Citations sur Fables Nouvelles... (4)
L'ennui naquit un jour de l'uniformité .
Ne vous y trompez pas ; toute chose à deux faces ;
Moitié défauts et moitié grâces.
Que cet objet est beau ! Vous en êtes tenté.
Qu’il sera laid, s’il devient vôtre !
Ce qu’on souhaite est vu du bon côté ;
Ce qu’on possède est vu de l’autre.
Ils étaient quatre amis qu'assortit la fortune ;
Gens de goûts et d'esprit divers.
L'un était pour la blonde, et l'autre pour la brune ;
Un autre aimait la prose, et celui-là les vers.
L'un prenait-il l'endroit ? L'autre prenait l'envers.
(...)
C'est un grand agrément que la diversité.
(...)
L'ennui naquit un jour de l’uniformité.
D’une sirène un homme était amoureux fou.
Il venait sans cesse au rivage
Offrir à sa Vénus le plus ardent hommage ;
Se tenait là, soupirait tout son soûl.
La nuit l’en arrachait à peine,
Les soucis avoient pris la place du sommeil ;
Et la nuit se passait à presser le soleil
De revenir lui montrer sa sirène.
Quels yeux ! Quels traits ! Et quel corps fait au tour !
S’écriait-il : quelle voix ravissante !
Le ciel n’enferme pas de beauté si touchante.
Il languit, sèche, meurt d’amour.
Neptune en eut pitié. Ça, lui dit-il un jour,
La sirène est à toi ; je l’accorde à ta flamme.
L’hymen se fait ; il est au comble de ses vœux ;
Mais dès le lendemain le pauvre malheureux
Trouve un monstre au lieu d’une femme.
Pauvre homme ! Autant l’avaient travaillé ses transports,
Autant le dégoût le travaille.
Le désirant ne vit que la tête et le corps ;
Le jouissant ne vit que la queue et l’écaille.