoir vu, et pourtant je l'aime beaucoup le vieux conteur du Maine. Et j'ai beaucoup, beaucoup aimé "Cornes", également.
Partant d'une idée délicieuse, le bouquin ne fait que captiver le lecteur avec une facilité déconcertante. Et ceci grâce à un stratagème à double-tranchant: la multitude d'histoires en une seule. Si les personnages sont tout du long les mêmes, tout comme les endroits, les récits alternent globalement entre deux époques (avant la mort de Merrin et après la mort de Merrin) aux atmosphères et implications bien différentes. le lecteur, tout juste lancé avec Ig dans ses expériences cornues, se retrouve propulsé dix ans avant, dans une adolescence qui, sans être vraiment innocente, apparait pure face à ce présent taché de sang et de larme. On y découvre bien des choses, nécessaires pour la suite de l'intrigue, mais aussi pour l'adhérence complète du lecteur. Les flashbacks avec Merrin sont très réussis, osant avec justesse la description d'un couple adorable, ne tombant jamais dans le cliché sans pour autant se complaire dans la marginalité. L'amitié avec Lee peut être vu exactement de la même façon.
Et puis on retourne à nos affaires présentes. Pour ensuite bondir de nouveau dans le passé. Loin de noyer le lecteur, tout s'enchaîne avec fluidité, avec une maîtrise impressionnante. Et évidemment, la découverte des pouvoirs d'Ig est jouissive à souhait. le renversement des rôles est parfaitement exécuté, tombant parfois dans le "trop", comme si Joe craignait que le lecteur ne comprenne pas vraiment où il voulait en venir. Cela ne gâche rien, le tout restant absolument solide. On apprécie particulièrement les révélations des gens autour du diablotin, Hill en profitant pour tacler une société où les individus atypiques sont encore pointés du doigt, alors qu'au final, la normalité n'est pas vraiment discernable à Gideon, New Hampshire.
L'auteur, que je n'avais jamais lu, a un style très accrocheur, percutant, enchaînant de jolies figures de style à des répliques bien trouvées. Si l'on craint au départ que l'idée du bouquin aurait peut-être été mieux traitée en nouvelles, cela s'efface bien vite, avec cette histoire se complexifiant en permanence, et ménagée par un auteur confiant, livrant de nouveaux éléments patiemment, au gré des pages. Certaines scènes sont réellement géniales (la maison de l'esprit, le récit de la nuit où Merrin a été tuée, la scène de la bombe-cerise, le discours aux serpents) et scotchent le lecteur, qui adore ça.
J'ai lu ici et là que la fin est "facile", je ne suis pas vraiment de cette avis. Je trouve au contraire la fin délicate, assez juste avec le propos de l'auteur. S'il me fallait véritablement pointer un défaut, ce serait celui de la double-vision religieuse qui est ici un peu insistante, un peu laborieuse. Mais encore une fois, c'est très secondaire.

En bref, "Cornes" est un livre vraiment très agréable à lire. Facile à dévorer, l'auteur est ici chez lui, rendant réel le moindre détail sans trop d'efforts. Il y a dans ce bouquin bien des choses, donnant une oeuvre transgenre, réveillant fantastique, horreur, thriller et humour sans s'en rendre compte. Un grand bravo à Joe Hill, donc, que je vais désormais, tout comme son papa, suivre de très près.

NB: Après être allé au cinéma, je peux vous assurer que le bouquin a été mal adapté. Des scènes inutiles ont été rajoutées, tandis que des points primordiaux ont été gommés sans ménagement. Mis à part Ig, les personnages sont sans profondeur, fades, le propos frise l'antireligieux avec une incompréhension marquée du spectateur. L'humour décapant du bouquin se transforme en gags un peu gênants, et la fin, modifiée, est proprement nulle. Voili voilou. Seul en ressort positivement un Daniel Radcliffe fort à l'aise, peu aidé par le reste... Ce film est donc une grosse déception.
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