- Ton poing se cogne contre l'estrade de l'amphi. Tes bras se cognent contre des objets tranchants. Ton poignet, sur un « truc » qui lui fait un bleu. Il y a toujours une partie de ton corps qui « se cogne » quand tu estimes que tu as raté quelque chose – un récital de piano, par exemple, ou un entretien universitaire... Tu te punis. Tu te fais mal. Et lorsque tu t'es fait mal tu as l'impression fugitive de te sentir mieux.
En plus, les filles d'ici sont bien trop imbues d'elles-mêmes pour être douce comme le miel.Elles ressemblent plutôt à ces fameux carrés de chocolat à la menthe : écoeurantes et emballées dans du papier d'argent !
Trois pensées s'entrecroisaient dans ma tête. La première : j'étais en train d'embrasser une fille, à qui, trois semaines plus tôt, j'aurais volontiers flanqué mon pied aux fesses. La deuxième : je n'avais aucune envie que ça s'arrête. La troisième : le titre du livre que j'avais trouvé à la bibliothèque ce jour là.
Tout commence par des insultes et des regards haineux,
Tout s'achéve dans des éclats de rire heureux.
Je fus surpris de la détermination que je sentais germer en moi tandis que je l'embrassais et que je la serrais dans mes bras. Comme si un ennemi se tenait embusqué tout proche de nous. Elle le combattait et j'étais, moi aussi, prêt à le combattre.
Cet ennemi, c'était elle-même. Et nous allions le vaincre. Nous - elle et moi. Ensemble.
[...] Je planchais sur un poème. J'avais déjà réfléchi aux premiers vers au cours de ma balade à vélo.
Déambuler du côté des voiliers
Des nantis et des bien nés.
Rôder du côté de l'oseille,
Où les filles sont douces comme le miel...
Pédaler à quinze ou vingt kilométre à l'heure, c'est l'autre maniére de découvrir des trucs sur moi même. Quand les cuisses te font mal, que les jambes te cuisent, que ton coeur bat à t'en déchirer la poitrine; alors, là, je te jure que tu découvres ce que tu as dans le ventre.
"Bizarre... Un mec qui écrit des poèmes ? "
Ca, c'est votre problème.
- A l'agence pour l'emploi, on n'ploie pas sous le poids des emplois !
- Merde, Slade ! a-t-elle dit.
Non - Slade, tout simplement ; j'ai ouvert la bouche pour lui dire, mais je n'ai pas eu le temps parce que, cette fois, c'est elle qui m'a embrassé.
Elle a fait un demi-pas en avant et elle m'a pris par les épaules. Sa poitrine s'est écrasée contre mon torse.
C'est vraiment surprenant les filles.