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Critique de AMR_La_Pirate


Dans la famille Hornby, je voudrais la soeur !
En plein dans mes lectures pour un défi autour de l'écrivain anglais Nick Hornby, j'ai découvert cet homonyme, journaliste, épouse et soeur d'écrivains et auteure d'au moins deux romans dont celui-ci, traduit en français sous le titre La Reine des Abeilles.

Personnellement, je trouve le titre anglais d'origine, The Hive, plus parlant et plus proche de la ruche laborieuse décrite dans ce roman. La traduction française a forcé le trait en mettant l'accent sur l'une des personnages et sur son rôle de leader charismatique : un choix qui ne me convainc pas…
Ce roman est rythmé sur une année scolaire et sur les journées des mamans au foyer, autour d'une école primaire dans un quartier résidentiel en Angleterre. le temps s'écoule en trimestres pour séparer le récit en parties, les chapitres s'organisent autour des temps forts de la vie extrascolaire et la narration suit les horaires de dépose des enfants, des récréations et de la sortie des classes.
L'école devient le lieu thématique et emblématique de la vie de ce groupe de femmes ; il s'agit de faire partie du comité des parents d'élèves, d'organiser toutes sortes de manifestations associatives pour rassembler des fonds pour les projets de l'école, de faire partie du cercle d'amies de la maman la plus populaire et, si possible, de se faire remarquer par le nouveau directeur, célibataire et bel homme…

Au premier abord, me connaissant, je devrais passer mon chemin et délaisser cette romance feel-good un peu comme si, dans la vraie vie, mes enfants fréquentaient la même école et que j'observais, de loin, mi amusée, mi agacée, cet essaim bourdonnant autour de sa reine.
Mais voilà ! C'est plutôt savoureux et très bien observé… Ambiance très anglaise (of course) mise à part qui peut dérouter, la métaphore filée de la ruche m'a tenue en haleine jusqu'au bout. C'est à la fois original et très parlant dans l'analyse du comportement social féminin, avec son cortège d'alliances, de rivalités, de trahisons, de frustrations, de potins et de vrais moments de complicité et d'amitié. Que devient une femme qui cesse son activité professionnelle pour s'occuper de sa progéniture ? Comment parvient-elle à exister dans sa communauté ? Les femmes de ce roman se heurtent à de nombreuses problématiques : le divorce, le veuvage, la maladie, la solitude, l'estime de soi, les difficultés d'organisation, l'éducation des enfants, l'intendance de la maison, le regard des autres… etc.
Gill Hornby nous parle aussi d'accueil, d'intégration, d'acceptation de la différence, de la notion de communauté, de solidarité, de bienveillance.
Les personnages sont à la fois stylisés et travaillés en finesse et en profondeur ; très honnêtement, j'ai retrouvé des situations concrètes vécues ou rencontrées, peut-être pas toujours autour de l'école, mais dans le milieu associatif ou bénévole, par exemple… À ce titre, le personnage de Bea, sa manière de brasser de l'air et de manipuler ses « abeilles » est très révélatrice ; il y a celles qui la suivent aveuglément, prêtes à tout pour faire partie du groupe, celles qui la décryptent avec lucidité mais qui la suivent aussi quand même, celles qui l'ont toujours soutenue mais qu'elle a abandonnées et qui prennent leurs distances et celles, enfin, qui vont se rebiffer et l'attaquer de front… Et puis, il y a nous, les lectrices et les lecteurs qui, forts(es) du prisme littéraire, ne nous en laissons pas trop compter, quoique…

J'ai passé un excellent moment de lecture !
Je songe à me procurer l'autre roman de Gill Hornby, Tous en choeur, dont les personnages, tous cinquantenaires ou plus, se réinventent pour donner du pep à leur vie… Tout un programme !
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