Un arbre mort fait comprendre la vanité des feuilles et des fleurs.
Un homme dans son cercueil fait comprendre l'inutilité d'avoir enfants et richesses.
Ne nous étonnons ni des honneurs ni des opprobres et prenons le temps de regarder les fleurs du jardin éclore et tomber.
Ne nous préoccupons ni des succès ni des échecs et restons insouciants comme les nuages qui se ramassent et se déploient dans le ciel.
Nos cheveux qui tombent et nos dents qui s'espacent nous conforment au déclin de notre forme illusoire.
Les oiseaux qui chantent et les fleurs qui s'ouvrent nous apprennent la permanence de notre nature réelle.
Que notre corps soit comme une barque sans amarres qui vogue ou s'arrête au gré du courant.
Que notre coeur soit comme du bois calciné, impassible devant les attaques ou les louanges.
Celui qui plie les choses à sa volonté ne se réjouit pas plus de les obtenir qu'il ne s'afflige de les perdre. Il est partout à l'aise dans le vaste monde.
Celui qui s'est soumis à l'emprise des choses s'irrite si elles lui sont contraires et s'y attache trop si elles le favorisent. Un seul cheveu suffit pour le ligoter.
C'est dans la vacuité du coeur que notre vraie nature se révèle. Si notre coeur ne cesse d'être agité, il est aussi vain de chercher à y voir notre vraie nature que de vouloir pêcher la lune dans l'eau.
C'est dans la pureté des intentions que le coeur est vraiment limpide. Si nous ne sommes pas transparents, il est aussi vain de vouloir avoir le coeur limpide que de chercher son image dans un miroir empoussiéré.
Pour dispenser des bienfaits, il convient d'être parcimonieux d'abord et généreux ensuite. Si vous faites le contraire, on oubliera vos bontés.
Pour exercer une autorité, il convient d'être sévère d'abord et indulgent ensuite. Si vous faites le contraire, on vous reprochera votre cruauté.
Mieux vaut préserver une œuvre déjà accomplie que d’en projeter une autre intempestivement.
Mieux vaut se garder des erreurs à venir que de regretter les fautes déjà commises.
Le déclin s'annonce à l'apogée du succès.
Un tour favorable du sort s'amorce au fond de la détresse.
Aussi, lorsqu'il jouit de la tranquillité, l'honnête homme doit-il garder une pensée pour les malheurs qui peuvent survenir, et lorsqu'il est dans l'adversité, endurer les tourments pour se préparer au succès.
Il faut souvent entendre des paroles dures à entendre, souvent admettre des choses à contrecoeur. C'est la meule sur laquelle s'aiguise l'effort de perfection.
Si toute parole était douce à l'oreille, toute chose plaisante au coeur, on sombrerait dans un vin vénéneux.