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Critique de Dixie39


Priska, Anka et Rachel sont toutes les trois enceintes lorsqu'elles arrivent à Auschwitz et subissent la sélection de l'immonde Dr Mengele. A la question « Êtes-vous enceinte ? », elles répondent toutes trois : « Non ! » Et c'est ce qui les sauvera, elles et leurs enfants.
Elles vont survivre à tout : la faim, la soif, les sélections, les maladies, le travail forcé en usine… en un mot, au plan méthodique d'anéantissement des juifs par les nazis.
« Ma seule manière de protester fut de survivre » dira Anka, après la guerre.

Wendy Holden nous livre là un récit ultra documenté, qui ne brode pas la réalité. Elle n'en a pas besoin. le destin de ces trois futures mamans ne tient qu'à un fil (leur détermination) accroché à la chance. Toutes trois le diront : il y avait cette volonté farouche de survivre. Mais ce qui a fait la différence, c'est la chance.
L'autrice nous décrit la vie au ghetto de ces trois femmes, l'une après l'autre, leur arrivée aux camps et leur travail d'esclave dans l'usine de Freiberg. Tout cela est méticuleusement décrit. Si naïvement, on était tenté de croire que travailler en usine augmentait les chances de rester en vie, le récit que Wendy Holden en fait nous en dissuade rapidement. Les chambres à gaz ne sont pas là, mais la mort par épuisement, la faim et les coups sont omniprésents.
Eva, Hana et Mark ont soixante-dix ans quand l'autrice et journaliste, qui a couvert plus d'un terrain de guerre, apprend leur existence et décide d'écrire leurs histoires. Leurs mères les ont mis au monde, dans le camp de Mauthausen ou dans le train qui les y conduisait. Il leur aura fallu tenir quelques semaines avant la libération. Tous trois se sont accrochés à la vie.
Avec eux, Wendy va nous parler de l'après : de la libération et du retour des camps, de l'urgence de vivre, et des combats qui n'en finissent pas… de nombreuses photos nous rappellent que même si Naître et Survivre se lit comme un roman, c'est avant tout un témoignage, une trace...

« Esther Bauer, une rescapée de la déportation, résume leur trajectoire en ces termes ! « les vingt premières années, nous étions incapables d'en parler. Les vingt suivantes, personne ne voulait en entendre parler. Et depuis vingt ans, tout le monde nous pose des questions ».

C'est un livre passionnant, qui soulève le coeur, mais le remplit tout autant. Wendy Holden ne cache rien des atrocités, mais met en lumière tous ces élans de solidarité qui ont permis à Priska, Rachel et Anka de survivre et de croire encore, un tant soit peu, en l'humanité… de celle qui aura glissé un morceau de pomme de terre crû dans la bouche de l'une d'elle, à tout un village, mené par un chef de gare qui ne veut, ni ne peut fermer les yeux.
Justes parmi les Justes.
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