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Citations sur Poèmes (8)

46.
Patience, que c'est dur ! et dure affaire de prier,
Mais prétendre à, là c'est Patience ! Patience à qui cherche
Veut la guerre, veut du sang ; peinent ses jours, ses tâches ;
A faire sans, on prend des coups, et l'on s'incline.
Rare patience s'enracine là, car, en-dehors,
Rien d'autre. Lierre inné de l'âme, Patience masque
La débâcle de nos plans révolus. Et elle exhibe là
Ses yeux injectés ses océans de feuilles diluées tout le jour.

46.
Patience, hard thing ! the hard thing but to pray,
But bid for, Patience is ! Patience who asks
Wants war, wants wounds ; weary his times, his tasks ;
To do without, take tosses, and obey.
Rare patience roots in these, and, these away,
Nowhere. Natural hearts's ivy, Patience masks
Our ruins, of wrecked past purpose. There she basks
Purple eyes and seas of liquid leaves all day.
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Inversnaid.
... What would the world be, once bereft
Of wet and of wilderness ? Let them be left,
O let them be left, wildness and wet :
Long live the weeds and the wilderness yet.

Qu'adviendrait-il du monde, une fois dévêtu
De sa nature et de ses eaux ? Laisse-les là,
O laisse là, le naturel et l'eau ;
Vivent l'herbe et sauvage la nature là.
(Trad. Bruno Gaurier)
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I wake and feel the fell of dark, not day.
What hours, O what black hours we have spent
This night ! what sights you, heart, saw ; ways you went !
And more must, in yet longer light's delay.
With witness I speak this. But where I say
Hours I mean years, mean life. And my lament
Is cries countless, cries like dead letters sent
To dearest him that lives alas! away.

I am gall, I am heartburn. God's most deep decree
Bitter would have me taste : my taste was me ;
Bones built in me, flesh filled, blood brimmed the curse.
Selfyeast of spirit a dull dough sours. I see
The lost are like this, and their scourge to be
As I am mine, their sweating selves ; but worse.

Traduction de Pierre Leyris.
Réveil : je sens le chu du noir, non pas le jour.
Quelles heures, déjà, ô quelles noires heures
De nuit ! Mon coeur, quelles visions ! Par quelles voies !
Et quelles à subir tant que tarde encor l'aube !
J'ai témoin pour ce que j'avance. Or, quand je dis
Heures, j'entends années, j'entends vie. Et ma plainte
Est cris sans nombre, cris lancés comme des plis
Perdus vers le très cher qui vit las ! hors d'atteinte.

Je suis fiel, aigreur. Dieu, selon sa loi profonde,
M'a fait goûter l'amer : mon goût propre : os, chair, sang
Ont charpenté, rempli, comblé le maléfice.
Self-levain de l'esprit, sûrit une pâte aigre.
C'est le lot des damnés, et leur fléau doit être
Comme je suis le mien, leur moi suant ; mais pire.

Traduction de Bruno Gaurier.
Dès l'éveil je ressens la tombée de la nuit, non le jour.
Ces heures, O quelles heures noires aurons-nous endurées
Cette nuit ! quelles visions mon âme ; quels chemins sous tes pas !
Plus encore à venir, et plus longues qu'attente du jour.
J'en témoigne j'en parle. Mais où je compte en
Heures, je dirais en années, tout à longueur de vie. Et ma plainte
N'est que clameurs sans fin, clameurs lancées en lettres mortes
Vers lui que j'aime il vit hélas ! au loin.

Tout m'est rancoeur, l'âme me brûle. Dieu par décret intime
M'a fait goûter l'amer : ce goût était tout moi ;
Mes os ont engoncé, ma chair m'a gavé, mon sang m'a débordé de malfaisance.
Levain-au-coeur lève une lourde pâte rance. J'y vois
Le sort des fils perdus, leur châtiment sera
Comme le mien je suis, leur être en suintera ; en pire.

Une autre encore :
Eveillé, je vis la nuit brute, non l'aube.
Quelles heures, O quelles noires heures subies
Cette nuit ! Mon coeur, quelles visions vues, détours suivis !
Avant d'autres encore, le jour encore tardant.
Je parle avec témoin. Mais quand je dis
Des heures, ce sont des ans, ma vie. Et ma plainte
Multiplie ses cris, cris comme lettres en pure perte
A lui, l'ami aimé, qui vit hélas ! ailleurs.
Je suis fiel, brûlure d'âme. le décret de Dieu, si profond,
A voulu pour moi ce goût amer ; ce goût était moi :
Mes os bâtis, ma chair emplie, mon sang gorgé d'opprobre.
Le propre-levain d'esprit une pâte lourde aigrit. Je vois
Que les damnés sont tels, et leur enfer d'être,
Comme je suis le mien, leur être suant ; mais pire.
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44.
To seem the stranger lies my lot, my life
Among strangers. Father and mother dear,
Brothers and sisters are in Christ not near
And he my peace my parting, sword and strife.
England, whose honour O all my heart woos, wife
To my creating thought, would neither hear
Me, were I pleading, plead nor do I ; I wear-
y of idle a being but by where wars are rife.

I am in Ireland now ; now I am at a third
Remove. Not but in all removes I can
Kind love both give and get. Only what word
Wisest my heart breeds dark heaven's baffling ban
Bars of hell's spell thwarts. This to hoard unheared,
Heard unheeded, leaves me a lonely began.

Traduction de Pierre Leyris.
Paraître l'étranger, tel est mon lot, ma vie
Parmi les étrangers. Père et mère chéris,
Frères et soeurs, sont dans le Christ non proches
Et Lui ma paix, mon désunir, glaive et discord.
L'Angleterre ô mon coeur en quiert l'honneur ! épouse
De mon penser créant, ne m'écouterait pas
Si je plaidais, ni ne plaidé-je : combien las-
sé d'être là, oisif, où les guerres abondent.

Me voici en Irlande à présent : c'est ma tierce
Eloigne. Non qu'à chaque éloigne je ne donne
Et ne reçoive amour. Mais à toute parole
De mon coeur le plus sage, ou le ban confondant
Du ciel noir, ou l'enfer, met barre. Ce garder
Inouï, ou ouï sans plus, me laisse à zéro, seul.

Traduction de Bruno Gaurier.
Passer pour l'étranger tel est mon lot, mon lait
En terre étrangère. Père et mère chéris,
Frères et soeurs ne sont plus proches en Christ
Lui et ma paix et ma rupture, mon fer mon désaccord.
Angleterre, que je me voue O de tout coeur à honorer, épouse
De mes créations, jamais n'écoutera
Ma plainte, aussi ne me plaindrai-je : je suis
Las d'être là sans rien faire quand les guerres font rage.

Je suis en Irlande à présent ; c'est mon troisième
Eloignement. Non pas que je ne sache à chaque départ
Amour tendre donner recevoir. Seul ce mot
Sage de mon coeur délivré des nuits du ciel vouant aux gémonies
L'attrait des antres de l'enfer. Mon cri non reconnu,
Entendu non reçu, me laisse à plat ébauche solitaire.

Autre version des trois derniers vers :
Mais la parole
La plus sage née de mon coeur, le non brut du ciel obscur
L'arrête ou l'emprise d'enfer l'empêche. La tenir inentendue
Ou, entendue, inécoutée, me laisse seul, inabouti.
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41.
No worst, there is none. Pitch past pitch of grief,
More pangs will, schooled at forepangs, wilder wring,
Comforter where, where is your comforting ?
Mary, mother of us, where is your relief ?
My cries heave, herds-long ; huddle in a main, a chief
Woe, world-sorrow ; on an age-old anvil wince and sing -
Then lull, then leave off. Fury has shrieked "No ling-
ering ! Let me be fell : force I must be brief."

O the mind, mind has mountains ; cliffs of fall
Frightfull, sheer, no-man-fathomed. Hold them cheap
May who ne'er hung there. Nor does our small
Durance deal with that steep or deep. Here ! creep,
Wretch, under a comfort serves in a whirlwind : all
Life death does end and each day dies with sleep.

Non de pire, il n'est rien. Douleur extrême plus qu'extrême,
Affres plus encore, à l'aune d'affres du passé, leurs brutales torsions.
Où est Consolateur, où ta consolation ?
Marie, mère de nous, où est-il ton recours ?
Montent mes cris en longs-cortèges ; drainés par une grande, majeure afflic-
tion, monde-en-larmes ; sur une enclume hors d'âge ils gémissent, se tordent,
Puis renoncent, et lâchent prise. La furie rugissait "point de
Répit ! soyons cruelle : force n'est que de couper."

O la pensée, pensée a ses montagnes ; des hauts à-pics
Horreur, vertige, de vie d'homme-insondables. Ne le tiendra pour rien
Que celui qui jamais n'y fut pendu. Et ne saura notre longue ou légère
Endurance maîtriser cette escarpe ou cet abysse. Ici ! rampe,
Pauvre hère, il est un réconfort très bas dans la tourmente : à toute
Vie la mort met fin, dans le sommeil meurt chaque jour.
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Ce ruisseau sombre d’un brun croupe-de-cheval
Qui dévale sa grand-route et rugissant roule des rocs,
Dans la crique et la combe plisse sa toison d’écume
Et tout en bas au creux du lac tombe en sa demeure.
Un béret de mousse fauve bourré-de-vent
Virevolte et se défait à la surface du brouet
D’un étang si noir-de-poix, farouche et menaçant
Qu’il touille et touille le Désespoir pour le noyer.
Imbibés de rosée, bariolés de rosée, voici
Les replis des coteaux où le torrent s’encaisse,
Les rêches touffes de bruyère, les bosquets de fougères,
Et le joli frêne perlé penché sur le ruisseau.
Qu’arriverait-il au monde, s’il se voyait ravir
L’humide et le sauvage ? Qu’ils nous soient donc laissés,
Oh ! Qu’ils nous soient laissés, le sauvage et l’humide,
Que vivent encor longtemps herbes folles et lieux sauvages !
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Spring

Nothing is so beautiful as Spring –
When weeds, in wheels, shoot long and lovely and lush;
Thrush’s eggs look little low heavens, and thrush
Through the echoing timber does so rinse and wring
The ear, it strikes like lightnings to hear him sing;
The glassy peartree leaves and blooms, they brush
The descending blue; that blue is all in a rush
With richness; the racing lambs too have fair their fling.

What is all this juice and all this joy?
A strain of the earth’s sweet being in the beginning
In Eden garden. – Have, get, before it cloy,
Before it cloud, Christ, lord, and sour with sinning,
Innocent mind and Mayday in girl and boy,
Most, O maid’s child, thy choice and worthy the winning.
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Printemps

Rien n'est plus beau que le printemps -
Lorsque les mauvaises herbes, dans les roues, poussent longtemps et sont belles et luxuriantes ;
Les œufs de muguet ont l'air de petits paradis bas, et le muguet
À travers le bois qui résonne, rincez et essorez
L'oreille, ça frappe comme des éclairs de l'entendre chanter ;
Les feuilles de poirier vitreux et les fleurs, ils brossent
Le bleu descendant ; ce bleu est tout pressé
Avec richesse; les agneaux de course ont aussi leur flair.

Qu'est-ce que tout ce jus et toute cette joie ?
Une souche de l'être doux de la terre au commencement
Dans le jardin d'Eden. – Avoir, obtenir, avant qu'il ne soit écoeuré,
Devant la nuée, Christ, seigneur, et aigre de péché,
Esprit innocent et Mayday chez la fille et le garçon,
La plupart, ô enfant de bonne, ton choix et digne de gagner.
Rien n'est plus beau que le printemps -
Lorsque les mauvaises herbes, dans les roues, poussent longtemps et sont belles et luxuriantes ;
Les œufs de muguet ont l'air de petits paradis bas, et le muguet
À travers le bois qui résonne, rincez et essorez
L'oreille, ça frappe comme des éclairs de l'entendre chanter ;
Les feuilles de poirier vitreux et les fleurs, ils brossent
Le bleu descendant ; ce bleu est tout pressé
Avec richesse; les agneaux de course ont aussi leur flair.

Qu'est-ce que tout ce jus et toute cette joie ?
Une souche de l'être doux de la terre au commencement
Dans le jardin d'Eden. – Avoir, obtenir, avant qu'il ne soit écoeuré,
Devant la nuée, Christ, seigneur, et aigre de péché,
Esprit innocent et Mayday chez la fille et le garçon,
La plupart, ô enfant de bonne, ton choix et digne de gagner.
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