-Je vois, il s'agit d'obtenir des renseignements.
-Oui. Agissez au mieux, votre Grâce. Vous savez comment exercer vos talents. Pardon, votre séduction devrais-je dire...
-Pourquoi se sert-on uniquement de mon corps ? soupira-t-elle. Quand rencontrerai-je un homme qui me désirera pour mon argent ?
"La coïncidence est le fondement de toute magie."
Parfois un homme doit boire pour penser juste. Parfois, penser juste fait si mal qu’il vaut mieux s’enivrer.
Ne lui ressemble pas trop, Kaloo. Ne te persuade pas que tu hais alors que tu ne veux qu’aimer. Et, écoute-moi. Je me fiche qui tu veux aimer. Même s’il s’agit de lui. Mais ne t’avise pas de te fourvoyer comme ta mère l’a fait. Ne t’en avise pas, ma fille !
Tout ce que son père lui laissait ne signifiait rien. Ses plus chers désirs à son sujet, il les avait emportés avec lui en mourant. Tant de choses qu’elle ne saurait jamais, tant de choses qu’elle ne lui dirait jamais. Elle n’avait pas besoin de ses terres, ni de son titre, ni même de son nom. Elle avait eu un peu de son temps, une parcelle de son savoir, la chance de pouvoir l’appeler père. C’était sa part d’héritage, la seule qu’elle voulait conserver.
Ce qui caractérise un individu, ce sont les choses qui le rendent unique, intéressant et digne des attentions de ses amis, ennemis, amoureux et relations d’affaires. Mais quand il s’agit d’un cadavre… seuls les embaumeurs se soucient de ce qui le rend unique, intéressant et digne d’attention.
Parfois un homme doit boire pour penser juste. Parfois, penser juste fait si mal qu’il vaut mieux s’enivrer.
– L'Ferrti, c'est impossible. Trop de gens nous souhaiteraient du mal. Mais je ne peux pas les croire capables de faire quelque chose de ce genre.
– Tu es trop jeune pour imaginer la moitié des choses dont les gens sont capables.
– C'est sur mon chemin ? s'enquit Kaloo, qui se savait manipulée.
– Eh bien, cela se pourrait bien ; ou alors il faudrait que tu fasses un tout petit détour. Mais je ne peux pas te demander ça !
– Vous le pourriez, mais vous ne le ferez pas. Vous préférez attendre que je me propose.
Quand il fut trop âgé pour arpenter les routes commerciales, un fils cadet l'amena vers l'aventure, bien au-delà des Terres Lointaines et on n'entendit plus parler de ce bateau. Certains vous diront qu'ils l'ont aperçu, se détachant sur l'horizon, près de l'île du Vairon, lorsque le soleil couchant saigne et teinte les vagues de rouge. Mais les marins de Liavek, comme tous les marins du monde, sont une engeance superstitieuse. Ils aiment à croire que les bateaux, au contraire des pêcheurs, peuvent vivre éternellement.