Citations sur Les Aventuriers de la mer, tome 1 : Le vaisseau magique (0)
Sorcor le tenait prêt. Sorcor était toujours prêt pour tout. Il déroula le parchemin et fit semblant de le lire, mais Kennit savait qu’il avait en réalité mémorisé ce dont ils s’étaient emparés : il n’était même pas capable de lire son propre nom, mais, si on lui demandait quelle part revenait à l’équipage sur un ensemble de quarante balles de soie, il répondait sur l’instant.
Attendre impatiemment la mort de son grand-père afin de pouvoir retrouver son monastère n’avait rien d’honorable, il le savait, mais il n’ignorait pas non plus que nier ce sentiment aurait constitué un mensonge d’une autre sorte.
On ne devient pas pirate pour se trouver sous la botte d'un autre.
Puis, avec une soudaineté qui la prit par surprise, le chagrin l’étouffa. Ses sanglots ne parvenaient pas à sortir et elle n’arrivait même plus à respirer tant elle avait la gorge nouée. Son besoin de pleurer faisait en elle une douloureuse constriction qui la suffoquait littéralement. Assise sur sa couchette, elle restait la bouche ouverte à essayer de reprendre son souffle. Quand elle réussit enfin à faire passer une goulée d’air dans ses poumons, elle ne put que se mettre à sangloter. Les larmes sillonnaient ses joues, et elle n’avaitpas de mouchoir, rien que sa manche ou ses jupes, mais quel manque de cœur fallait-il pour seulement songer à un mouchoir en de telles circonstances ? Elle enfouit son visage dans ses mains et se laissa aller à pleurer, tout simplement.
Savez-vous ce que ressent une femme, Davad, quand elle porte un être en elle pendant neuf mois sans savoir s'il s'agit de l'enfant, de l'héritier qu'elle appelle de ses prières, ou d'un monstre difforme que son mari devra étrangler de ses propres mains ?
Pourquoi ses plus grands espoirs débouchaient-ils toujours sur ses plus grandes humiliations ? (p. 174)
Quand nos familles se sont installées à Terrilville, elles étaient pauvres, affamées et ô combien adaptables ! Nous avons perdu cette capacité; nous sommes devenus ce nous avions fui : des traditionalistes gros et gras qui s'accrochent de toutes leurs forces à leurs monopoles. La seule raison pour laquelle nous méprisons ces nouveaux marchands qui ont commencé à s'installer est qu'ils nous renvoient une image de nous-mêmes, ou plutôt de nos trisaïeuls et des histoires que nous avons entendues à leur sujet. (p. 131)
L’instant si longtemps espéré était parti comme il était venu ; Vivacia était éveillée, et, à part le premier élan de triomphe, elle n’avait rien ressenti de ce qu’elle attendait. Le prix était trop élevé.
A la seconde où elle se fit cette réflexion, elle regretta de ne pouvoir l’oublier. C’était la trahison suprême de se tenir sur ce pont, non loin de la dépouille de son père, et de se dire que le prix à payer était trop élevé, que la vivenef ne valait pas la mort d’Ephron Vestrit, ni de son grand-père ni de son arrière-grand-mère. Vivacia n’était pas la cause de leur trépas, mais plutôt la somme de leurs legs ; en elle, ils continuaient à vivre.
"Hiémain, fit-il d’un ton de doux reproche, refuse l’appréhension. Quand tu t’inquiètes de l’avenir, tu oublies l’instant présent dont tu dois jouir. Celui qui craint ce qui risque d’advenir perd le moment qu’il vit par peur du suivant, qu’il empoisonne par ses préjugés."
Quand tu t'inquiètes de l'avenir, tu oublies l'instant présent dont tu dois jouir. Celui qui craint ce qui risque d'advenir perd le moment qu'il vit par peur du suivant, qu'il empoisonne par ses préjugés.