Immonde !

Invité au vide bibliothèque de Babelio 2022, mon oeil a été attiré par la belle couleur mauve mêlée de vert de cet album. Les pages intérieures sont de couleurs semblables et donc très douces à l'oeil, au mien du moins. Outre plus, il n'y a pas beaucoup de dialogues dans les bulles. C'est donc une jouissance visuelle qu'offre l'auteur. Merci à Babelio pour cette découverte.

Qu'est-ce qu'on obtient quand on mélange les séries Dark, Stranger Things et le comics de chez Urban, Paper girls ?
Immonde ! Une BD sombre mais limpide dont on ne ressort pas indemne.
Merci à La Masse Critique Babélio et aux éditions Glénat de m'avoir fait découvrir ce chouette titre qui était dans mon viseur depuis un petit moment.

Mais qu'y a-t-il d'immonde me direz-vous ? Une petite ville, Morterre, dans laquelle la société Agemma exploite un forage minier de tommium, un minerai plus puissant encore que l'uranium, mais malheureusement bien plus dangereux.
Surviennent des disparitions de personnels, des apparitions de monstres, des maladies étranges, des malformations.
Un directeur, bien sous tout rapport qui cache bien des secrets...
Avec l'arrivée de Nour dans leur classe, Jonas et Camille prennent conscience qu'il se trame un truc pas net dans l'exploitation minière. Tous trois mènent l'enquête mais peinent trouver quelqu'un pour les croire...

Tous les ingrédients sont réunis ici pour une histoire réussie, un mystère, des monstres, une enquête sur fond de fake news, de quête d'identité, de morale écologico-politique.
Les dessins sont simples mais efficaces, la charte des couleurs violet/vert participent de l'ambiance glauque et lugubre.
Une belle découverte !

Après votre lecture, éteignez la lumière, une surprise vous attends sur la couverture ! =)

Dans la petite ville de Morterre, la plupart des habitants travaillent pour l'Agemma, une entreprise d'extraction de minerais radioactifs. Jonas et Camille, deux ados de 17 ans, vivent depuis toujours à Morterre et sont plongés dans leur univers de films de série B. Ils ne prêtent pas attention à la disparition inquiétante d'un des salariés de l'Agemma. Nour, adolescente parisienne fraîchement arrivée dans leur classe, va les pousser à sortir de leur monde et à explorer la ville et ses alentours. Mais ont-ils vraiment conscience de ce qu'ils vont découvrir ?

Bien souvent, les phrases sur les bandeaux éditeurs poussent l'éloge très loin dans l'exagération. Mais ici, la phrase du bandeau « L'héritière de Charles Burns est française » est tout à fait justifiée.

Tant dans les partis pris graphiques que dans l'histoire et dans l'ambition de son ouvrage, Elizabeth Holleville s'inscrit clairement dans la lignée de Burns. Mais elle propose un univers bien à elle, loin d'un simple hommage sans personnalité.

C'est une oeuvre très incarnée, qui puise aussi dans les influences de certains réalisateurs comme Spielberg, Carpenter ou encore Cronenberg. Elle ne se contente pas de surfer sur une vague nostalgique idéalisée des années 80 mais au contraire propose un univers contemporain, qui maîtrise ses influences pour créer un véritable univers.

Les dessins sont d'une puissance folle, avec une prédominance de violet et de vert déjà bien annoncée sur la couverture. C'est précis, juste, et on a très envie de prendre le temps de savourer tous les détails à la lecture.

L'histoire intègre elle aussi des enjeux très actuels et les traite avec intelligence et finesse. On y trouve la pollution industrielle des grands groupes, l'écologie, la corruption et le chantage à l'emploi, mais aussi la découverte adolescente des corps et de la sexualité. le tout dans un univers horrifique conçu et rythmé comme un thriller fantastique à la fois clairvoyant, angoissant mais aussi drôle.

Une oeuvre audacieuse et ambitieuse, que l'on a envie de relire plusieurs fois tant elle est riche.