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2,62

sur 241 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Cette élégance toute britannique a quelque chose de désuet... Tout comme cette invitation à prendre son temps pour entrer dans ce roman qui ne supporte pas d'être simplement parcouru ou survolé. Un roman d'un autre siècle, même si l'intrigue s'épanouit sur la durée du XXème siècle, tout proche et pourtant déjà si loin. Une plongée au coeur d'une certaine "bonne société", apte à fabriquer des légendes pour continuer à susciter l'admiration du commun des mortels.

L'histoire démarre en 1913, dans la propriété des Sawle, dans le centre de l'Angleterre. George y vit avec sa mère, sa jeune soeur Daphné et son frère aîné Hubert qui tente tant bien que mal de gérer les affaires de la famille depuis le décès de leur père. George, étudiant à Cambridge a invité son ami Cécil Valance, jeune aristocrate et poète charismatique en devenir pour le week-end. Partout où il passe, le jeune homme suscite admiration et passion, que ce soit de la part des femmes ou des hommes. En écrivant pendant son séjour un poème titré du nom de la propriété des Sawle, "Deux Arpents", Cécil est loin de se douter du destin qui attend ce texte. Lorsqu'il meurt quelques années plus tard en France pendant la Grande Guerre, sa légende prend le pas sur l'homme qu'il n'a pas réellement eu le temps d'être. Une légende entretenue par sa famille et qui éveillera l'intérêt de nombreux biographes, des années plus tard, désireux de percer les mystères qui entourent les familles Valance et Sawle, intimement liées depuis ce fameux week-end de 1913. Mais y a-t-il une vérité quelque part ? Les nombreux ouvrages parus sur le poète sont-ils le reflet de la réalité ou le fruit d'imaginations fertiles ? Soixante ans après, peut-on se fier à la mémoire de Daphné et la vieille dame ne donne-t-elle pas la version qui lui convient le mieux ?

L'auteur construit son récit à travers les époques en utilisant les points de vue de différents protagonistes et de différentes générations et l'on ne peut être qu'admiratif devant la virtuosité de sa construction. A partir du moment originel, celui où George, Cécil et Daphné ont été réunis, il déroule un écheveau qui parcourt la vie des survivants, leur mémoire et surtout la façon dont ils sont perçus par les générations suivantes. Et le siècle passe sous sa plume, le temps qui transforme les propriétés victoriennes en pensionnats pour garçons ou qui autorise le mariage entre personnes du même sexe, relations jadis réprouvées par la morale et cachées dans les bosquets de ces mêmes propriétés.

Non, il ne faut pas être pressé pour lire "L'enfant de l'étranger", ni attendre des rebondissements à tous les coins de page. L'histoire s'esquisse peu à peu, au fil des grandes parties qui apportent chacune leur pierre à l'édifice, un peu comme les vues d'un kaléidoscope. On s'interroge sur le temps qui passe, sur ce qui forge les légendes, sur les traces qu'on laisse derrière soi... Ce genre d'ouvrage est rare, il faut le savourer, accepter de s'accorder à sa lenteur, au risque de passer complètement à côté.

Une très haute qualité littéraire pour ce roman qui mérite sacrément le temps que l'on décide de lui consacrer.
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Je découvre Alan Hollinghurst avec L'enfant de l'étranger et contrairement à la plupart des critiques vues ici, j'ai beaucoup aimé ce roman que j'ai lu facilement (et très vite : je l'ai dévoré !).
J'admets cependant que la construction peut être déroutante. le roman est en effet divisé en 5 grandes parties, dont la première sert de mise en situation, d'introduction. Les 4 autres parties feront à chaque fois un saut dans le temps. J'avoue avoir été frustrée au début de la deuxième partie de découvrir que plusieurs années s'étaient écoulées et de ne pas reprendre là où nous nous étions arrêtés. Passé ces quelques instants, j'ai trouvé cela pertinent de la part de l'auteur qui ainsi donne plus de sens à l'un des principaux sujets du livre : le travail de recherche d'un biographe pour reconstituer la vie d'une personne, en l'occurrence Cecil, jeune poète aristocrate à la personnalité ambiguë, que l'on découvre dans la première partie. Nous, lecteurs, accompagnons ce travail et essayons de découvrir ce qu'il a bien pu advenir pendant le laps de temps qui nous a été volé, tout en sachant que découvrir qui était une personne aux regards de ceux qui l'ont connu s'avère toujours difficile car l'objectivité n'est pas toujours de mise.
Loin d'être une déception, ce roman a été une très belle découverte de l'auteur pour moi.
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Recherche Cecil désespérément
Le livre s'ouvre sur une superbe première partie. Un weekend d'été hors du temps, immortel comme on l'est à vingt ans, qui ouvre des promesses, des dangers, un merveilleux songe d'une nuit d'été. Et puis le reste nous est volé, ô frustration- on passe plusieurs années après, et la suite ? Pourquoi ne pas l'avoir cette suite si prometteuse de première partie ? A la place on suit toute cette procession de gens ternes et désabusés. Et ceux qui recherchent également cet après, les biographes, grands amateurs des poèmes et de l'être que fut Cecil.
Et finalement j'ai compris qu'elle était là cette suite. Nous sommes tous, lecteurs, personnages, orphelins de Cecil, à l'affut de ce qu'il fut dans cette suite qu'il nous manque, qui manque sans doute à tous, même ceux qui ont cru l'avoir connu.

Un grand roman anglais « à l'ancienne », envoûtant, désenchanté, sans le côté ronflant, pompeux et barbant des classiques qu'il cite. Une très belle découverte.
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En 1913, Cecil Valance, jeune poète de l'aristocratie anglaise vient passer le week-end chez son amant Georges Sawle. Il séduit la soeur de ce dernier, Daphné, pour qui il écrit son poème le plus célèbre, Deux arpents. Véritable roman choral, les témoignages des biographes de Cecil Valance s'enchaînent à travers le temps dans ce roman. Les deux familles, les Sawle et les Valance, s'entrecroisent et s'entredéchirent au fil des générations. Cecil est mort à la guerre en 1914 mais reste le personnage central de ce roman, tous s'acharnent à mettre en lumière sa véritable personnalité et son homosexualité.
Un magnifique roman d'Alan Hollinghurst extrêmement documenté qui retrace brillamment l'ambiance des sociétés britanniques de la première moitié du XXème siècle. La psychologie de ses personnages est très soignée et permet de saisir toute l'intensité des émotions contenue derrière le le fameux flegme britannique.
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J'ai pris beaucoup de bonheur (et en VO s'il vous plaît) à suivre la quête de la vérité sur les destins croisés des familles Valance et Swale sur presque un siècle, avec le plaisir renouvelé à chaque époque de retrouver les liens entre les nouveaux protagonistes et le coeur de l'histoire, l'auteur réussissant à ne pas nous perdre en nous plongeant à chaque fois dans les sentiments des personnages comme si nous les connaissions depuis toujours, avec une description prenante de la société, des ambiances et de leur évolution. Pour que je sois pris en anglais dans un pavé de 700 pages sans événements spectaculaires, il faut que l'écriture soit excellente et la mise en scène habile, pour réussir à nous passionner par la courte existence d'un poète oublié même pas sympathique. Surtout que je ne partage pas l'homosexualité qui seul émeut l'auteur.
Pourtant je serai hanté longtemps par les mystères incertains de la destinée de ces familles qui font finalement écho à celles de tous les hommes.
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Une vraie découverte d'un auteur jusqu'alors jamais lu. L'enfant de l'étranger est un grand roman, épique, historique, social qui nous plonge dans l'Angleterre bourgeoise à différentes époques. L'entrée romanesque est celle d'une famille atypique que l'on suit sur plusieurs décennies, à travers des épisodes de leur vie intime et aussi ceux de l'histoire. L'identité sexuelle est au coeur de ce livre et nous informe de quelle manière celle-ci décide de notre destin, ce qu'elle empêche ou ce qu'elle autorise dans l'accomplissement personnel.
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