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Critique de Lamifranz


Quand on évoque Hoffmann, on pense à cet émule européen d'Edgar Poe, adepte de roman noir, presque gothique, peuplé de spectres, de châteaux hantés, de morts-vivants, de doubles… un univers hautement « fantastique ». Bien sûr ce Hoffmann-là, nous le connaissons bien : c'est celui des « Elixirs du Diable » ainsi que de certains contes où l'horreur se mêle à l'étrange, et instille une sorte d'angoisse existentielle, (assez dans le genre de Poe, effectivement). Mais le plus souvent, Hoffmann, romantique en l'âme, nous livres des histoires de ce que Freud a appelé « une inquiétante étrangeté ». Elle ne vient pas forcément d'éléments surnaturels, ou extérieurs, elle ressort d'une extension du vécu des personnages : en fait, on ne sort pas du réel, on le prolonge dans une autre réalité (on se rappellera l'importance que les auteurs fantastiques romantiques d'Outre-Rhin – Jean-Paul et Hoffmann, particulièrement – ont eu sur les surréalistes français).
Ernst Theodor Amadeus Hoffmann (1776 et 1822) était écrivain et… musicien (son troisième prénom vous le faisait pressentir). Son oeuvre d'écrivain se résume à une poignée de romans, dont on retiendra « Les Elixirs du Diable » (1816-1817), « le Chat Murr » (1819-1821) et « Princesse Brambilla » (1820) ; mais surtout d'un nombre impressionnant de contes d'inspiration diverses, répartis en plusieurs recueils dont : « Les Fantaisies à la manière de Callot » (1814-1815), « Les Contes nocturnes » (1816-1817) « Les Contes des Frères Sérapion » (1819-1821), ainsi que « Derniers contes » (posthume, 1825).
« Les Contes nocturnes » sont typiques de cette « inquiétante étrangeté » qu'a soulignée Freud : il s'agit de huit contes : « L'Homme au sable », « Ignaz Denner », « L'Eglise des Jésuites », « le Sanctus », « La Maison déserte », « le Majorat », « le Voeu », « le Coeur de pierre ». L'adjectif nocturne convient bien à ces histoires inquiétantes où derrière la vie de tous les jours se cache une autre réalité fantastique où l'on ne sait pas à quel moment on a dérapé dans un monde où les bons et les méchants sont mélangés (y compris soi-même) et où l'on peut basculer à tout moment dans l'horreur ou la folie.
« L'Homme au sable » est la plus célèbre de ces histoires, essentiellement par les deux adaptations musicales qui en ont été faites : le ballet « Coppélia » de Léo Delibes (excellent compositeur à qui nous devons aussi « lakmé »), et le premier acte « Olympia » des « Contes d'Hoffmann » de Jacques Offenbach (que l'on ne présente pas). C'est l'histoire de Nathanael, un jeune homme marqué dans son enfance par un certain Coppélius, qu'il a baptisé « L'Homme au sable ». Devenu adulte, il croit reconnaître celui-ci en la personne de Coppola (rien à voir avec Francis Ford). Il tombe amoureux de sa jolie voisine, Olympia, avant de s'apercevoir que celle-ci n'est qu'un automate (c'est elle « Coppélia ») aux mains de son « père », le sinistre Spalanzani avec la complicité de Coppola, qui n'est autre que l'Homme au sable qui a hanté sa jeunesse. Aidé par son ami Lothar, et sa fiancée Clara, arrivera-t-il à reprendre pied dans la réalité ?
L'auteur des « Contes », est forcément un merveilleux conteur. Pour nous, lecteurs du XXIème, le style peut paraître un peu désuet, d'autant plus que nous ne sommes pas familiarisés avec la mentalité germanique romantique. Mais c'est une expérience diablement intéressante (le mot « diablement » dans ce contexte, n'est pas tout à fait gratuit) : Il y a un univers « Hoffmann » comme il y a un univers « Mozart » (son idole).
Si l'on veut avoir une idée du romantisme allemand, avec Goethe, Heine et Schiller (et quelques autres), il ne faut pas oublier Hoffmann qui en est une figure majeure.
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