Et quand le visage libre de mon enfance se lève vers la grande nuit silencieuse, l'étoile que Sen nommait "la Perle d'Alpheka" offre toujours à mes lèvres la douceur d'un sourire apaisant.
Les voyageurs nous apportaient de mauvaises nouvelles : les Éduéens, les Cimbres, les Armoricains, les Salluviens, les Bituriges, les Pictones, les Lémovices, les Arvernes, les Allobroges, affaiblis par des luttes fratricides, devenaient tous peu à peu gallo-romains...
Celui qui craint la mort n'est qu'un esclave.
Le village préparait les fêtes de Lugnasad. [...] les mets gaulois sont trop nombreux. Durant sept jours et sept nuits, les villageois en liesse allaient vivre de festins et d'ivresse...
"Ce que le flot t'apporte, le reflux te le prend. Chéris les biens que tu possèdes en ton cœur, ils sont le trésor de la vie. [...]"
Branogéne répondit sur le même ton : "Je connais le sapin de Teutatès, j'aime qu'il s'embrase et pétille dans la flambée. Son feuillage est toujours vert. J'aime le hêtre de Succelos, arbre beau et juste. Il est le manche de mes outils. Je vénère l'orme de Gaéa, à l'ombre épaisse et calme. Il est la roue de mon char et la poutre maîtresse de ma maison."
Midna lui fit écho : "Je chéris le bouleau de Belen, dont la fibre a la blancheur des vierges. J'adore le pommier de Bélisama, aux fruits comme des dons d'amour. Quand il fleurit, il chante la saison claire aux abeilles sauvages."
Branogéne avait la gentillesse de ceux qui ont souffert sans en rester brisés.
Pour une de mes premières chasses dans la forêt, je pouvais me vanter d'une belle prise : je ramenais un père !
"Le saumon est heureux dans l'eau de sa rivière, il se moque bien de savoir s'il remonte ou s'il descend le courant."
"Tu sais, il y a trois sortes d'hommes sur Terre. Ceux qui ont la peau noire comme la mienne. Ceux qui ont la peau blanche comme la tienne, Gaulois. Et il y a les centurions romains, qui sont les pires. Que les dieux te protègent !
- Tu as raison, répondit Branogéne, la louve romaine ressemble assez à ces hyènes d'Afrique dont tu m'as tant parlé."