Brr… Glaçant !
Immonde! reprend les code du film d'horreur : une bourgade industrielle, des adolescents qui se cherchent, un peu rebelles, une mine de matière radioactive, une entreprise à l'éthique douteuse, des malades étranges, des monstres mutants… le tout sous une lumière blafarde, dans les tons de bleus de verts et de violets, la plupart des scènes se passe la nuit. Une nuit qui va être horrible…
Mais même si le synopsis est très classique, cette lecture réserve de belles surprises, surtout pour son style et son ambiance. le graphisme apporte une véritable force, avec son jeu de lumières, de couleurs aux tons artificiels renforçant le malaise, on est pas dans le gore, les monstruosités sont bien présentes, mais le sang dans cette lumière froide reste noir, et presque discret.
On pourrait rapprocher “immonde!” des oeuvres de
Charles Burns, jouant sur les malaises de l'adolescence, avec leur fascination pour le morbide. Les personnages sont riches, complexes, ils apprennent à découvrir leur nature, dont l'homosexualité fait partie. On oublie trop souvent que l'homosexuallité féminine a été une origine d'inspiration pour la littérature d'horreur (“Carmilla” de Sheridan le Fanu), donc retour aux sources, rendons à la littérature d'horreur son allégorie d'origine.
D'autre thèmes sont abordés, le harcèlement, l'acceptation de la différence, l'absence d'éthique du capitalisme plus une pointe de militantisme écolo… assez caricaturaux dans la manière de présenter les arguments, mais superbement mis en scène par le graphisme et l'ambiance, et formidablement servis par l'attrait des personnages.
Tout ça rend ce récit prenant, haletant et derrière une fausse simplicité se cache une vraie richesse.